> 24 février 2024
Et dire que M. Roger Dange a confié sa femme à l’une de ses amies, avant de partir pour le Mexique, pour une tournée de concerts… A son retour, Florence est décédée, morte dans un accident de voiture.1 Celle qui s’enfuyait avec son amant a disparu subitement !
Irène Némirovsky y revient souvent dans son œuvre… L’un des gestes les plus fréquents de ses héroïnes consiste au poudrage de l’épiderme. Florence est comme les autres. Son mari se souvient avec émotion « lorsqu’elle poudrait la naissance de sa gorge et son cou ».
Florence aimait que l’on prenne soin d’elle. Lorsqu’elle rentrait chez elle, les domestiques devaient avoir tout préparé. « Elle aimait que tout fût prêt pour elle : le feu, le bain, les fleurs… » !
Celle qui tire les ficelles… Depuis toute petite, Camille Cousin est aux cotés de Florence. Alors que pour sa part, elle est laide, Camille a décidé de modeler, selon ses souhaits, la belle Florence et de vivre à travers cette dernière. C’est elle qui l’a instruite, a modifié son physique et l’a présenté à Roger Dange. C’est elle qui rédige ses courriers, met en scène la jeune femme dont elle vampirise la vie.
Lorsque Roger Dange reçoit les confidences de Camille, il ne veut pas y croire. Pourtant, lorsque Camille récite à Roger la dernière lettre qui lui a été envoyée (« Voulez-vous que je récite la lettre que vous portez sur votre cœur ? »), celle qui commence par : « Cette nuit j’ai rêvé à vous », celle qui parle de Monteverdi […] »), plus aucun doute n’est permis.
Lorsqu’une femme laide, mais intelligente, décide de faire la fortune d’une femme belle, mais idiote… il y a de la poudre aux yeux, lancée dans toutes les directions ! De la poudre de riz, pour améliorer le teint, de la poudre aux yeux pour tromper les hommes candides !
Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour.
1 Némirovsky I., La confidente in Dimanche et autres nouvelles, Stock, 2005, 371 pages