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Résistance à l’eau et hydratation à la fois, le nouveau concept

> 28 août 2017

Résistance à l’eau et hydratation à la fois, le nouveau concept La mention « résistante à l’eau » est une mention que l’on a l’habitude de voir figurer sur les emballages des produits de protection solaire. Autant les mentions SPF affichées nous laissent, trop souvent, dubitatives – il s’avère qu'en pratique les mentions affichées sont, dans un certain nombre de cas, surestimées par rapport à la réalité optique (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/produits-de-protection-solaire-ils-sont-loin-de-tous-se-valoir-275/) – autant la mention « résistante à l’eau » nous trouve sereines. Elle s’avère, de fait, toujours justifiée.

Rappelons que cette notion de résistance à l’eau est déterminée par méthode in vitro ou in vivo en comparant les résultats obtenus avant et après immersion dans un bain d’eau. On considère qu’un produit est résistant à l’eau s’il conserve plus de 50% de son efficacité après 40 minutes d’immersion (2 bains successifs de 20 minutes chacun). Il est qualifié de très résistant à l’eau s’il conserve plus de 50% de son efficacité après 80 minutes d’immersion (4 bains successifs). Notons que, dans le cas de la détermination par méthode in vitro, il est facile de suivre l’évolution du SPF et du FP-UVA après des temps variables d’immersion… le substrat sur lequel on applique le produit à tester permettant de déterminer à la fois ces deux indicateurs. Dans le cas de la méthode in vivo, en revanche, le protocole est beaucoup plus fastidieux et chaque volontaire ne permet d’obtenir qu’un seul indicateur à la fois. En effet, la détermination du SPF est réalisée sur un échantillon de sujets peu aptes à bronzer et, à l’inverse, la détermination du FP-UVA sur un échantillon de sujets caractérisés par leur aptitude à bronzer. On se contente donc de vérifier que le SPF n’a pas diminué de plus de 50%... pour le FP-UVA, on croise les doigts !

Rappelons également que si le produit est résistant à l’eau, il n’est, en revanche, pas résistant à un séchage au moyen d’une serviette aussi moelleuse soit elle… Les protocoles mis en œuvre in vivo et in vitro le savent bien, qui cocoonent aussi bien le volontaire que le support recevant l’échantillon de produit de protection solaire. Le séchage est réalisé de manière naturelle ou bien à l’aide d’un courant d’air chaud… essuyage énergique s’abstenir !

Rappelons enfin, que cette notion de résistance à l’eau garantit avant tout la propreté des océans, des lacs… ou de tout point d’eau, plutôt que la protection des personnes même abondamment crémées… En effet, comme nous venons de le mentionner, il est plus facile pour une crème solaire de résister à l’eau que de résister à la serviette de bain. Le réflexe au sortir de l’onde étant de se sécher, on laissera, le plus souvent, sa crème protectrice sur la serviette de bain et il conviendra d’en appliquer de nouveau…

Notre étonnement est grand de constater l’existence d’un nouveau type de produit : une crème pour les mains résistante à l’eau. Nous avons déjà évoqué cette catégorie de produits cosmétiques (les crèmes hydratantes) appréciées en particulier durant l’hiver. Ces crèmes que l’on qualifie souvent de crèmes barrière (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/les-cremes-barriere-des-produits-fort-utiles-85/) sont composées d’eau, de corps gras en abondance, de tensioactifs pour stabiliser la formule, de conservateurs antimicrobiens… de quelques actifs attrayants pour déclencher l’achat… Plus la crème est grasse, plus elle aura un caractère occlusif et plus son efficacité sera spectaculaire.

Les cosmétiques imaginés par les magasins U semblent, à première vue, utiles. Je mets ma crème hydratante le matin. Je me lave x fois les mains dans la journée, je conserve des mains parfaitement hydratées car je n’ai pas perdu une once de produit au cours de mes différentes activités aquatiques (vaisselle, bain, douche…).

Si la théorie est séduisante, nous nous heurtons, comme dans le cas des produits de protection solaire à l’étape du séchage. Chaque lavage des mains est suivi d’une étape de séchage… Si le produit résiste à l’eau, il résiste, en général, beaucoup plus difficilement au séchage.

Du point de vue de sa composition… pas grand chose à dire. Des ingrédients classiques de l’hydratation : de la glycérine (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/la-glycerine-un-ingredient-qui-a-plusieurs-cordes-a-son-arc-166/), des matières premières lipophiles (d’origine végétale ou synthétique). Les tensioactifs choisis (sorbitan stearate, un tensioactif non ionique à faible valeur de HLB et potassium cetyl phosphate, un tensioactif anionique à valeur de HLB élevée) sont des tensioactifs qui, associés dans les bonnes proportions, orientent l’émulsion dans le sens H/L (Hydrophile/Lipophile), ce qui augure effectivement d’un caractère de résistance à l’eau ! Par parenthèse, on précisera que la notion de HLB (Hydrophile Lipophile Balance) est la notion à prendre en compte lorsque l’on souhaite formuler des émulsions résistantes à l’eau. Un HLB faible (HLB < 7) permet d’orienter les émulsions dans le sens H/L (on formule alors une crème grasse), un HLB plus élevé entraîne l’orientation dans le sens L/H (on réalise alors une émulsion lavable à l’eau). L’association de plusieurs tensioactifs dont les HLB sont respectivement inférieur(s) et supérieur(s) à 7 impose la réalisation d’un calcul afin de connaître le sens de l’émulsion formulée. La valeur du HLB critique (somme du produit de la masse de chaque tensioactif utilisé et de son HLB divisé par la somme totale des masses de tensioactifs incorporés) permettra de prévoir le sens de l’émulsion. Un choix judicieux de tensioactifs permettra donc de mettre au point des formules présentant fort peu d’affinité pour l’eau.

Un dernier point… La pêche annoncée à grands renforts d’allusions à ce fruit appétissant présentes sur l’emballage du cosmétique se résume à un extrait de fruit en avant-dernière position dans la liste des ingrédients. En clin d’œil à un professeur de microbiologie de la faculté de pharmacie de Nantes, qui aimait durant ses cours magistraux manier l’humour et ironiser sur le péché (pêcher) qui selon son orthographe correspond à un défaut à corriger ou bien au beau fruit que l’on rêve de manger, nous ajouterons qu’utiliser de la pêche en quantité homéopathique dans une crème hydratante à la pêche n’est, toutefois, pas un gros péché !

Crème mains by U hydratante résistante à l’eau à la pêche : Aqua, glycerin, vitis vinifera seed oil, isopropyl myristate, cetyl alcohol, stearyl alcohol, sorbitan stearate, caprylic/capric triglyceride, hydroxypropyl guar, potassium cetyl phosphate, ethyl hexyl stearate, cetearyl ethylhexanoate, carbomer, sodium benzoate, potassium sorbate, parfum, prunus persica fruit extract, citric acid.

Merci à Eugénie pour avoir tracé ces lettres sur le sable que l'Océan, quelque part sur la côte atlantique, vient lécher...

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