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Quand une statue de Vénus crée pas mal de problèmes…

> 11 juin 2023

Quand une statue de Vénus crée pas mal de problèmes…

Prosper Mérimée nous entraîne dans la petite commune d’Ille (Pyrénées-Orientales) pour un conte fantastique.1 M. de Peyrehorade va marier son fils, Alphonse, avec une fort jolie fille… fort bien dotée. Tout irait pour le mieux sans la découverte de cette Vénus en bronze, « d’une merveilleuse beauté », qui apparaît bien maléfique…

M. de Peyrehorade, le père de famille

« C’était un petit vieillard vert encore et dispos, poudré, le nez rouge, l’air jovial et goguenard ».

Alphonse de Peyrehorade, le fils qui va se marier

« C’était un grand jeune homme de vingt-six ans, d’une physionomie belle et régulière, mais manquant d’expression. » « Ses mains grosses et hâlées, ses ongles courts contrastaient singulièrement avec son costume. C’étaient des mains de laboureur sortant des manches d’un dandy. » A cette époque où le bronzage est loin d’être à la mode, on ne la fait pas à un Parisien ! La teinte de ses mains trahit ce petit bourgeois qui ne peut impressionner, par sa mise, que ses domestiques et les villageois des alentours.

Parfois on se demande à quoi il pense quelques heures avant de celer son destin ! Quelle idée de décider 1 heure avant d’entrer à la mairie de se lancer dans une folle partie de jeu de Paume ? « Maintenant, il ne pensait plus à ses cheveux frisés ni à son jabot si bien plissé. » Son adversaire : « un Aragonais », « un homme d’une quarante d’années, […] sa peau olivâtre avait une teinte presque aussi foncée que le bronze de la Vénus. » Il va se mettre « tout en sueur » ce pauvre Alphonse, mais sortira largement vainqueur de ce match qui l’oppose au « géant espagnol » qui va en pâlir sous sa peau basanée. »

Mademoiselle de Puygarrig, la fiancée

Cette charmante jeune fille « avait dix-huit ans ». « Elle était non seulement belle, mais séduisante ». On nous vante particulièrement « ses beaux cheveux ». Elle n’aurait certainement jamais imaginé la nuit de noces qui l’attend… Son mari… Alphonse… mort dans leur lit… Alphonse… pourtant, on « lui frottait les tempes avec de l’eau de Cologne », on « lui mettait des sels sous le nez »… Hélas… rien à faire… Alphonse était bien mort !

Le narrateur, un archéologue venu expertiser la Vénus

M. de Peyrehorade est aux petits soins pour son hôte. Il a vérifié par lui-même que, dans la chambre qu’il destine à son invité, « le sucrier était plein, les flacons d’eau de Cologne dûment placés sur la toilette ».

La Vénus d’Ille, en bref

Ah cette Vénus ! De combien de maléfices était-elle capable ? Après la mort d’Alphonse, la Vénus fut fondue pour fabriquer une cloche. Et savez-vous ce qui arriva ? « Depuis que cette cloche sonne à Ille, les vignes ont gelé deux fois »… « Cave amentem »… Et maintenant dormez bien braves gens !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour.

Bibliographie

1 Mérimée P., La Vénus d’Ille, hachette, bibliocollège, 2017

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