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Le mariage, chez Zola, une histoire de parfums !

> 11 février 2024

Le mariage, chez Zola, une histoire de parfums !

Comment on se marie,1 en 1876 ? Emile Zola nous donne la réponse à cette question, dans un court texte, qui présente le mariage, étage par étage, selon la classe sociale. Pour les uns, cela sent l’encens et les bonnes intentions, pour les autres l’argent durement gagné, économisé. Dans tous les cas, cela finit en fiasco, chaque époux tournant le dos à son conjoint, au bout de quelques mois ou bien vivant côte à côte, comme deux associés ou bien encore se battant copieusement comme des chiffonniers.

Chez les nobles, un parfum d’encens

Le comte Maxime de La Roche-Mablon, 32 ans, se marie par devoir, en suivant les conseils de sa tante, la baronne de Bussière. La promise, Henriette de Salneuve, est âgée de 19 ans. Les futurs époux se rencontrent environ 5 fois avant que le marché ne soit conclu ! La jeune fille a tout pour plaire : « Elle est vraiment fort bien, blanche de peau, la taille ronde […] ». Elle aime la musique et « déteste l’odeur du musc » ! Voilà le portrait de la jeune fille que va épouser Maxime, dans une « église privée », où règne un « parfum de piété supérieure », mêlée aux « odeurs d’encens ». Tout semble aller à merveille !

Chez les bourgeois, un parfum de dote

Jules Beaugrand, 30 ans, avoué de talent modéré, se voit proposer en mariage, la fille d’un « manufacturier », bien dotée, Marguerite Desvignes. Trois mois de discussion acharnée entre les pères et l’affaire est dans le sac. La demoiselle, richement pourvue, est, malheureusement, fort laide, « noire comme une jeune taupe » ! Bossue, en plus… mais très facile à vivre, spirituelle, intelligente. Un mariage, à Paris, dans l’église de la Madeleine.

Chez les commerçants sobres, un parfum d’économie

Louise Bodin (mercière) et Alexandre Meunier (horloger) ont la trentaine. Tous deux ont été élevés dans la plus stricte économie. Une messe basse, dans le but de réduire les dépenses, scelle l’union des deux tourtereaux, qui se sont choisis en raison de leur attrait commun pour le travail.

Chez les artisans, un parfum alcoolisé

Valentin, un menuisier de 25 ans, aux cheveux « crépus » et aux « bras forts » et « blancs comme ceux d’une femme », a eu déjà bien des aventures (avec Nana, Augustine, Adèle et tant d’autres), avant de croiser la route de Clémence, une « fleuriste de 16 ans dont les beaux cheveux blonds lui semblent un soleil allumé dans la salle », qui, elle-même, a déjà eu un premier fiancé. Désormais, Clémence est la prudence même… elle ne se livrera qu’avec la bénédiction de… M. le maire ! Pas de service à l’église, « le mariage à la mairie » étant « le seul bon » !

Comment on se marie, en bref

Chez Emile Zola, les mariages finissent mal, en général. Que l’on soit noble, bourgeois, commerçant ou artisan, rares sont les couples qui fondent leur foyer sur un roc d’amour. Une association d’intérêt… voilà le ressort de ces mariages, qui ressemblent fort à des associations. Rapidement, les époux des classes aisées s’ignorent royalement, pendant que les époux des classes inférieures, se tapent dessus, dans une ambiance avinée. Et puis forcément, il y a des frustrations à la pelle !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour.

Bibliographie

1 Zola E., Comment on se marie, Flammarion, 2012, 86 pages

 

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