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Panique au rayon cosmétique !

> 21 septembre 2023

Panique au rayon cosmétique !

Pour cette fois-ci, Alice Roy et ses acolytes habituelles, Bess et Marion, sont chargés par M. Fitzhugh, d’enquêter au sujet de curieux évènements survenant au sein d’un grand magasin, à l’enseigne Danner & Bishop, dans la ville de Chicago.1 En se fondant dans la masse des salariés, nos trois enquêtrices vont faire des miracles et permettre l’arrestation d’un trinôme d’escrocs. En pour, elles repartiront les bras chargés de cadeaux.

Un directeur de magasin qui court à sa perte

« Trapu », le « teint coloré, doté de sourcils broussailleux et d’une masse de cheveux argentés », M. Carlin Fitzhugh est un homme heureux. Son magasin tourne à plein régime. Pourtant, un jour, un grain de sable vient enrayer la belle mécanique. Un plaisantin multiplie les actes de malveillance, mélangeant les étiquettes de prix des articles, provoquant la chute des vitrines… ou mettant du poil à gratter au fond des chaussures des clientes. Chaque nouvel acte est signé… à l’aide d’une carte à jouer représentant un valet de pique grimaçant. Carlin et sa fille Annie (Ann pour les intimes) sont désespérés. Si l’on n’agit pas rapidement le magasin court à sa perte.

Un gérant de magasin humilié, ignoré depuis trop longtemps

Bennett Lloyd, le gérant du magasin est un employé dévoué, présent depuis la création du magasin (soit 30 ans). A l’entendre, rien n’aurait pu se faire sans lui. Pourtant, le directeur n’a pas vraiment l’air de le considérer. Un salaire modeste, jamais de vacances, Bennett souffre en silence de ce mépris à peine voilé. Pas la peine de discuter longtemps avec lui pour comprendre le mal-être qu’il ressent !

Un magasin qui regorge de cosmétiques, le paradis pour Bess la coquette

« Cet endroit est un vrai paradis, soupira Bess, en écarquillant les yeux devant les longues vitrines de produits cosmétiques. Je sens que je pourrais y laisser tout mon argent de poche ! Si jamais je gagne au Loto, je viendrai dépenser tous mes millions chez Danner & Bishop. » En tout cas, un magasin « cossu et du meilleur goût » !

Un magasin qui regorge de cosmétiques, l’occasion de se gausser de Bess pour Marion la moqueuse

Alors que Bess s’imagine parfaitement bien en train de claquer tous ses sous dans des articles de mode et dans des produits de beauté, Marion, la moqueuse, ironise : « Et tu investiras jusqu’à ton dernier sou dans les parfums et le maquillage ? » Non, tout de même !

A chacun sa place et les magasins de produits de luxe seront bien gardés !

Durant cette enquête, Marion est embauchée au service « entretien », afin de pouvoir fourrer son nez partout, sans attirer l’attention. Alice rejoint, quant à elle, l’équipe de sécurité. Bess, enfin, est recrutée au rayon chaussures, tant sa connaissance du domaine est pointue (elle possède, au bas mot, une cinquantaine de paires de souliers) !

Lindy Dixon, une actrice qui met son talent dans sa chaussure

Au rayon chaussures, Bess est placée sous la houlette de Lindy Dixon, une jeune trentenaire, plus préoccupée de son teint que de ses clientes. « Jolie », vêtue d’une tenue « voyante », Lindy arbore une taille « mannequin ». « Très maquillée » (sa peau disparaît littéralement « sous son épais maquillage »), elle possède une « magnifique chevelure d’un roux flamboyant, peut-être pas entièrement naturel. » Lindy est actrice et court le cachet. Elle multiplie les auditions et manque plus souvent qu’à son tour. La pauvre Bess a donc fort à faire pour pallier les manquements de sa supérieure hiérarchique.

On apprendra, à la fin du roman (mais on l’avait deviné !), que Lindy est impliquée dans l’affaire à l’as de pique. C’est elle qui, sous le nom de Jane Smith, a réservé un hélicoptère, afin de pouvoir fuir, en emportant le maximum de produits de valeur (fourrures, bijoux…). L’actrice en mal de contrats s’était, en effet, présentée à l’aéroclub sous les traits d’une jeune femme arborant « une masse de cheveux frisés, d’énormes lunettes de soleil rouge vif, des ongles écarlates et un fort accent du sud… » Ainsi métamorphosée, elle avait mis l’accent sur un « maquillage très agressif » qui lui donnait un « aspect inhabituel » ! Son « accent exagéré » n’avait pas manqué d’étonner la secrétaire du club. Un véritable rôle de composition pour Lindy.

Nick Holt, un agent d’entretien à la propreté morale douteuse

Le chef du service d’entretien n’a pas l’air très net…. Sa propreté morale semble douteuse. Alice note quelques incohérences dans ses propos. En particulier lorsqu’il dit avoir été blessé au visage par un éclat de verre du rayon cosmétiques, alors qu’il en est resté toujours très éloigné. « Je me suis coupé hier, en ramassant le verre brisé dans le rayon des cosmétiques, répondit-il, légèrement agacé. » « Alice trouva l’explication un peu courte : difficile de croire que Nick fût blessé en nettoyant les débris des flacons de la parfumerie puisqu’il avait passé l’essentiel de son temps devant les ascenseurs - et les postes de téléphone. » C’est bien louche tout cela !

Joe Dane, un agent de sécurité que l’on peut croire en toute sécurité

Le chef de la sécurité est un membre de la famille de Carlin. Il semble aimer sincèrement son parent et pourrait se faire haché menu avant de trahir sa confiance.

Jack Paley, un as de pique très crédible

Le concurrent direct de Carlin Fitzhugh se nomme Jack Paley. Il semble bien décidé à racheter son concurrent à bas prix. De là à le soupçonner d’être l’as de pique, il n’y a qu’un pas. Et, en effet, il ne faut pas tomber dans le panneau. Jack n’y est pour rien dans tout ce qui se passe chez Danner & Bishop.

Et une vitrine de produits cosmétiques qui explose

« Tout à coup, une vitrine de produits cosmétiques a explosé sans crier gare. » C’est un beau carnage au rayon cosmétiques, on trouve des « éclats de verre et de flacons de parfum brisés », dans tous les coins et recoins. « Les vitrines des produits cosmétiques étaient défoncées » ; il ne restait plus rien du beau rayon qui avait tant plu à Bess. Devant un tel désastre, tout le monde est découragé. Quelques jours après la tragédie cosmétique, rien n’est réparé ! « Au rayon des cosmétiques, les comptoirs n’étaient toujours pas remplacés ; on les avait simplement rafistolés avec du ruban adhésif. »

Et une enquête musclée qui révèle tous les talents d’Alice Roy

Dans cette enquête, Alice est prête à tout pour venir en aide à Carlin et à sa fille. Jamais à court de ressources, elle passe par les gaines d’aération (elle arrive ainsi « juste au-dessus du rayon de la parfumerie, là où les vitrines des produits cosmétiques avaient explosé ce jour-même »), atteint les ascenseurs localisés « derrière le comptoir des rouges à lèvres » et s’accroche aux patins d’un hélicoptère… Un vrai Bebel en jupon !

Des malfaiteurs arrêtés et une récompense de taille

Bientôt, les trois employés responsables des actes de malveillance (Bennett, Nick et Lindy) sont mis hors de nuire. Leur culpabilité est démontrée. Le calme peut désormais revenir dans le plus beau et le plus chic magasin de Chicago. Et M. Fitzhugh peut, enfin, se projeter dans l’avenir en toute sérénité. En récompense, nos 3 détectives obtiennent une « journée de shopping chez Danner & Bishop, aux frais de la maison. » On imagine facilement la joie de Bess qui ne peut que bredouiller un « Youppi » de circonstance. Dans les rayons chaussures et cosmétiques, gageons que la jeune fille va effectuer des ravages !

Alice et le valet de pique, en bref

Dans ce roman, Caroline Quine met l’accent sur l’importance de la détection du risque psycho-social. Un salarié qui se sent méprisé, humilié… et voilà le bel édifice d’un magasin de luxe mis à mal. En privilégiant les membres de sa famille (beaucoup d’employés sont, en effet, affiliés à Carlin) Carlin a mis au point une véritable cocotte-minute salariale. En explosant, celle-ci ravage le rayon des cosmétiques pour notre plus grande tristesse ! Heureusement, Alice est, une fois de plus, la plus douée des enquêtrices. En quelques jours, elle résout le mystère et permet à Carlin de retrouver un sommeil paisible.

Bibliographie

1 Quine C., Alice et le valet de pique, Hachette jeunesse, 1994, 187 pages

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