> 06 janvier 2024
Camille, Blanche, Marcelle et Alberte, quatre femmes dont les destins n’ont rien de commun.1
Camille, une femme passionnée, abandonnée par un mari volage, qui l’a beaucoup trompée et qui la laisse tomber un beau jour, avec un enfant, Nicole, sur les bras.
Blanche, Marcelle et Alberte, des femmes paisibles, qui vivent dans un calme profond, une bonne soupe de campagne, « à l’arôme un peu sucré de céleri » sur le feu.
Douloureuse, Camille a souffert plus que de raison, en épousant un aventurier, qui l’a traînée dans de nombreux pays, avant de l’abandonner au Maroc. « Elle avait un de ces visages tourmentés dont le fard n’arrive pas à masquer les rides ni l’expression amère » !
Paisibles, Blanche, Marcelle et Alberte affichent des visages sereins, sans l’ombre de fard.
Lorsque Camille revient trouver refuge auprès de sa sœur Alberte et de ses amies Blanche et Marcelle, les confidences vont bon train. L’une se plaint d’un amour non partagé (ou trop partagé) les autres écoutent, calmement et en viennent, tout à coup, à se demander si leurs vies ont un sens.
A mesure que Camille parlait, « l’amour la quittait ; il s’échappait de son cœur comme le parfum fuit un flacon débouché » !
Irène Némirovsky débouche ici le flacon aux souvenirs. Les vierges sages et la vierge folle y respirent le même parfum d’amour défunt. Il y a des actes manqués, des soupirs étouffés, des larmes refoulées. Il y a le doux parfum du vin chaud à la cannelle, il y a la chaleur du foyer, il y a le bonheur d’être encore une fois réunies !
Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour.
1 Némirovsky I., Les vierges in Les vierges & autres nouvelles, Denoël, 2009, 227 pages