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Une nuit parfumée à la poudre de riz… tout peut arriver !

> 31 décembre 2023

Une nuit parfumée à la poudre de riz… tout peut arriver !

« Guimauve », c’est ainsi que l’on nomme, dans le sud des Etats-Unis, des personnes qui ne s’en font pas.1 Des gens plutôt placides, doux, un tantinet fainéants, qui aiment à trainer sur le pas de leur porte, en quête d’un ami qui passerait par là. Des bons vivants, qui voient le bon côté des choses. Des êtres simples, attachants, qui se mettent sur le bord de la route pour voir passer tous les dandys du coin !

Jim Powell, une « Guimauve » à 99,9 %

Jim Powell est « une pure Guimauve authentique grand teint, une Guimauve à 99,9 % » ! Ne croyez pas pour autant que Jim possède les formes arrondies associées à cette confiserie pleine de douceur, le jeune homme en question étant des plus anguleux ! Un pilier de salle de billard, le dos cassé, à force de se pencher sur les tables ! Un pilier de salle de billard, qui travaille, de temps à autre, dans un garage, afin de subvenir à ses besoins élémentaires.

Sally, Marjorie, Marylyn, Harriet et les autres, des cœurs de guimauve à 100 %

Les filles invitées à la soirée où Jim est traîné par son ami Clark sont cosmétiquées à ravir. Dans le « salon de toilette » qui jouxte la salle de bal, toutes ces demoiselles se remaquillent avant de paraitre en pleine lumière. « Bouclées, brillantinées, délicatement colorées par les lumières », les jeunes filles en question ressemblent à s’y méprendre à des « figurines de Dresde », aux « teintes roses, bleues, rouges, dorées, peintes de frais et pas tout à fait sèches encore. »

Nancy Lamar, en jaune et noir !

Nancy Lamar se distingue dans ce groupe de jeunes filles aux allures de figurines-météo, ces figurines qui, selon le degré d’hygrométrie, virent du rose au bleu ou inversement.

Nancy apparait dans une somptueuse robe d’organdi jaune. « Elle irradiait le noir et l’or autour d’elle en une sorte de phosphorescence. »

Ogden Merritt, un peu rasoir

Ogden est fou amoureux de Nancy. Son avantage : un héritage à venir. « C’est son vieux qui fait les rasoirs Merritt. »

Jim aussi est fou amoureux de Nancy. Son avantage : un tempérament de « Guimauve » ! En revanche, côté sécurité pécuniaire… zéro, la bulle. Son père est mort depuis longtemps, laissant son fils se débrouiller comme il peut.

Jim se désole… Et dire qu’Ogden va épouser Nancy pour la seule et mauvaise raison que son père produit « de meilleurs rasoirs que son voisin » ! C’est un peu fort, même pour une « Guimauve » !

Et une nuit qui sent la poudre de riz

C’est une « nuit au parfum de jasmin » que Jim, entraîné par son ami Clark, est tombé sous le charme de Nancy. La nuit était brûlante, toute embaumée par « l’odeur chaude des houppettes à poudre glissées au creux des décolletés profonds » ! Des « effluves troublants » qui perturbent profondément le calme et pondéré Jim !

Et une houppette à poudre de riz complètement détruite

Nancy a marché sur un chewing-gum. Elle demande donc conseil à Jim : « Savez-vous comment on peut le détacher ? demanda-t-elle avec irritation. J’ai essayé au couteau, j’ai essayé avec tout ce que j’ai pu trouver dans le cabinet de toilette. J’ai essayé le savon et l’eau, même le parfum, et j’ai fichu ma houppette en l’air en tâchant de le décoller. » Rien n’y fait. Jim, en bon garagiste, propose d’utiliser de l’essence pour décoller ce fichu chewing-gum !

Guimauve, en bref

Chez Fitzgerald, ce n’est pas forcément celui qui arrive à décoller le chewing-gum du soulier de Cendrillon qui repart en carrosse avec celle-ci à la fin de la soirée. La nonchalance, la bonhomie, l’émollience ne viennent jamais à bout d’un héritier argenté et ce d’autant plus que la prétendante s’est soûlée au whisky durant toute la soirée. Au matin, Jim se retrouve seul dans sa vieille voiture. Pour un peu ce serait lui qui roulerait dans une citrouille…

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour.

Bibliographie

1 Fitzgerald F.S., Un diamant gros comme le Ritz et 26 autres nouvelles ; Eds France Loisirs, 2011, 772 pages

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