> 07 août 2023
Chez Sélestin, le coiffeur de Julien,1 la conversation va bon train… La langue fonctionne mieux et plus vite que les ciseaux à en croire Milien, qui est là « à espéré son tour » !
Pour Julien, Sélestin est « une asse » ! Etonnant, dans ces conditions, que les instances du métier ne l’aient jamais reconnu à sa juste valeur. Il mériterait, semble-t-il, un certificat comme quoi c’est le « championt des coifeure ».
Pas si vite, dit Milien, qui déclare que « s’est pas le tout d’être une asse. Fot savoire touzé les cheveut à la mode » !
« Mortifié », Sélestin joue les fiers à bras : « S’est core pas de main que les gamins vont me doné des lesson, tout championt qui sont, à moi qu’a eut mon diplomme en 97 ! Tout probabe que tes championt saurait seulemant pas touzé les cheveut à l’ecuèlle come sa se faisait dans ce tant la. »
A l’écuelle, au bol, les champions de coiffure de 1956 (date de parution du recueil) ne le savent certainement pas. En revanche, Milien met le doigt où ça fait mal, en susurrant d’un air candide : « Je me demande si tu saurait touzé les cheveut avec un rasoir come s’est la mode, asteure ? »
Pari engagé… Tournée générale à la Croix-Verte si Sélestin arrive à faire une coupe correcte au client amené par Milien… « Amène moi un client, que lui dit l’aute, et je le touze toussuite ! »
Et voilà Milien qui part chercher Nénesse Batart, « qu’est poilu come une euffe » !
Allez-donc faire une coupe au rasoir à un champion de la calvitie !
Sélestin a perdu son pari. Il en a bien ri et, de verre en verre, Julien est revenu à la maison avec comme qui dirait… un cheveu sur la langue !
1 Bouyer H., Le champion de coiffure in Julien et Valentine, Cinquième album, Imprimerie Lussaud frères, Fontenay-le-Comte, 1956