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La poudre de riz, le cosmétique qui choque la bourgeoisie d’Irène Némirovsky

> 09 septembre 2023

La poudre de riz, le cosmétique qui choque la bourgeoisie d’Irène Némirovsky

La comédie bourgeoise d’Irène Némirovsky est une courte nouvelle qui fait la peau d’une bourgeoisie accrochée aux apparences.1 Dans un charmant village français, on fait ainsi la connaissance d’une famille paisible. Une jolie maison, des bouquets de « monnaie du pape » en décoration. Sous le vernis, ça craque un peu…

Une mère toute en rondeurs, poudrée avec décence

La mère de famille, Jeanne, est une femme toute en rondeurs, qui porte ses « cheveux peignés à l’ancienne mode, les joues pleines, lisses, sans poudre. »

Une fille toute en retenue, poudrée en cachette

La fille, Madeleine, « aux traits purs ». Une jeune fille, simple et coquette qui, avant d’aller dîner chez son oncle et sa tante, ouvre un tiroir secret ; elle « en sort hâtivement une boîte de poudre de riz, passe la houppette sur son nez. Mi-« malicieuse », mi-« effrayée », Madeleine se dépêche de faire disparaître « les grains de poudre demeurés dans les plis de sa robe. » Surtout ne pas laisser penser qu’elle s’est maquillée.

Et puis, « une goutte d’eau de Cologne » déposée sur un mouchoir… cela fait partie des choses autorisées !

Dès ses fiançailles, Madeleine apprend que la fidélité n’est pas la qualité première de celui à qui elle est destinée. Et, de fait, durant toute sa vie, Madeleine devra s’accommoder des aventures d’un mari volage ! Une situation qui agit sur son teint. Un teint « fané », dès ses 25 ans ; un visage trop tôt ridé !

Un père qui jette de la poudre aux yeux

Gustave est aux petits soins pour sa femme et sa fille. Pour lui, l’essentiel est dans la sauvegarde des apparences. La respectabilité ne se vit pas… elle se joue !

Henri, un fiancé, puis un mari au lourd passé !

Il s’agit d’un « jeune homme brun, de taille moyenne, assez gras » (une digestion difficile l’oblige à consommer des pastilles de Vichy !), à l’air timide. Un jeune homme, qui peut sembler bien sous tous rapports, qui est présenté à Madeleine, en vue du mariage.

Juste un détail à préciser : en se mariant, Bertrand abandonne une maîtresse entretenue depuis 3 ans, une maîtresse dont il a un enfant, un petit garçon !

La comédie bourgeoise, en bref

Dans la bourgeoisie d’Irène Némirovsky, il est jugé plus choquant pour une jeune fille de porter de la poudre de riz, que pour un jeune homme d’abandonner une femme et son enfant. La femme doit être soumise aux caprices de son époux. Une vie dévouée, sans l’ombre d’une poudre de teint pour faire bonne figure !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour l'illustration du jour.

Bibliographie

1 Némirovsky I., La comédie bourgeoise, Folio, Denoël, 119 pages

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