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Un Chanel ordinaire en guise de brume d’oreiller !

> 22 mars 2024

Un Chanel ordinaire en guise de brume d’oreiller !

1993, la chanteuse Juliette secoue ses draps et en fait sortir toutes sortes d’odeurs.1 Suite à ce ménage énergique, le nez aux aguets, il est possible de détecter des traces olfactives d’un « parfum » resté accroché sur l’oreiller. Son propriétaire s’est enfui, laissant quelques molécules volatiles, toujours agrippées à la soie.

« Les chères émanations », qui se dégagent des draps et de la taie d’oreiller sont pêle-mêle un produit fini (« votre Chanel ordinaire »), des matières premières de parfumerie (jasmin, œillet, benjoin), des odeurs d’enfance (« le parfum des vacances/Dans les jardins couverts de roses/Une grand-mère aux confitures/Un bon goûter dans la besace » ; « L´enfance est un parfum tenace »).

Il y a des parfums de bonheur, des parfums d’enfance, des parfums sucrés, qui nous ramènent à l’heure bénie du goûter, mais il y a aussi…

« L'odeur animale/De l'humaine condition/De la sueur et du sale/Et du mauvais coton »…

On croyait dormir dans la soie… on rêvait, en réalité, dans des draps bon marché, fabriqués à l’autre bout du monde, trempés de produits chimiques. Sous le Chanel… la sueur humaine… toute celle qui a coulé pour nous faire reposer à moindre coût !

Et du coup… ce n’est plus du tout la même chanson. Les draps deviennent linceul (« Et voici qu´ils affleurent/L'effluve du trépas/L'odeur d'un corps qui meurt/Entre ses derniers draps ») et Juliette se met à pleurer, douloureusement, dans la cellulose…

L’amour chez Juliette, n’est vraisemblablement pas éternel, autant le dire à Roméo !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour.

Bibliographie

1 https://www.paroles.net/juliette/paroles-sur-l-oreiller

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