> 10 février 2024
L’incendie, une courte nouvelle d’Irène Némirovsky,1 nous entraîne en province, à la suite d’une femme d’affaire hors pair, qui manie aussi bien la baratte à beurre que le pinceau du flacon de vernis à ongles. Amusant !
« Mme Georges était petite et d’aspect délicat, vêtue et parfumée comme une dame. » Ses parents, des marchands de bestiaux, lui ont donné une éducation soignée. Mme Georges est donc une grande lectrice qui s’intéresse aux arts.
Une maîtresse femme, cette Mme Georges, qui est « extrêmement habile à tous les travaux de la campagne », fait son beurre, après avoir orné ses ongles d’un vernis rouge sang.
Mme Georges s’y connaît pour faire de bonnes affaires en matière d’immobilier. Les « joues délicatement peintes », elle sillonne la région où elle s’est retirée pour acheter des terres et des propriétés.
Mme Georges désire racheter un petit château voisin, loué à un peintre. Celui-ci va donc devenir son locataire. Un locataire charmant, dont la maison embaume une « odeur à peine perceptible de musc ». Ce parfum semble accroché particulièrement aux tentures qui ornent la demeure.
Il n’y a pas que le travail dans la vie, semble découvrir Julie Georges, une fois l’heure de la retraite sonnée. Cette femme, qui fait son beurre dans toute l’acception du terme, retrouve un sursaut de féminité, lorsqu’elle croise la route d’un peintre, isolé dans sa tour d’ivoire. Une histoire qui finit mal… forcément ! Une histoire qui finit en eau de boudin, pour cette bouchère un peu trop cosmétiquée !
Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour.
1 Némirovsky I., L’incendie in Dimanche et autres nouvelles, Stock, 2005, 371 pages