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Un été à St Loo avec Hercule Poirot !

> 26 juin 2021

Un été à St Loo avec Hercule Poirot !

Un été dans la station balnéaire de St Loo et un défi est lancé à Hercule Poirot et à son fidèle Hastings : mettre la main sur celui ou celle qui en veut à la vie de miss Nick Buckley.1 Tout commence par un trou dans un chapeau. C’est une balle qui vient de manquer sa cible... Cette cible, aux « cheveux bruns » et aux « grands yeux bleus », a déjà échappé à plusieurs accidents fort curieux. Pas de farniente en perspective, mais une enquête difficile, qui va secouer les petites cellules grises d’un détective qui se voyait pourtant bien à la retraite.

Entre gorge blanche et visage de madone, entre visage poudré et épaules immaculées, Hercule Poirot se fait balader en beauté !

Hercule Poirot, une retraite à se « prélasser au soleil »

Hercule Poirot, tête en poire et yeux de chat (des yeux, dans lesquels il n’est pas rare de voir s’illuminer une « petite lueur verte » lorsque la solution de l’énigme n’est pas loin), accent anglais à revoir (son anglais est « bancal » !), est bien décidé à se « prélasser au soleil ». « Connaissez-vous rien de plus agréable ?» En réalité, il faut prendre cette expression avec des pincettes, tant Hercule Poirot est soucieux de sa santé ; pas de risque de le voir s’exposer inconsidérément au soleil !2 Pour tout vous dire, Hercule n’a visiblement plus envie de pourchasser les méchants. Une retraite paisible, qui s’écoulerait entre « culture des cucurbitacées » (en automne), compétition de châteaux de cartes (en toutes saisons) et vacances paisibles au soleil, voilà le nouveau programme... « Mais même en cultivant son jardin, il est impossible d’échapper aux crimes. » Même en s’installant dans un luxueux hôtel, Le Majestic, situé en bordure de mer, on n’est pas à l’abri de croiser une victime, flanquée de son assassin.

Il fait chaud à St Loo ! Hercule Poirot transpire (« Je suis en nage ! Ma moustache en est toute ramollie... »), se fait mener en bateau par un assassin de grande envergure ; il perd ses moyens... se souvient d’un échec cuisant, subi en Belgique, en 1893. Il y avait eu une « histoire de boite de chocolat »... et là, avec Nick... cela recommence ; une boite de chocolats empoisonnés à la cocaïne est livrée de sa part à une victime qui n’arrive pas à mourir. En réaction, piqué au vif, Hercule Poirot se met à fouiller dans les tiroirs de lingerie... Geste désapprouvé, bien sûr, par un Hastings, plus pudibond que jamais. Hercule s’énerve : « Aujourd’hui les jeunes femmes n’ont plus honte de montrer leurs dessous. Parler chemises ou petites culottes n’offense plus leur pudeur ! Vous les voyez sur la plage, ôter leurs vêtements à quelques pas de vous ! Et après tout, pourquoi pas ? »

Freddie Rice, une madone diaphane

Frederica (Freddie pour les intimes) Rice, l’amie de Nick, est une « madone diaphane » ; son « teint d’une pâleur impressionnante » témoigne de son aversion pour les séances de bronzette sur la plage. Cette femme extrêmement séduisante n’a pas vraiment eu de chance dans la vie. Mariée à une brute, séparée, Freddie aimerait bien couler des jours paisibles auprès de Jim Lazarus, un homme élégant et raffiné.

Nick Buckley, un décolleté lactescent

Magdala (Nick pour les intimes) Buckley connaît toutes les astuces pour mettre son teint en valeur. « La blancheur immaculée de son cou et de ses épaules » fait sensation dans toutes les soirées où elle se comporte en reine. Un nuage de poudre sur le visage, une touche de rouge à lèvres ... voilà Nick en beauté. Un maquillage discret mais efficace qui ne convient pas à tout le monde. Le cousin Charles a beau être amoureux, il désapprouve l’attitude cosmétique (et pas que) de celle qui se refuse, pour l’instant, à être sa fiancée. « [...] il est choqué que je boive des cocktails et que je me maquille, il n’aime ni mes amis ni nos conversations. » Mais qu’aime-t-il alors ?

Maggie Buckley, fraiche comme la rosée et ennuyeuse comme la pluie

Il ne faut surtout pas confondre Maggie et Nick Buckley, les deux cousines. Tout les oppose. Maggie, une jeune fille simple et fraiche comme la rosée, est jugée, par Nick, « ennuyeuse comme la pluie » et « pas coquette pour deux sous ». « Pas du tout maquillée », portant une robe noire des plus strictes, Maggie est la sobriété même.

Des soucis de symétrie

Notre cher vieil Hercule Poirot est un obsédé de la symétrie. Un rien le choque. La raie qui sépare les cheveux d’Hastings est sur le côté... quelle horreur ! « Cette raie sur le côté est affreuse ! Si seulement vous voulez bien faire la raie au milieu ! » Et que dire de la moustache ? Nick porte la raie sur le côté (Pouah !) ; Freddie la porte au milieu (Ah tout de même un peu de bon sens !).

La maison du péril, en bref

Cette enquête est difficile. Hercule Poirot sent bien qu’il a, cette fois-ci, un adversaire de taille. Avec Hastings, quelques nuits d’insomnie sont à prévoir (Hastings, au petit matin : : « Je crois que je ne ferais pas mal de prendre un bon bain et de me raser... ») Vraiment, il parait difficile d’arriver à tuer Nick !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustrattion du jour !

Bibliographie

1 Christie A., La maison du péril, Librairie des Champs-Elysées, Paris, 220 pages

2 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/hercule-poirot-une-attitude-au-soleil-jugee-vieux-jeu-1639/

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