> 05 octobre 2023

Mais qu’est-ce qui a pris à Caroline Quine de baptiser Bess, Marvin et non Taylor, Marion, Fayne et non Webb et Sarah, la fidèle gouvernante qui a élevé Alice, Green en lieu et place de Berny ?¹ Quel charivari parmi les personnages que les lecteurs de la bibliothèque verte connaissent bien. Dans l’opus de 1991, Alice et le tigre de jade, Alice est invitée par son amie Joanne Koslow à son mariage (enfin aux préparatifs du mariage aussi, avec une salle à décorer et des plats à cuisiner !). Dans le même temps, James Roy propose à sa fille de jouer la baby-sitter dans une famille (les Kirkland, le père Terry et sa fille de 9 ans, Amy) dont la maison est régulièrement cambriolée. Heureusement, Joanne et les Kirkland habitent tout près les uns des autres. Du coup… ou plutôt faisant d’une pierre deux coups, Alice va pouvoir résoudre une énigme (une de plus !) et préparer un mariage en un temps express !

Bess et Marion, les noms de famille changent, les silhouettes et caractères restent identiques

Bess et Marion, les deux meilleures amies d’Alice Roy, la célèbre détective, restent fidèles à elles-mêmes. Bess, coquette (« Bess vouait un culte quasi religieux à la mode ») et gourmande, est tout l’opposé de Marion, une grande sportive élancée, qui sacrifie « volontiers l’élégance au confort ». Bess, blonde aux yeux bleus, est tout l’opposé de Marion, brune aux yeux noirs.

Bess, la coquette de service

Bess, comme on le sait, est très coquette. Aussi, lorsqu’elle se prépare pour un mariage, s’astreint-elle à un régime quasi-athlétique. Il lui faut un sommeil XXL, afin d’éviter les cernes (« Je ne tiens pas à avoir des cernes disgracieux sous les yeux ! »)

Entre une enquête trépidante et les préparatifs d’un mariage DIY, Bess s’accorde des petites pauses pour se ressourcer. Sur la plage de Cherry Creek, elle prend « un bain de soleil », pendant que ses amies ramassent des coquillages.

Elle rêve de pousser jusqu’à « Calistoga », afin d’y prendre des bains de boue ! Ah, ces bains de boue, Bess y tient… Caroline Quine nous en parle à deux reprises. Bess y revient encore et encore : « Je suis candidate pour une partie de farniente. » « Que diriez-vous d’aller tester les bains de boue de Calistoga ? J’en rêve depuis notre arrivée en Californie. Quel délice ce doit être de se plonger dans une piscine remplie de boue chaude, dynamisante… ». Rien n’y fait… Marion et Alice restent de glace. Entre journée VTT et journée de balnéothérapie, la pièce lancée en l’air l’a décrété : ce sera journée vélothérapie !

Et puis, la veille du jour J (le mariage de Joanne) arrive enfin. C’est l’occasion pour Bess de se concocter une coiffure d’exception à l’aide de « papillotes roses ». Et de s’enquérir de l’état des mains d’Alice, afin que tout soit optimal pour le grand jour. « Puis-je t’offrir mes services de manucure, proposa Bess ? » Non, pas la peine, répond Alice, qui se contentera de « mains présentables », sans plus !

Alice, la trempée de service

Comme dans ses autres enquêtes, Alice se donne à fond. Par temps de pluie, elle ne renonce pas et fonce tête baissée, revenant au bercail en piteux état. Bess, très maternelle, ne peut que lui conseiller de se réchauffer au plus vite : « Tu devrais vite prendre une douche chaude et enfiler des vêtements secs. Tu grelottes. » « Oui, maman, répliqua la jeune fille en souriant. »

Nick Finney, un vétéran du Vietnam bien énigmatique

Nick Finney, un ancien de la guerre du Vietnam, a offert, il y a fort longtemps, une malle à son ami Terry Kirkland. C’est visiblement cette malle que les cambrioleurs cherchent dans la maison. Celle-ci dispose, effectivement, d’un double fond, qui recèle une merveille, un tigre de jade, finement sculpté. Cela, bien sûr, on ne l’apprend que tardivement !

Nick nous est présenté comme un petit homme à la chevelure flamboyante (« une tignasse rousse reconnaissable entre mille »), devenu pour sa carrière - il semble jouer les agents secrets - un « expert dans l’art du déguisement » ! On s’attend donc à le voir apparaître sous les traits d’un homme blond ou brun… puisque « rien de plus facile que de se teindre les cheveux, ou de porter une perruque ». D’autant que Caroline Quine insiste lourdement, en réaffirmant que Nick est « particulièrement doué dans l’art du camouflage et de la filature. » (et encore : « Le camouflage a toujours été son fort. »). On s’attend donc à se cogner à lui - sans le savoir - à chaque coin de page. Et ben non. On ne se heurte à lui qu’à la toute fin du roman.

On ne sait pas non plus si Nick est resté le gentil garçon d’autrefois ou bien s’il a tourné vinaigre ! On l’apprendra, en fin de livre, Nick est toujours un bon garçon. Il a toujours sa « tignasse rousse » et son visage est toujours aussi jeune, au point qu’on lui donnerait « 25 ans au plus », si l’on n’y regarde pas de trop près (quelques « fines rides » ourlent « ses yeux et sa bouche » tout de même).

Alice et le tigre de jade, en bref

Le méchant ne s’appelle pas Nick Finney… mais Malcolm Elgar, un autre vétéran bien décidé à voler le précieux objet de jade détenu par les Kirkland. Précisons que cet objet sera retrouvé et restitué au Vietnam (il avait, en effet, été subtilisé dans un temple !). Pour le reste, le mariage de Joanne se déroulera au mieux. Et l’on pourra dire une fois de plus : tout est bien qui finit bien !

Bibliographie

¹ Quine C., Alice et le tigre de jade, Hachette jeunesse, 1996, 221 pages

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