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Un parfum de luxe incandescent pour réchauffer l’atmosphère !

> 20 janvier 2024

Un parfum de luxe incandescent pour réchauffer l’atmosphère !

Pas de bol… pour cette famille de réfugiés politique qui fuie la révolution russe et se retrouve au cœur de la révolution finlandaise.1

Une jeune fille de 15 ans, Irène, se retrouve ainsi propulsée dans un chalet en bois qui sent la résine, au milieu d’un tas d’autres familles dans la même situation. L’enfant, sauvage par nature, souffre alors de solitude et se réfugie dans une datcha abandonnée pour passer le temps.

La datcha isolée, une odeur d’abandon

Cette datcha a, visiblement, été abandonnée en toute hâte. Tout semble figé dans le temps, comme si les occupants allaient revenir d’un instant à l’autre. Irène, après bien des hésitations, se décide à pénétrer dans la chambre et découvre un lit défait et une table, sur laquelle sont posés « un miroir en forme de cœur, des boîtes de fards et des flacons de parfum. »

Des portraits, celui d’un officier de l’armée russe et celui d’une jeune femme « douce et gaie », constituent, avec un paquet de lettres retrouvées sur place, les seuls éléments permettant à Irène d’en savoir un peu plus.

La datcha isolée, un parfum d’offrandes

C’est dans cette datcha qu’Irène vient désormais se réfugier ; la bibliothèque est bien fournie et l’ambiance particulière plonge la jeune fille dans un vrai roman. En offrandes, point de fleurs ! Impossible d’en trouver sur cette terre gelée. En revanche, du parfum qu’Irène chipe à sa mère. « Ma mère avait un flacon de parfum de Paris ; l’odeur était délicieuse. » Sur un joli mouchoir « de linon » très fin, Irène dépose des gouttes de parfum. Pas qu’un peu, beaucoup… « Trop, sans doute » ! Afin de réchauffer la température du lieu (impossible d’allumer un feu), elle n’a trouvé que ce moyen cosmétique. « Ce parfum chaleureux et grisant » se mit, en effet, à parfaitement faire office d’un bon feu crépitant.

La datcha isolée, une odeur de revenants

Lorsqu’Irène retourne quelques jours plus tard dans la datcha isolée, les choses ont changé. Il y a comme une présence étrangère dans ce lieu. « Quelqu’un avait froissé dans ses mains le léger tissu ; quelqu’un avait respiré son parfum. » Des revenants ? Le bel officier ? Sa jolie maîtresse ? Non, plus simplement la fille de l’auberge, prénommée Aïno !

La datcha isolée, un parfum de violence

Le bel officier et sa maîtresse ont été assassinés dans cette datcha. Hjalmar, l’amant d’Aïno, aussi !

Aïno, en bref

A 15 ans, Irène est plongée dans un univers de roman. Un chalet isolé, une ambiance lugubre, un parfum de luxe… le décor est planté. Il n’y a plus qu’à s’installer à un bureau pour rédiger une nouvelle qui place le parfum parmi les produits indispensables, permettant de se réchauffer le cœur et le corps, lorsque l’on se retrouve, bien malgré soi, plongé au sein d’une atmosphère glacée !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour.

Bibliographie

1 Némirovsky I., Aïno in Dimanche et autres nouvelles, Stock, 2005, 371 pages

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