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Une victime rasée de près et assommée de manière chimique avec un « Mickey Finn » !

> 20 février 2021

Une victime rasée de près et assommée de manière chimique avec un « Mickey Finn » !

Le roman Les pendules ressemble, selon les dires d’Agatha Christie elle-même, à un mauvais roman d’Ariane Oliver.1 Cela ne commence pourtant pas si mal que cela ; une petite agence de dactylos menée à la baguette par Miss Martindale, surnommée le « Fauve », du fait d’une « toison carotte ». Une charmante et très jolie secrétaire, aux yeux couleur pervenche, Miss Sheila Webb, chargée de se rendre, à une heure très précise, au domicile d’une cliente aveugle, Miss Millicent Pebmarsh... Oui, mais voilà, à la place de la cliente, un homme, étendu sur le sol raide mort ! Le salon où le corps a été traîné lest rempli de pendules ! Pour enquêter, un agent secret, Colin Lamb, un détective privé, Hercule Poirot.

Un mort, bien net, bien propre

Le mort en question, un certain Mr Curry ou bien Mr Castelton est un « homme bien rasé », aux « mains soignées ». Pour l’identifier, on précisera qu’il porte une cicatrice, ancienne de 5 à 6 ans au niveau de l’oreille gauche. Un malencontreux coup de rasoir ! Poignardé, après avoir goûté d’un cocktail, plutôt original, mêlant alcool et hydrate de chloral, un « Mickey Finn », comme on dit dans le milieu des gangsters, l’inconnu est laissé tel quel dans le salon d’une dame bien sous tous rapports. Plutôt intrigant !

La soi-disant femme du mort, à peine maquillée et teinte au henné

Mrs Melina Rivals est séparée de son mari depuis des années. Cette femme brune, teinte de manière approximative au henné, « maquillée à la va-vite », est, tout de même, venue reconnaître le corps de son ex. De là à lui faire confiance !

Un enquêteur, bien moustachu, bien causant

La technique d’Hercule Poirot est parfaitement bien décrite dans cet ouvrage. Pour résoudre un meurtre, il s’agit de se glisser dans la peau des protagonistes. En bavardant à bâtons rompus avec les uns et les autres, on en apprend beaucoup plus que pendant un interrogatoire en règle. « Bavarder », voilà ce qu’il faut faire. « Qu’ils parlent de leur jardin, de leurs animaux, du coiffeur ou de leur toilette, qu’importe, il y aura toujours un mot révélateur. » Hercule Poirot, « grosse moustache » au vent, va venir en aide à l’inspecteur Hardcastle et à Colin Lamb afin de résoudre cette énigme. Un détective, avec une moustache qui ressemble à un « buisson », qui boit du sirop de cassis ou du chocolat bien sucré, qui fait de drôles de réflexion, mais n’est pourtant « pas gaga », voilà pour les présentations. Lorsque vous verrez Hercule friser sa moustache « du bout des doigts », d’un air satisfait, gageons que le dénouement ne sera pas loin.

Les pendules,en bref

Les pendules en un mot, est un roman cosmétiquement décevant. Et dire que l’on était dans un univers de dactylos ! On aurait dû entendre parler à longueur de pages de rouge à lèvres, de poudre, de fond de teint... Et bien non, rien du tout. Ah si, tout de même, l’évocation d’une peau bien rasée, d’une coupure de rasoir qui a son importance... Quand on vous dit qu’Agatha Christie est accro aux cosmétiques et aux accessoires de toilette !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour !

Bibliographie

1 Christie A. Librairie des Champs-Elysées, Paris, 1964, 188 pages

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