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La flore cutanée expliquée par Caroline Quine

> 11 mars 2021

La flore cutanée expliquée par Caroline Quine

Que d’émotion pour Alice, Bess et Marion. Une dame qui glisse sur le lac, lorsque la brume étend son écharpe sur le miroir d’eau, un monstre vert luminescent, qui hante la montagne... voilà des vacances pas vraiment idéales pour notre détective de choc. Le chalet, loué par Melle Roy, la sœur de James, le père d’Alice, surplombe la baie du Miroir.1 De belles régates en perspective, de belles promenades à prévoir, de beaux moments de partage sur la terrasse à l’horizon. Tut tut tut, Mesdemoiselles... Ce n’est pas comme cela que ça se passe lorsque l’on part en vacances avec le trio de détectives bien connu. Prévoir une valise avec maillot de bain, lunettes de soleil, trousse de toilette, vêtements légers...

Un placement de produits inattendu

Sur la terrasse du chalet loué par Melle Roy, trône un « réfrigérateur marqué Coca-Cola » ! C’est là que viennent s’approvisionner les jeunes du quartier !

Un monstre au fond de teint verdâtre

Dans la montagne, le soir, on peut croiser un monstre vert entouré d’un étrange halo. « Son visage d’une teinte verdâtre » semble enduit d’un drôle de fond de teint (détail personnel à ne surtout pas mettre sur le compte de l’auteur de cet ouvrage). « Teinte bleu verdâtre », selon certains promeneurs, teinte effrayante ! Dans la forêt, outre ce monstre pas vraiment gentil, on peut cueillir des champignons phosphorescents et contempler des milliers de lucioles (de quoi faire rêver des chercheurs en quête de sources de lumière froide - petit cours de chimie à l’appui avec explication du phénomène et citation d’une molécule satanique, nommée luciférine).

Une flore cutanée et une sortie en forêt

Dans la forêt, mille bestioles... et un mille-pattes venimeux qui irrite Marion au plus haut point. Yo, le jeune homme qui les accompagne, sait quelle attitude adopter en la circonstance. Avec une pierre coupante, nettoyée et frottée de « haut en bas sur le bras valide de Marion », il réalise une incision en forme de croix. Le sang coule et évacue le poison. Cette technique semble être au point, si l’on en croit le rétablissement rapide de la jeune fille. Mais pourquoi frotter la pierre sur la peau ? Tout simplement pour enduire la pierre de la flore cutanée de Marion. « J’ai nettoyé la pierre du mieux possible, en l’absence d’eau ou de désinfectants. Selon mon vieil indien, s’il était resté des microbes quand j’ai fait l’entaille dans votre bras, ce n’aurait plus été que les vôtres ». Ma flore, ta flore, sa flore... Marion se met à conjuguer la flore à tous les temps et avec tous les pronoms personnels. En une seule journée, elle a échappé à la mort et apprit qu’elle était un « sac à microbes » (dessus, dedans)...

Une attaque par derrière et un mouchoir parfumé

Lorsque les 3 jeunes filles, accompagnées de leurs chevaliers servants, Ned, Bob et Daniel, se mettent dans l’idée de venir à bout du monstre vert, il y a de la bagarre dans l’air. Il y a aussi des trappes qui s’ouvrent dans le sol pour mener à un laboratoire clandestin et des bandits, prêts à tout pour rester cachés au fond des bois. Daniel, attaqué par derrière, s’écroule. « Alice prit son pouls, Bess sortit un mouchoir parfumé de sa poche et le lui mit sous les narines ». Marion, quant à elle, trempe son mouchoir dans l’eau et rafraîchit le front du jeune héros. Celui-ci ouvre rapidement les paupières et murmure à ses trois infirmières : « Ce parfum est délicieux ! »

Alice et la dame du lac, en bref

Pendant que les vacanciers se prélassent au soleil. Alice et sa bande traquent une voleuse qui se fait passer pour Melle Roy (pas la tante, la nièce). Des documents ultrasecrets sont retrouvés dans une cache au fond des bois (de quoi faire fortune en exploitant le pouvoir lumineux des lucioles), des bandits sont arrêtés. Un carrosse enseveli au fond du lac depuis des siècles est retrouvé en prime ; la dame qui glisse sur l’eau en est ravit. En quelques soirées, le jeune lecteur apprend l’art de marcher sur l’eau (avec des échasses), l’art de soigner les piqures à la mode indienne, l’art de ranimer un évanoui de manière douce mais efficace... Des frissons, de l’action, du parfum... les ingrédients sont réunis pour passer un bon moment.

Bibliographie

1 Quine C. Alice et la dame du lac, Bibliothèque verte, Hachette, 1979, 184 pages

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