> 15 juin 2023
Un pigeon voyageur qui vient s’abattre dans le jardin de Melle Alice Roy à River City… Le pigeon en question est blessé à la patte. Il s’agit donc de le soigner ! Voici comment débute le roman de Caroline Quine intitulé Alice et le pigeon voyageur.1 Ce pigeon est, bien évidemment, porteur d’un message : « Gros ennuis. Les chevaux du roi remplacent Guillaume et Guillaumette » ! Difficile d’y voir clair dans ce message extrêmement opaque. Et pourtant, en faisant fonctionner ses petites cellules grises à plein régime, Alice réussit à élucider cette énigme (il s’agit tout simplement d’un mot de passe qui permet d’entrer dans une étrange maison de retraite au sein de laquelle les pensionnaires ont bien l’air d’être retenus de force !).
Un faux pas pour Sarah… la gouvernante qui veille sur Alice et son père depuis le décès de Madame mère. Une terrible douleur au dos et le diagnostic du Dr Barne tombe comme un couperet : « élongation ». Prescription : un bon liniment et du repos ! Il ne reste plus qu’à trouver une nouvelle bonne pour cuisiner et faire le ménage !
Lili Schneider, la nièce de Sarah, est priée de venir aider sa tante. A 17 ans, Lili a une drôle de dégaine. « Grande, d’une minceur extrême. Ses cheveux blonds cendrés, gonflés par une ondulation permanente à bon marché, lui composaient une coiffure extraordinaire, toute hérissée de boucles menaçantes. » Une robe en popeline rose, flashy, des « escarpins à talon-aiguille » de la même couleur que la robe… Lili ne manque pas d’audace. Toutefois, face à la terrible Sarah, la coquette et frivole Lili s’assagit. En « robe noire très simple et en tablier blanc », elle se transforme en la crème des domestiques. Excellente cuisinière par-dessus le marché, Lili donne toute satisfaction à Alice et à son père.
Dans cette histoire, on rencontre une vieille dame séquestrée dans une maison de retraite un peu spéciale. En voulant s’échapper, la vieille dame s’est démis l’épaule… et c’est là que le Dr Barne intervient. Et c’est là qu’Alice entre dans la danse ! Le Dr Barne a subtilisé le bracelet au poignet de sa patiente, afin de pouvoir l’identifier. Grand bien lui en a pris. Avec cet indice, Alice dévide sa pelote et arrive à libérer la charmante vieille dame (il s’agit de Mme Elvine). Mais avant cela, Alice devra faire face à bien des obstacles. Elle se fera, entre autres, voler son sac à mains… S’accrochant au bras de la voleuse, Alice réussit à le lui arracher. Et badaboum, tout le contenu du sac se retrouve par terre. « Un trousseau de clefs, des papiers, de la menue monnaie et un poudrier » ! Ah, le fidèle poudrier, qui ne quitte jamais Alice et lui permet de se poudrer le nez en toute circonstance.
Cette fois-ci, Alice se fait offrir une nouvelle voiture, un « coupé grand sport », « vert foncé » ! Facile à dissimuler, à couvert, sous les arbres !
Durant cette aventure, le lecteur fait la connaissance de Jeannette Durban, une amie d’Alice dont on n’entendra plus parler par la suite. Sur les bords du lac Noir, les parents de Jeannette ont loué un chalet, le chalet des Pins. Les deux amies vont pouvoir ainsi profiter de l’eau et du soleil. En maillot de bain une pièce bleu pastel, la blonde Alice, se laisse mordre par les rayons UV. « Comme elle se laissait griller au soleil avec délices, Jeannette l’arracha à sa torpeur en la secouant vigoureusement par l’épaule. » Et cela vaut la peine de se réveiller, lorsque l’on sait que c’est Ned Nickerson, le jeune fiancé tout « bronzé », qui est en approche ! Ned est ici accompagné de son ami Paul. « Ceux-ci étaient fort séduisants, avec leur teint bronzé et leur tenue de circonstance : pantalon de flanelle et veste bleu marine. »
Avec Jeannette, Alice se met à rechercher un pigeonnier où pourrait se cacher son pigeon voyageur. Une fois rétablie, celui-ci a, en effet, pris son envol ! Afin de le retrouver, Alice se met donc à écumer la région, ne rentrant que très tard au bercail. A leur retour au chalet, Mme Durban intime l’ordre à sa fille et à son invitée de faire une toilette express : « Alors, nous allons vite nous laver les mains et nous passer un peu d’eau sur la figure, dit Jeannette. »
Dans la maison de retraite Chandazur, les vieilles personnes sont mises sous somnifère et dépouillées de leur bien par une bande de malfaiteurs. Après s’être introduite dans les lieux et avoir fait échapper Mme Elvine (Jeannette, déguisée en infirmière, a très bien joué son rôle et permis de sauver la vieille dame), Alice est, malheureusement, jetée au fond d’une vieille citerne, pleine de boue et de moisissures. Citerne, dont Alice arrivera à se libérer en creusant une galerie aboutissant au pigeonnier…
Une fois de retour au chalet, Alice sera, comme on s’en doute, l’héroïne du jour. Toutefois, avant d’être félicitée par les membres de la famille de Mme Elvine, elle devra faire un détour par la case « salle de bains » ! « Quand elle reparut, vingt minutes plus tard, baignée, recoiffée, nette et fraîche dans un peignoir de soie bleue, tout le monde applaudit avec enthousiasme. »
Très agréable à lire ce petit roman de Caroline Quine qui met en scène, une fois de plus, une héroïne pleine de ressources. Alice ne quitte jamais son sac. Ce sac contient toujours un poudrier, afin de pouvoir se refaire une beauté, quelles que soient les circonstances. Dans son jardin à River City, à Chandazur ou ailleurs, Alice est toujours la plus perspicace… et la plus jolie ! Qu’on se le dise !
1 Quine C., Alice et le pigeon voyageur, Hachette, Bibliothèque verte, 1961, 250 pages