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Un parfum d’amour fou, c’est Marcel qui régale !

> 25 février 2024

Un parfum d’amour fou, c’est Marcel qui régale !

La fin de la jalousie est une petite nouvelle de Marcel Proust qui traite… de jalousie !1 Pas de suspense, donc ! Mais une histoire oppressante et parfumée, où les sentiments sont exacerbés comme les parfums végétaux après une pluie d’orage. La météo n’est pas au beau fixe pour qui souffre du sentiment de jalousie ! C’est Proust qui le démontre !

Un parfum d’amour fou

Honoré de Tenvres est amoureux fou de Françoise Seaune. Tous deux entretiennent une liaison secrète. Lorsque les deux amants se retrouvent dans un dîner mondain, seul un parfumeur est capable de sentir le lien d’amour, qui unit ces deux personnes. Cet amour produit un parfum de tendresse, qui exhale de la peau-même des deux amoureux. Ce parfum, qui embaume l’air, est tour à tour violent et délicieusement doux. Ce parfum d’amour ne se commande pas. Il suinte littéralement des épidermes d’Honoré et de Françoise, tout comme se révèle le parfum de « l’héliotrope au soleil » ou celui du « lilas en fleurs », « sous la pluie ».

Un parfum d’infidélité

Honoré ne supporte pas l’idée d’être trompé. Il supporte également très mal l’idée de tromper sa bien-aimée, d’où une prière constante à ses lèvres « Mon Dieu ! Mon Dieu ! Faites-moi la grâce de l’aimer toujours. ». Les amours immortelles, ce n’est pourtant pas vraiment pour ce séducteur impénitent, qui butine de-ci de-là, depuis des années. Ce jouisseur aime à se repaître d’une bonne digestion, d’une bonne « ablution » (« la peau qui jouit d’une ablution récente et d’un linge fin »), d’une bonne vision (« l’œil qui se repaît d’épaules nues et de lumières »)…

Un parfum balsamique

Chaque entrevue avec Françoise plonge Honoré dans un « baume » émollient. Le parfum de la belle, logé dans les replis de l’âme d’Honoré, constitue une « odorante provision » de bonheur pour les jours suivants !

Un parfum de drame

Un accident de la circulation coûte ses deux jambes à Honoré… Handicapé, revenu à l’état de petit enfant, il se laisse mourir ! Sa jalousie lui vrille le cerveau et gangrène tous ses tissus, au point de le conduire au tombeau.

La fin de la jalousie, en bref

La fin de la jalousie commence lorsque tout prend fin. Aux portes de la mort, Honoré s’est fait une raison. Désormais, c’est d’un amour divin, purifié qu’Honoré contemple Françoise avant de fermer définitivement les yeux !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour.

Bibliographie

1 Proust M., La fin de la jalousie, folio, Gallimard, 2008, 107 pages

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