> 09 décembre 2023

Une prostituée du Willy’s bar, Eliane, a tout fait pour éloigner sa fille du monde de la nuit qui est le sien.¹ Elevée en province, la jeune fille qui s’ennuie débarque, pourtant, subitement, un soir, chez sa mère. Anne rêve d’une vie trépidante… Ce n’est guère ce qui l’attend puisqu’elle épouse, contre la volonté de sa mère, un joueur invétéré, qui pique dans la caisse (il est salarié chez Lapeyre) et compte sur sa femme pour sauver la mise. Le superbe collier de perles d’Eliane (d’une valeur de 10 000 francs), qui devait permettre à cette dernière de se retirer des voitures, est sacrifié sur l’autel de la famille. Anne et sa petite fille Françoise sont sauvées ! Eliane, quant à elle, ne prendra pas la retraite tant souhaitée.

Sarah, une mère-maquerelle aux cheveux déteints !

La mère Sarah est une mère maquerelle qui fait crédit à condition, que l’on honore ses clients comme il se doit. Son grand chapeau n’arrive pas à masquer « des cheveux qui déteignent ». Quelle drôle de teinture capillaire emploie-t-elle donc ?

Une fille des rues inconnue, à la bouche incendiaire !

Cette fille possède une « bouche fardée à l’excès » et des yeux de « bête battue » ! Quel rouge à lèvres indélébile utilise-t-elle donc ?

Une grosse Américaine, aux bras poudrés

« Une grosse Américaine agite des bras de bouchère, énormes, couverts de poudre qui colle par plaques […] » s’excite ainsi dans les bars de nuit. Pas de secret, c’est de la poudre de riz qui est étalée sur ses bras !

Une rousse, au visage dur et fardé

Cette rousse est l’ennemie-intime d’Eliane. Ces deux femmes se battraient bien comme des chiffonnières, chez Maxim’s. La rousse, « le visage dur et fardé », est évacuée manu militari par le service d’ordre !

Ada, une prostituée sur le déclin

Anne, la fille d’Eliane s’y connaît pour poser les ventouses. Celles-ci ne guériront, toutefois, pas Ada qui meurt de la poitrine !

Eliane, une prostituée au parfum de lit défait !

Une allure presque distinguée, si ce n’est un sillage odorant, « un parfum de lit défait », qui ne laisse pas de doute quant à sa profession. Quel drôle de parfum emploie-t-elle donc ?

Cette mère-courage va sacrifier sa tranquillité, pour sauver une fille ingrate, qui n’a pas voulu écouter ses conseils. Sans argent, la pauvre femme devra continuer son dur métier jusqu’à la fin. Anne la croisera, 10 ans plus tard, dans une « toilette tapageuse », toute « fardée » !

Germaine, une petite bonne très polie !

La petite bonne d’Eliane, Germaine, passe plus de temps à polir ses ongles, qu’à astiquer les meubles. « C’est une petite bonne dépeignée avec une figure peinte, des pantoufles trouées. »

Anne, une bonne fille tout de même

En pension chez une tante acariâtre en province, Anne fait une fugue, afin de rejoindre sa mère à Paris. A l’arrivée, un bon « bain » l’attend et quelques reproches aussi. Elle finira par épouser Luc et par vivre honnêtement.

Cinq heures du mat'… l’heure de se repoudrer

Au Willy’s bar, à cinq heures, « les courtisanes, toutes ensemble, se redressent, se poudrent ».

Film parlé, en bref

Lapeyre, y en n’a pas deux ? Deux personnes heureuses dans ce monde de la nuit ? Oui, Irène Némirovsky en a trouvé deux : Anne et Luc et même quatre puisque ces deux-là auront deux enfants, Françoise et Michel ! Le bonheur ici a toutefois un coût ! Dix mille francs et la tranquillité d’une grand-mère !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour.

Bibliographie

¹ Némirovsky I., Film parlé in « Les vierges et autres nouvelles, Denoël, 2009, 227 pages

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