> 21 janvier 2021
Alice et les contrebandiers est un roman qui date de 1937,1,2 donc d’une époque où les femmes se poudraient et se repoudraient à volonté. La célèbre héroïne qui est présentée ici comme une championne de golf (une corde de plus à un arc déjà bien cordé !) est chargée par son père, l’avoué James Roy, de traquer une bande de malfaiteurs, spécialisés dans les vols de bijoux. L’une des comparses se reconnaît à la minaudière (un petit sac renfermant un nécessaire de maquillage),3 qu’elle arbore en permanence. Il va donc falloir pour la jeune enquêtrice aux boucles blondes et au « teint clair » se glisser dans les « poudroirs » des grands hôtels, afin de tenter de mettre la main sur l’intrigante.
Celle-ci est le fait d’un certain Mortimer Bartescol. Individu pédant, aux « cheveux noirs laqués », Mortimer se croit irrésistible et colle au peloton du trio Alice - Bess - Marion. Un peu trop collant même, de l’avis d’Alice, dont le cœur ne bat que pour un jeune étudiant, prénommé Ned ! Pour échapper à Mortimer, Alice recule un peu trop et tombe dans un massif de fleurs. Résultat : un poignet en capilotade. Un bain dans de l‘eau salée ne parvient pas à traiter le problème. Endolorie au niveau du dos également, Alice est soumise à un « massage général ». C’est Marion qui joue les masseuses, avec un flacon de liniment à l’odeur « horrible ». La jeune fille, qui est encouragée à user et même à abuser du médicament topique (« Vas-y Marion, n’économise pas le liniment. Il sera plus efficace que tes mains. »), est, malheureusement, très maladroite. Le flacon, dont le contenu huileux semble très agressif (« Il a creusé un trou dans le tapis »), se répand sur les cheveux d’Alice. Le liniment « brûle le cuir chevelu » de notre héroïne, qui réclame de l’eau et un shampooing à grands cris (« Enlevez cet horrible liquide avant que je sois chauve. »). Bess et Marion courent en tous sens et arrivent, à force de malaxer les belles boucles blondes, à sauver le capillaire de leur amie.
Une femme élégante, qui porte toujours sur elle « une minaudière en or rehaussée de diamants et autres pierres précieuses. »
Si le dictionnaire ignore ce mot de « poudroir », la traductrice de l’ouvrage, Anna Joba, quant à elle, n’hésite pas à l’employer à volonté. Et voilà Alice, dans les grands hôtels de Crest Hill, à traquer les belles touristes. Alice tente de repérer la femme à la minaudière, dans l’espace où « les femmes se recoiffent et se repoudrent » (au poudroir, quoi !). Alice observe et détaille l’aspect des poudriers et minaudières, rencontrés et finit par mettre la main sur une jeune fille, au regard triste et à la minaudière ornée de brillants (du toc parait-il). Margaret Judson, c’est son nom, a tout perdu durant l’incendie de sa maison. Depuis, elle erre, sans but, dans la région, ayant rompu ses fiançailles avec un jeune professeur plein d’avenir. Un vrai mystère !
Une glissade qui fait avancer l’enquête, puisqu’un coffret rempli de bijoux et d’une « minaudière de toute beauté » est ainsi retrouvé fiché dans la vase.
Une fois de plus, Alice va faire montre de tout son talent. Elle remporte, bien sûr, un tournoi de golf (avec un poignet foulé et très douloureux), elle met la main sur la voleuse à la minaudière (une certaine Mme Brownell), réunit des fiancés séparés par un destin cruel (Margaret et Norbert) et trouve même le temps d’être joli comme un cœur, un nuage de poudre sur le bout du nez (l’écrivain ne le dit pas… mais on peut le supposer).
1 Quine C. Alice et les contrebandiers, bibliothèque verte, Hachette, 1979, 182 pages
2 https://fr.wikipedia.org/wiki/Alice_et_les_Contrebandiers
3 https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/Minaudi%C3%A8re/51540
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