> 10 juillet 2018
Pour le dictionnaire Larousse, le phototype est une « Image photographique visible et stable, négative ou positive, obtenue après exposition et traitement d'une couche sensible. »
Pour le dermatologue, le phototype est également une image photographique… En fonction de l’image qu’il donne de lui et suite à son interrogatoire, le patient sera classé dans la catégorie des sujets mélano-compromis, c’est-à-dire susceptibles de développer un cancer cutané en cas d’exposition aux UV ou bien mélano-compétents, si le risque cancéreux est faible.
La notion de phototype est une notion dont l’on doit rendre la paternité au dermatologue américain Thomas Fitzpatrick. Considéré par certains comme le père de la dermatologie moderne, ce dermatologue a formé des générations de médecins, a révélé les mystères de la pigmentation de la peau humaine du fait de ses expérimentations menées sur la PUVAthérapie (une thérapie qui, comme son nom l’indique, implique l’irradiation du patient par un rayonnement UVA), s’est essayé à la réalisation de crèmes solaires, à l’aide des ingrédients alors à disposition, à chercher à classer les individus par catégories, non pour les stigmatiser, mais pour mieux les protéger. Politiquement correct ou non, Fitzpatrick présente une vérité scientifique… cette vérité est toujours très utile de nos jours, même si des améliorations ont été apportées à son mode de classement (Susanne Astner, R. Rox Anderson, Skin Phototypes 2003, J. Invest. Dermatol. 122, 2, 2004).
Pour établir sa classification, Thomas Fitzpatrick va se mettre à l’écoute de ses patients. La question qu’il leur pose concerne l’état de leur peau et les sensations ressenties 24 heures après exposition (intensité du coup de soleil et douleur associée). Soit le sujet a développé un coup de soleil et aucun bronzage n’a été acquis au bout de 7 jours (ce sujet intolérant au soleil correspond au Phototype I), soit le sujet n’a pas développé de coup de soleil et a développé un bronzage au bout de 7 jours (ce sujet qui supporte parfaitement bien les expositions solaires correspond au Phototype IV). Entre ces deux extrêmes, on trouve un sujet qui réussit à bronzer légèrement au bout de 7 jours, après avoir déclaré un coup de soleil douloureux (c’est le Phototype II) et un sujet qui développe un coup de soleil modéré au bout de 24 heures et un bronzage modéré au bout de 7 jours (c’est le Phototype III). Les sujets de Phototype I et IV sont faciles à repérer car leur histoire est claire et nette. Les sujets de Phototype I savent parfaitement que toute exposition solaire prolongée s’accompagne chez eux de coups de soleil douloureux se traduisant par des cloques et l’obligation de rester alité, dans certains cas, plusieurs jours. Les sujets de Phototype IV, au contraire, considèrent le soleil comme un ami et savent parfaitement que toute exposition se traduira par l’obtention d’une peau hâlée. Les sujets de Phototype II et III sont en revanche plus difficile à distinguer (Fitzpatrick TB, The validity and practicality of sun-reactive skin types I through VI., Arch. Dermatol., 1988, 124, 6, 869-871).
Du point de vue physiologique, parmi les cellules cutanées, on trouve des mélanocytes, c’est-à-dire des cellules chargées de fabriquer un pigment, la mélanine. En réalité, il n’existe pas une seule mélanine, mais bien plusieurs. L’eumélanine est un pigment sombre qui protège la peau en absorbant les UV à la manière d’un filtre. La phaeomélanine, un pigment clair, n’est absolument pas photo-protectrice. Bien au contraire, lorsqu’elle est irradiée par des UV, elle produit des radicaux libres qui engendrent des dégâts au niveau cellulaire. Les individus sont programmés, selon leur phototype, à produire ces deux mélanines en proportions variables.
Selon le phototype, la dose nécessaire pour développer un coup de soleil est plus ou moins importante. Le coup de soleil sur peau noire est difficile à visualiser. On considère, toutefois que la DME (Dose Minimale Erythématogène, soit la plus petite dose d’UVB qui provoque un coup de soleil) pour un sujet noir est 10 à 13 fois supérieure à celle d’un sujet blanc à peau claire.
Du sujet roux, intolérant au soleil, au sujet noir, parfaitement adapté aux ensoleillements intenses, chacun d’entre nous est conscient de sa capacité ou non à brûler ou, au contraire à bronzer. Une fois cette connaissance acquise il ne reste plus qu’à se protéger… en fonction !