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André Malraux, d’un parfum à l’autre...

> 12 octobre 2019

André Malraux, d’un parfum à l’autre...

Dans l’ouvrage L’homme des ruptures, paru en 2016, Alain Malraux dresse, avec brio, le portrait d’un père de famille recomposée (Florence, Gauthier, Vincent, et Alain en réalité le fils du demi-frère d’André, sont issus de différents lits) pas vraiment comme les autres.1 La vie d’André y apparaît comme une succession de drames, de morts violentes, celle de Josette Clotis tout d’abord, puis celles de Gauthier et de Vincent. Du parfum de Clara à la bougie parfumée de Louise, la vie d’André se consume en actes de bravoure, en disputes conjugales, en fulgurances - au seuil de la victoire de 1944, il s’adresse à ses frères de combat : « Je salue vos morts, ceux d’aujourd’hui et ceux de demain. », en déjeuners bien arrosés, en uniformes « Lanvin » impeccablement taillés...

Tout commence par la rencontre, en 1921, avec Clara Goldschmidt, une jeune fille de « petite taille », à la belle chevelure blonde, au « teint éclatant ». « Rapide de la comprenette » cette jeune fille, que l’on ne peut pourtant pas qualifier de jolie, est lotie de « chevilles exceptionnelles » (« la seule chose vraiment jolie que j’avais » selon ses propres mots) et laisse, derrière elle, un sillage parfumé. Cette petite fille riche qui vaporise sur sa peau une création du parfumeur Guerlain, « Après l’ondée », admirable célébration du « beau temps après la pluie »,2 va voir s’accumuler les nuages au-dessus du couple qu’elle va bientôt former avec l’homme « à la voix un peu parigote » et dont les « yeux plafonnent ». S’il est « agréable d’être intelligente, car on plaît aux hommes intelligents. », il est également plaisant de pouvoir s’offrir un parfum qui respire la terre mouillée, les fleurs qui ont pleuré.

Après Clara, il y aura Josette Clotis et son « apparence décorative de mannequin ».

Il y aura également Madeleine, sa belle-soeur, et ses tailleurs Chanel.

Il y aura, enfin, Louise de Vilmorin et « sa grâce de papillon ». Et la vie qui bascule le 26 décembre 1969, après un dernier Noël. Louise a tenu à allumer sa cigarette « à la flamme d’une bougie parfumée » dont on venait de lui faire cadeau. Superstitieux, Claude Benedict, administrateur de la Comédie Française a voulu retenir son geste, en vain... Louise s’éteindra le lendemain suite à un accident cardiaque.

Il y a encore Sophie de Vilmorin, nièce de Louise.

De Clara Goldschmidt, André gardera toujours un souvenir parfumé. Après tout, ne sont-ils pas tous les deux « des initiés de la même secte » ?

Merci à Jean-Claude Coiffard, poète et plasticien, qui, grâce à sa conférence « André Malraux, Clara Goldschmidt, en écoutant le bruit de leurs pas », nous a fait pénétrer dans l’univers parfumé de Clara.

Bibliographie

1 Malraux A. L’homme des ruptures, Eds Ecriture, 2016, Paris, 222 Pages)

2 https://www.guerlain.com/fr/fr-fr/parfums/parfums-pour-femmes/apres-londee/apres-londee-eau-de-toilette-vaporisateur

 

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