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De l’importance de la chevelure : épisode 3 avec une histoire de vendetta

> 10 novembre 2019

De l’importance de la chevelure : épisode 3 avec une histoire de vendetta

Les histoires de vendetta finissent mal, en général… ; Balzac ne faillit pas à la règle lorsqu’il nous raconte l’histoire de deux familles corses qui se vouent une haine farouche.1 Les di Piombo et les Porta passent leur temps à s’exterminer... Bartholoméo di Piombo est ainsi obligé de se réfugier sous les ailes de l’Aigle, sur le continent, après avoir massacré l’ensemble de la famille Porta. Il semblerait, toutefois, que Luigi, le fils cadet ait survécu comme par miracle à cette terrible tragédie.

Les années passent ; la famille di Piombo profite des largesses de l’empereur Napoléon et tout va pour le mieux. Ginevra, la fille de Bartholoméo, est une belle jeune fille aux multiples talents et au tempérament de feu. « Ses longs cheveux, ses yeux et ses cils exprimaient la passion. » Elle fait la joie de ses parents et tout spécialement celle de son père qui lui voue une véritable adoration. « Et le père jouait avec sa fille comme avec une enfant de six ans, il s’amusait à défaire les tresses ondoyantes de ses cheveux [...] ».

La vie s’écoule paisiblement - autant que cela soit possible dans une famille corse - jusqu’à ce que la route de Ginevra croise celle de Luigi Porta. Nos Roméo et Juliette tombent évidemment amoureux. C’est sans le consentement de ses parents que Ginevra se marie avec Luigi. Commence alors pour eux une vie de misère qui entraîne rapidement Ginevra et son enfant nouveau-né dans la tombe.

Luigi apporte alors la chevelure de Ginevra à Bartholoméo ce qui constitue, pour celui-ci, une arme plus sûre qu’un poignard bien effilé. « [...] voilà tout ce qui reste d’elle, dit-il en posant sur une table la longue chevelure noire de Ginevra. »

Cette terrible vendetta qui s’est retournée contre son auteur présente l’originalité de s’achever par la mort de Bartholoméo, sans effusion de sang, mais sur simple présentation des cheveux de celle qui faisait son bonheur et sa vie.

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour cette illustration d'une vendetta balzacienne !

Bibliographie

1 Balzac H. La vendetta in La maison du Chat-qui-pelote suivi de Le bal de Sceaux suivi de La vendetta suivi de La bourse, Gallimard, 1970, 380 pages

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