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Lorsqu’Alice joue les mannequins…

> 04 mars 2021

Lorsqu’Alice joue les mannequins…

Dans les années 1980, Alice demeure une héroïne aussi parfaite. Alors qu’elle est en vacances chez sa tante Cécile, survient une catastrophe ; le mannequin-vedette du défilé de mode organisé dans le cadre d’une action de bienfaisance, Jacqueline Henri, disparait sans crier gare. Pour sauver la situation, Alice se glisse dans la peau de Jacqueline et remporte un vif succès lors d’un défilé mémorable.1 Il sera par la suite questions de vêtements volés, de modèles de mode copiés par la concurrence... Tout cela n’est pas très clair... heureusement le flair infaillible d’Alice fonctionne une fois de plus à merveille. Et comme d’habitude : tout sera bien et finira bien.

Des mannequins minces comme des fils

La « fabuleuse » Jacqueline Henri est « mince comme un fil », comme d’ailleurs tout mannequin qui se respecte, à l’époque. De « superbes cheveux noirs » et des « yeux violets » sont sa marque de fabrique.

Une Alice qui joue les mannequins

Bien qu’étant un peu plus forte que Jacqueline, Alice se voit proposer de la remplacer au pied levé. Des plis à la taille sont masqués par un gros ruban par le génial couturier Reese, qui ne se laisse pas abattre pour si peu ; la fermeture-éclair sera tirée de force ! Heureusement, ça passe. Rien ne craque. Un maquillage adéquat vient donner l’illusion d’une professionnelle aguerrie. Pour le trio d’enquêtrices (Alice et les cousines Bess et Marion) des « traces de maquillage sur un décolleté ivoire » constituent un bon moyen de laisser l’équivalent des cailloux du petit Poucet.

Une Bess qui se rêve mannequin

Bess est tout excitée, lorsqu’elle rencontre Jacqueline (celle-ci semble disparaitre et réapparaitre à volonté !) ; elle l’interroge même sur ses secrets de beauté et lui extorque l’adresse de son coiffeur-maquilleur. Dans ce salon de beauté, l’on vous relooke de la tête aux pieds. Les jolis cheveux blonds de Bess sont ainsi travaillés, afin de lui dégringoler sur les épaules, sous la forme d’une « montagne de bouclettes ». Les yeux jugés « bizarres » par Marion sont désormais munis de « faux-cils d’environ deux centimètres de long ». Pas vraiment habituel pour une jeune fille habituée à plus de simplicité. L’un des faux-cil s’est détaché ; Bess l’a recollé, comme elle a pu, « au milieu de la paupière » (« Bess s’approcha d’une glace dans la salle de séjour. Elle remarqua aussitôt ses cils de guingois. Embarrassée, elle se hâta de les ajuster, mais ils tombèrent. Elle se retrouva donc avec un seul postiche. »). Le coiffeur de Jacqueline est considéré comme un « excellent maquilleur » ; il s’est visiblement lâché sur le visage de la pauvre Bess. Eclats de rire de la part de Marion qui n’en manque pas une pour brocarder sa victime préférée (« Il faut que je prenne une photo de toi. Elle plaira sûrement à ton cher ami Daniel. »)

Après le coiffeur-maquilleur, Bess se rend dans le magasin de prêt à porter fétiche de Jacqueline (67e Rue Est). Alice, perfide, s’interroge « Riant sous cape, la jeune détective se demanda si les articles du magasin de mode seraient aussi bizarres que le maquillage dont on avait affublé Bess. » Excentriques c’est sûr, difficiles à enfiler, c’est encore plus sûr. Les tailles sont minimalistes et Bess, à la beauté épanouie, se morfond : « Il faut être squelettique pour entrer dans ce pantalon ». « Ce qui n’est pas ton cas », lui décoche une Marion taquine. Elle arrive pourtant à se glisser dans une combinaison de parachutiste, jugée « sensationnelle ». Seul le prix exorbitant (425 dollars) fait redescendre sur terre celle qui s’était crue, pour un instant du moins, déchargée du poids de la gravité.

Alice chez le grand couturier, en bref

Dans ce petit roman sympathique, il est question de « stayak » (un mot que nous traduirons par « cintre, portant, tringle »...) à longueur de pages, de « longs ongles vernis », de « coupe de cheveux sculptée très à la mode », de « dents aussi blanches » qu’un « fourreau blanc » ; les mallettes de maquillage sont pleines à craquer et... Bess avec. La jeune fille, si naturelle d’habitude, ne jure plus que par maquillage excentrique et tenue provocante.

Enfermée dans un placard, Bess finit pourtant par bénir la nature qui lui a donné quelques kilos en trop et la capacité d’enfoncer une porte sans trop d’effort. De retour à River City, Bess ne manquera pas revenir à un peu plus de simplicité et à retrouver son look de jeune fille pleine de spontanéité.

Alice chez le grand couturier, c’est une belle immersion dans le monde de la mode des années 1980 ; avec Alice tout roule bien sûr sur des chapeaux de roues !

Bibliographie

1 Quine C. Alice chez le grand couturier, bibliothèque verte,1981, 189 pages

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