Nos regards
Trop c’est trop ! L’abus de cosmétiques nuit gravement à…

> 16 juin 2023

Trop c’est trop ! L’abus de cosmétiques nuit gravement à…

Au musée d’Arts de Nantes, se tient, en ce moment (du 7 avril au 3 septembre 2023), une exposition temporaire, intitulée Hyper sensible. Un regard sur la sculpture hyperréaliste.1 Dans le patio de l’édifice, il est possible de se laisser surprendre par des personnages plus vrais que nature, habillés de pied en cap ou bien dans le plus simple… appareil.

La sculpture de Daniel Firman (Raw - série Gathering, 2018) nous a cueillies en pleine visite… Une sculpture, en résine acrylique et mousse polyuréthane, les bras chargés de tout un fatras d’objets divers, est là, plantée toute la journée, dans une position inconfortable. Solide sur ses appuis, cette sculpture semble bien résister à la pression exercée par tous les biens de consommation qui ont été agglomérés entre eux, jusqu’à ne plus faire qu’une masse indistincte, qui semble bien remplacer la tête « pensante » qui se cache dessous. Existe-t-elle encore ? On ne sait pas !

Le petit écriteau descriptif de l’œuvre nous apporte un éclairage supplémentaire, en nous indiquant que l’auteur de cette œuvre, Daniel Firman, s’est lui-même, prêté au jeu… Comprenez par là qu’il a pratiqué l’expérience en testant, en 1999, sa résistance physique à la pression extérieure. L’idée est de savoir à quel moment son équilibre va être compromis.2 Il accumule donc les objets du quotidien et constate à partir de quel instant l’effondrement se produit. Inéluctable !

L’expérience une fois réalisée sur lui-même, il ne reste plus qu’à se lancer dans la création artistique, en faisant appel à des modèles vivants, qui permettront la réalisation de toute une série d’œuvres traduisant l’instant fugace où, à une plume près, l’individu arrive encore à tenir bon. Une plume plus tard, c’est la cata… Tout est par terre !

Difficile pour nous de parler « résine acrylique » et de « polyuréthane » sans penser à ces matériaux utilisés dans le domaine esthétique/cosmétique en tant qu’agents permettant la réalisation des faux-ongles ou ingrédients gélifiants, liants, filmogènes, fixateurs pour la chevelure

Voilà le lien est établi… Et pas uniquement à cause des matériaux utilisés pour la réalisation… Mais également du fait de ce sentiment d’écrasement qui peut nous saisir lorsque nous évoquons cette marée de cosmétiques qui déferle chaque jour, un peu plus, sur nos vies.

Il faut consommer… telle est l’injonction qui est faite à nous, Français, l’industrie cosmétique constituant un fleuron national pour notre pays. Consommer toujours plus…

Utiliser pour la toilette toutes sortes de références. Avec quasiment un produit d’hygiène pour chaque aire cutanée et des galéniques aussi improbables que des gels solides ou des « huiles » regorgeant d’eau…

Utiliser pour le soin toutes sortes de références dont on ne soupçonnait même pas l’existence avant d’aller faire un tour sur la toile ou dans les magazines de presse dite « féminine » ! Des sérums hyperconcentrés, des sérums pour les pieds

Utiliser pour le maquillage toutes sortes de références qui font la part belle aux microplastiques (ça on ne s’en vante pas !) et aux filtres UV (on nous a rentré dans la tête qu’il faut se protéger des UV même à la maison, dans la voiture, au bureau ! A chaque instant, pour éviter le… vieillissement cutané !). Des bases de maquillage, des fonds de teint ou des BB crèmes, des illuminateurs de teint, des poudres de soleil, des fixateurs de maquillage… le tout, en équilibre, sur une peau qui chancelle sous la masse.

Utiliser, encore et toujours, une masse de cosmétiques dont l’utilité semble bien - au fond – assez hypothétique !

Cherche-t-on à déterminer un point de rupture ?

Cherche-t-on à nous faire crouler sous la masse ?

On finirait presque par le croire, tant les nouvelles gammes cosmétiques fleurissent actuellement.

En 1993, Alain Souchon alertait déjà sur cet état des choses en reluquant nos armoires (à salle de bains ?) et y trouvant beaucoup trop de choses… inutiles !3

Alors, vraiment, si on aime entendre cette chanson en sirotant un mojito ou un Aperol Spritz ou bien une menthe à l’eau ou un jus de tomates, franchement, il n’y a pas une minute à perdre ! On n’est pas obligé de se laisser avoir…

L’abus de cosmétiques nuit gravement à… l’équilibre cutané ! L’abus de cosmétiques nuit gravement à… l’équilibre environnemental.

C’est ce que cette sculpture nous a murmuré à l’oreille lorsque nous nous sommes approchées d’elle !

Bibliographie

1 Exposition "Hyper sensible. Un regard sur la sculpture hyperréaliste" (nantesmetropole.fr)

2 Daniel Firman : une sculpture entre pesanteur et légereté (paris-art.com)

3 https://www.paroles.net/alain-souchon/paroles-foule-sentimentale

 

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