> 31 juillet 2023
Le père Tabarit marie sa fille.1 Excellente nouvelle, pensera-t-on ! Mais pas du tout… nous disent Julien et Valentine, consternés. Il faut dire, pour bien comprendre la situation, que le père Tabarit est leur propriétaire. Dans ces conditions, il n’y a plus qu’à déménager… à la Cité radieuse à Nantes, peut-être, afin de laisser la place au jeune ménage.2
Pas question, dit Valentine, en observant l’immeuble construit par le « canbuzié » ! « Dout Jésu ! qu’alle a fait la patronne ! S’est-y permit d’allé mette les crétien dans des boite comme sa ! » « Les crétien », que lui répond Julien, « sa pourrait core allé… Mais s’est tes vache qui serait pas à la fête la dedant, elle qui sont pas à l’abitude des encenseure ! »
Visiblement, la Cité radieuse du Corbusier ne plaît pas vraiment à Valentine, qui n’aime pas trop changer ses habitudes.
Mais, comme Valentine n’est pas née de la dernière pluie, voilà qu’une petite et bonne idée lui germe dans la tête, une certaine nuit d’insomnie.
Il suffit de vanter à la « fille à Tabarit », les logements de la Cité radieuse… « Tu verrait, ma fille come s’est beaut la dedan, avec des pinturlure tout partout, une belle souillarde à la mode et des cabinne de bin éou qu’on peut lavé ses piés à l’eau chaude. Ah ! s’est pas come la failli barac au père Tabarit. »
La « sapré matine » (Valentine !) a compris comment il fallait prendre la fille Tabarit. Pas de risque qu’elle ne veuille les déloger, eux qui se débarbouillent à la pompe et sont loin de disposer d’une salle de bain !
Et ça marche et ça marche même très bien. Le père Tabarit en vient même à proposer des « réparassion » et resigne, dans la foulée, un nouveau bail pour 9 ans !
1 Bouyer H., La crise du logement in Julien et Valentine, Cinquième album, Imprimerie Lussaud frères, Fontenay-le-Comte, 1956
2 https://www.maisonradieuse.org/
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