> 28 mars 2024
Mark Twain met en scène dans son roman, intitulé Les aventures de Tom Sawyer, un jeune orphelin (Tom), recueilli, avec son frère Sid, par sa tante Polly.1 Un garçon, qui accumule bêtise sur bêtise, sort la nuit, fait des fugues, se fait passer pour mort, avant de réapparaitre à son propre enterrement. Un garçon, qui n’aime guère se laver et ne court pas après le savon, comme son maître, Mark Twain.2 Un garçon pourtant attachant…
Tom Sawyer préfère courir les rues, plutôt que de se laver consciencieusement. Lorsqu’il croise le chemin de Becky Tatcher, pourtant, on peut penser qu’il va peut-être s’occuper un peu plus de lui, tant la petite fille lui plaît. Le malheur, c’est que Becky ne s’occupe pas de lui, ce qui fait sombrer Tom dans une profonde dépression. Pour le guérir de sa maladie d’amour, tante Polly a recours aux « bains chauds, aux bains de siège, aux douches, aux cataplasmes. » Tom est propre comme un sou neuf, mais toujours aussi malheureux ! Seul un fortifiant, qui brûle la gorge comme du feu, arrive à secouer l’apathie du jeune garçon qui, pour éviter, d’autres tentatives de traitement reprend du poil de la bête et file son remède d’enfer au chat de la maison. On imagine les dégâts occasionnés !
C’est Mary qui se charge de préparer son cousin pour le départ à la messe dominicale. Alors qu’elle roule ses belles boucles avec ses doigts, Tom, lui, les plaque contre son visage, afin d’éliminer toute trace de « féminité ».
Huckleberry Finn est un garnement, sans domicile fixe. Il vit dans un tonneau et n’aime rien moins que la liberté. En guenilles, Huckleberry mène sa petite vie, sans entraves et sans cosmétiques. Il a de drôles de recettes pour guérir les verrues (« un chat crevé »). Le protocole à suivre est très précis : « Tu vas avec ton chat au cimetière, vers minuit, après qu’on a enterré quelqu’un qu’était méchant ; alors à minuit un diable vient, peut-être deux ou trois, mais tu les vois pas ; tu entends seulement quelque chose comme le bruit du vent ; ou bien tu les entends parler ; et quand ils emportent le type, tu lèves ton chat derrière eux et tu dis : « Diable, suis le cadavre ; chat, suis le diable ; verrues, suivez le chat. » ça, ça enlève n’importe quelle verrue. »
Tom n’aime guère cette technique et préfère utiliser un « haricot »… mais sans nous préciser à quelle sauce il est mis, celui-là !
Avec Huckleberry, Tom joue aux pirates sur une île déserte. Une fugue de quelques jours… Un vrai délice ! « On a pas à se lever le matin, ni à aller à l’école, ni à se laver, ni à faire des tas de bêtises de ce genre. »
Ce pauvre type risque bien d’être accusé de meurtre, si Tom et son ami Huckleberry ne disent pas que c’est Joe l’Indien qui est le meurtrier ! Muff Potter n’a guère « l’habitude de se laver » ! Joe l’Indien non plus… Pourtant l’un sent l’honnêteté et l’autre pas ! Tom et Huckleberry finiront par parler, pour le plus grand bien de Muff !
La veuve Douglas décide, à la fin de l’histoire, d’héberger, de nourrir et d’habiller Huckleberry… Difficile pour ce dernier de se laver et de s’habiller comme tout le monde ! Difficile pour lui de dormir dans des draps propres, sans même « une petite tache amie ou familière » pour le réconforter. »
Chez la veuve, Huckleberry apprend la ponctualité ; il doit se laver, se peigner, prendre soin de lui… Pas évident pour ce fils du vent !
Un petit roman bien sympathique, qui ne place pas le savon au centre des choses. Tom et son ami sont réfractaires à la toilette, mais pas à l’amitié. Et ça, c’est l’essentiel !
1 Twain M. Les aventures de Tom Sawyer, Editions G.P., Paris, 1982, 154 pages
2 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/rendez-vous-au-bain-turc-avec-mark-twain-1371/
Retour aux regards