> 04 novembre 2019
Clarins Men s’adresse aux hommes sportifs. Du navigateur Fabrice Amedeo aux rugbymen du Racing 92, tous confient leur visage au soin de cosmétiques renfermant de l’herbe à bison.
Clarins Men s’adresse exclusivement aux hommes « rasés ». Pour l’être de près, il est utile de connaître la théorie du rasage à fond. Produit de rasage de texture épaisse, visage enrobé (ne pas hésiter à grossir du visage pour faciliter le passage de la lame), angle d’attaque parfait, gestuelle réalisée dans un sens bien précis… lorsque tous ces éléments sont réunis,1 plus rien ne s’oppose à une pratique réalisée sans faute.
Comme c’est le cas pour la majorité des produits du commerce, le gel de rasage moussant Clarins est, en réalité, une émulsion riche en savon et non un gel. Pas de surprise, le savon est utilisé depuis fort longtemps pour cet usage. L’acide palmitique est saponifié par la triéthanolamine, pour former un savon. Un dérivé de cellulose (hydroxyéthylcellulose) permet d’augmenter la viscosité de la préparation. Différents extraits sont incorporés dans cette émulsion. L’herbe douce ou herbe à bison, Hierochloe odorata, une plante de la famille des Graminées qui pousse en Amérique du nord, en Asie et en Europe, est utilisée pour ses propriétés anti-radicalaires, d’où un effet protecteur du phénomène de peroxydation lipidique attendu. Cet effet antioxydant a été mis en évidence en 2000 par des chercheurs lithuaniens en quête d’additifs alimentaires d’origine naturelle.2,3 L’extrait de Grindélia, utilisé en médecine traditionnelle, en Amérique du nord, pour traiter la toux, du fait de ses propriétés expectorantes, anti-inflammatoires et antiseptiques est incorporé ici pour son effet apaisant (car qui dit effet anti-inflammatoire dans le domaine médical, dit effet apaisant dans le domaine cosmétique).4,5 Le petit galanga (Alpinia officinarum) de la famille des Zingibéracées, originaire de Chine et introduit en Europe depuis plus de 1000 ans, est utilisé en médecines chinoise et ayurvédique pour des indications aussi variées que le traitement des hémorroïdes, du diabète, de la toux, de la fièvre, des maux d’estomac, de la malaria… On trouve également référence à son utilisation pour le « lavage de la peau » sans précision, toutefois, sur le type de préparations réalisées.6 La présence de flavonoïdes explique l’effet anti-inflammatoire observé avec le rhizome de cette plante.7 L’extrait de pourpier (Portulaca oleracea) nous emmène dans l’assiette ; ceux qui voudraient faire un détour par la pharmacie le peuvent également tant le pourpier est présenté comme une panacée.8 Là encore il y a des flavonoïdes donc un effet apaisant espéré. Outre ces 4 extraits de plantes qui ne manqueront pas de faire rêver le voyageur de salle de bain, on retrouve l’aloe vera que l’on ne présente plus.9 Reste le binôme conservateur qui fâche, à savoir le mélange méthylchloroisothiazolinone/méthylisothiazolinone,10 un mélange allergisant dont on s’était presque débarrassé avant la triste polémique concernant les parabens. Cette mousse à raser sur base savon pourra donc être améliorée !
Pour se raser « mieux et plus vite », une huile de rasage est proposée. Cette huile, composée majoritairement de paraffine liquide, exerce certainement les effets protecteur et « glissant » escomptés. La faute de goût réside dans l’incorporation de 3 filtres UV, deux filtres UVB (éthylhexyl méthoxycinnamate et ethylhexyl salicylate) et un filtre UVA (butyl méthoxydibenzoylméthane) dont la présence est parfaitement incongrue.
Le fluide après-rasage à base d’humectants et de silicone permet d’hydrater la peau. L’huile de marula (Sclerocarya birrea) est suffisamment originale pour être signalée. Cette huile, obtenue à partir des graines d’un arbre d’Afrique du sud, est utilisée traditionnellement par les autochtones (zoulous, tsongas…) pour ses propriétés hydratantes. L’acide gras le mieux représenté est l’acide oléique (70 à 78 %) suivi de l’acide palmitique (9 à 13 %).11,12 Le pourpier et l’herbe à bison sont évidemment de la partie. Le chardon bleu des Alpes (Eryngium alpinum) qui pousse, comme son nom l’indique, dans les Alpes, entre 1300 et 2500 mètres,13 est également incorporé dans la formule. Son effet au niveau cutané n’est pas documenté. La lampsane commune (Lapsana communis) entre dans la danse. Cette plante n’a pas fait l’objet d’une foule de travaux. On sait que les diverses parties de la plante renferment de l’inositol et des flavonoïdes ;14 on en déduira un effet humectant (grâce à l’inositol) et anti-radicalaire et apaisant (du fait des flavonoïdes)… La rhodiole rougeâtre (Rhodiola rosea) surgit du fond de la formule, du fond des âges (les Vikings l’auraient utilisée, dit-on, pour acquérir la force nécessaire à la réalisation de travaux physiques) et du fond des crevasses montagneuses où elle se plaît à pousser, pour mettre à profit ses multiples propriétés. N’affirmait-on pas, dans les temps très anciens, que la consommation d’infusions de rhodiole permettait de traiter diverses maladies et favorisait la pousse des cheveux ! La racine broyée et mélangée avec du beurre constituait un onguent permettant de traiter différentes affections cutanées ainsi que des affections rhumatologiques. Pour raffermir la tête et éliminer les taches de rousseur… il n’y avait, paraît-il, pas mieux.15 Cette racine d’or, puisque c’est ainsi qu’elle est appelée, est toujours étudiée actuellement. De nombreuses vertus lui sont attachées : effets antioxydant, apaisant et éclaircissant (un effet inhibiteur de la tyrosinase d’extraits dans l’acétone ou un mélange eau–alcool est démontré).16 Au milieu de ces infusés divers et variés, on aperçoit du laurylsulfate de sodium (qu’est-il venu faire dans ce drakkar ?) et 7 allergènes. Les extraits de thé17 et d’hydrocotyle (Centella asiatica extract)18 paraissent vraiment très classiques au milieu de tout cela.
La lotion après-rasage est une lotion alcoolisée qui a pour but d’aseptiser la peau. Extraits végétaux (ceux qui ont été détaillés dans les autres formules) et allergènes y abondent. Le panthénol est le nouveau-venu. Son effet cicatrisant justifie sa présence.
Le double sérum Clarins et ses 21 extraits nous avait fait crier au « salmigondis »,19 nous aurions bien envie d’en faire autant, aujourd’hui avec cette gamme réservée aux hommes. Trop c’est trop…
Bibliographie
1 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/le-rasage-la-theorie-161/
2 D Bandonien≐, A Pukalskas, P. R Venskutonis, D Gruzdien≐, Preliminary screening of antioxidant activity of some plant extracts in rapeseed oil, Food Research International, 33, 9, 2000, Pages 785-791
3 D. Grigonis, P. R. Venskutonis, B. Sivik, M. Sandahl, C. S. Eskilsson, Comparison of different extraction techniques for isolation of antioxidants from sweet grass (Hierochloë odorata), The Journal of Supercritical Fluids, 33, 3, 2005, Pages 223-233
4 L. Krenn, E. Wollenweber, K. Steyrleuthner, C. Görick, M.F. Melzig, Contribution of methylated exudate flavonoids to the anti-inflammatory activity of Grindelia robusta, Fitoterapia, 80, 5, 2009, Pages 267-269
5 F. Ferreres, C. Grosso, A. Gil-Izquierdo, P. Valentão, P.B. Andrade, HPLC-DAD-ESI/MSn analysis of phenolic compounds for quality control of Grindelia robusta Nutt. and bioactivities, Journal of Pharmaceutical and Biomedical Analysis, 94, 2014, Pages 163-172
6 I. Babangida Abubakar, I. Malami, Y. Yahaya, S. Manga Sule, A review on the ethnomedicinal uses, phytochemistry and pharmacology of Alpinia officinarum Hance, Journal of Ethnopharmacology, 224, 2018, Pages 45-62
7 P. Ding, L. Yang, C. Feng, J.C. Xian, Research and application of Alpinia officinarum in medicinal field, Chinese Herbal Medicines, 11, 2, 2019, Pages 132-140
8 T. Farkhondeh, S. Samarghandian, The therapeutic effects of Portulaca oleracea L. in hepatogastric disorders, Gastroenterología y Hepatología (English Edition), 42, 2, 2019, Pages 127-132
9 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/aloe-vera-c-est-trop-beau-pour-etre-vrai-422/
11 B. Komane, I. Vermaak, B. Summers, A. Viljoen, Safety and efficacy of Sclerocarya birrea (A.Rich.) Hochst (Marula) oil: A clinical perspective, Journal of Ethnopharmacology, 176, 2015, Pages 327-335
12 R. Kleiman, D.A. Ashley, J.H. Brown, Comparison of two seed oils used in cosmetics, moringa and marula, Industrial Crops and Products, 28, 3, 2008, Pages 361-364
13 M. Andrello, J.P. Bizoux, M. Barbet-Massin, M. Gaudeul, I. Till-Bottraud, Effects of management regimes and extreme climatic events on plant population viability in Eryngium alpinum, Biological Conservation, 147, 1, 2012, Pages 99-106
14 M. Andrello, J.P. Bizoux, M. Barbet-Massin, M. Gaudeul, I. Till-Bottraud, Effects of management regimes and extreme climatic events on plant population viability in Eryngiumalpinum, Biological Conservation, 147, 1, 2012, Pages 99-106
15 A. Panossian, G. Wikman, J. Sarris, Rosenroot (Rhodiolarosea): Traditional use, chemical composition, pharmacology and clinical efficacy, Phytomedicine, 17, 7, 2010, Pages 481-493
16 Hsiu-Mei Chiang, Hsin-Chun Chen, Chin-Sheng Wu, Po-Yuan Wu, Kuo-Ching Wen, Rhodiola plants: Chemistry and biological activity, Journal of Food and Drug Analysis, 23, 3, 2015, Pages 359-369
19 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/double-serum-clarins-quel-salmigondis-837/
Rasage idéal Clarins men : AQUA/WATER/EAU, PALMITIC ACID, TRIETHANOLAMINE, GLYCERIN, ISOPENTANE, STEARIC ACID, PARFUM/FRAGRANCE, ISOBUTANE, HYDROXYETHYLCELLULOSE, LIMONENE, BUTYLENE GLYCOL, TETRASODIUM EDTA, LINALOOL, PENTANE, HYDROXYPROPYLCELLULOSE, BUTYLPHENYL METHYLPROPIONAL, MYRISTIC ACID, ALPHA-ISOMETHYL IONONE, BENZYL BENZOATE, HIEROCHLOE ODORATA EXTRACT, CITRAL, GRINDELIA ROBUSTA EXTRACT, MAGNESIUM NITRATE, ALOE BARBADENSIS LEAF JUICE, ALPINIA OFFICINARUM ROOT EXTRACT, PHENOXYETHANOL, PORTULACA OLERACEA EXTRACT, METHYLCHLOROISOTHIAZOLINONE, POTASSIUM SORBATE, METHYLISOTHIAZOLINONE, CI 42053/GREEN 3, CI 17200/RED 33, CI 42090/BLUE 1.
Huile de rasage Clarins men : PARAFFINUM LIQUIDUM/MINERAL OIL/HUILE MINERALE, CAPRYLIC/CAPRIC TRIGLYCERIDE, CETEARYL ETHYLHEXANOATE, STEARYL HEPTANOATE, MENTHA ARVENSIS LEAF OIL, ETHYLHEXYL METHOXYCINNAMATE, EUCALYPTUS GLOBULUS LEAF OIL, PROPYLENE GLYCOL DICAPRYLATE/DICAPRATE, ROSMARINUS OFFICINALIS (ROSEMARY) LEAF OIL, BUTYL METHOXYDIBENZOYLMETHANE, ETHYLHEXYL SALICYLATE, ANTHEMIS NOBILIS FLOWER EXTRACT, BHT, LIMONENE, LINALOOL, CI 61565/GREEN 6.
Fluide après rasage Clarins Men : AQUA/WATER/EAU, PENTYLENE GLYCOL, HYDROGENATED POLYISOBUTENE, GLYCERIN, DIMETHICONE, BUTYROSPERMUM PARKII (SHEA) BUTTER, AMMONIUM ACRYLOYLDIMETHYLTAURATE/VP COPOLYMER, CETEARYL ETHYLHEXANOATE, SCLEROCARYA BIRREA SEED OIL, PROPYLENE GLYCOL, BUTYLENE GLYCOL, PARFUM/FRAGRANCE, POLYACRYLAMIDE, ETHYLHEXYLGLYCERIN, C13-14 ISOPARAFFIN, HIEROCHLOE ODORATA EXTRACT, PALMITOYL PROLINE, TOCOPHEROL, PERSEA GRATISSIMA (AVOCADO) OIL UNSAPONIFIABLES, TETRASODIUM EDTA, CAPRYLIC/CAPRIC TRIGLYCERIDE, MAGNESIUM PALMITOYL GLUTAMATE, SODIUM PALMITOYL SARCOSINATE, ERYNGIUM ALPINUM FLOWER EXTRACT, LAURETH-7, BIOSACCHARIDE GUM-4, CENTELLA ASIATICA EXTRACT, PALMITIC ACID, THERMUS THERMOPHILLUS FERMENT, HELIANTHUS ANNUUS (SUNFLOWER) SEED OIL, PORTULACA OLERACEA EXTRACT, LAPSANA COMMUNIS FLOWER/LEAF/STEM EXTRACT, ALPINIA OFFICINARUM ROOT EXTRACT, CAMELLIA SINENSIS LEAF EXTRACT, RHODIOLA ROSEA ROOT EXTRACT, PHENOXYETHANOL, POTASSIUM SORBATE, SODIUM LAURYL SULFATE, LIMONENE, LINALOOL, HEXYL CINNAMAL, BUTYLPHENYL METHYLPROPIONAL, ALPHA-ISOMETHYL IONONE, BENZYL BENZOATE, CITRAL.
Lotion après-rasage Clarins men : ALCOHOL, AQUA/WATER/EAU, BUTYLENE GLYCOL, PARFUM/FRAGRANCE, PEG-40 HYDROGENATED CASTOR OIL, LIMONENE, PANTHENOL, LINALOOL, HEXYL CINNAMAL, PROPYLENE GLYCOL, BUTYLPHENYL METHYLPROPIONAL, GLYCERIN, ALPHA-ISOMETHYL IONONE, BENZYL BENZOATE, CITRAL, PENTYLENE GLYCOL, HIEROCHLOE ODORATA EXTRACT, LAPSANA COMMUNIS FLOWER/LEAF/STEM EXTRACT, GERANIOL, CENTELLA ASIATICA EXTRACT, PHENOXYETHANOL, ERYNGIUM ALPINUM FLOWER EXTRACT, CAMELLIA SINENSIS LEAF EXTRACT, ALPINIA OFFICINARUM ROOT EXTRACT, THERMUS THERMOPHILLUS FERMENT, RHODIOLA ROSEA ROOT EXTRACT, PORTULACA OLERACEA EXTRACT, POTASSIUM SORBATE, SODIUM LAURYL SULFATE.
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