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Le général Dourakine, à la fois soigné et soignant !

> 23 juillet 2020

Le général Dourakine, à la fois soigné et soignant !

A l’Auberge de l’ange gardien, tenue par Mme Blidot et sa sœur Elfy, on est toujours bien reçu. La jeune veuve de 26 ans et sa sœur de 17 ont de la bonté à revendre ou plutôt à donner. Aussi dès que le brave Joseph Moutier se pointe-t-il, escorté de deux enfants abandonnés, Jacques, âgé de 6 ans et Paul, 3 ans, trouvés dans la forêt, offrent-elles immédiatement l’hospitalité. Les enfants sont nourris, débarbouillés, soignés avec tendresse. Pas le temps pour Moutier de s’attarder chez ses chères amies, la guerre de Crimée attend sa fougue et sa bravoure. Un petit tour en Russie et voilà Moutier de retour... C’est couvert de gloire et de médailles que notre héros revient au pays. Il a, entre autres, sauvé la vie d’un général russe, le général Dourakine (63 ou 64 ans selon les pages du récit) qui s’est attaché sa personne et s’en est fait un ami. Dans cette jolie histoire que l’on lit et relit avec bonheur, il y a aussi des méchants, en particulier les Bournier, qui tentent d’assassiner le général et martyrisent un pauvre bougre du nom de Torchonnet.

Dans ce roman, il y a des coups de poings, des blessures, des colères, des baumes pour panser les plaies, du vinaigre pour contrer les évanouissements ; il y a des pleurs, il y a de la joie. Il y a la vie vue par la comtesse de Ségur.

Un général séquestré

Lorsque le général est séquestré par la famille Bournier, il n’est pas à la noce ; une grêle de coups de poing s’abat sur son visage. Le sang coule. Les deux sœurs lui nettoient le visage, Moutier veille ensuite filialement sur son sommeil.

Un général blessé et soigné

Pour accélérer la cicatrisation de ses blessures de guerre, le général se rend aux eaux de Bagnols avec le fidèle Moutier. La cure dure 3 semaines. Elle constitue l’occasion de faire la connaissance avec Jacques Dérigny, le père de Jacques et Paul.

Un général « à soigner »

Lorsque le général se met en colère, c’est quelque chose. Toute son âme russe se rappelle à lui. Ainsi, lorsqu’il fouette un Torchonnet, convaincu de vol, il se croit revenu dans sa propriété de Gromiline en Russie. Le knout, ni plus ni moins. Une fois arraché des mains du général, Torchonnet est confié aux bons soins du curé qui s’empresse d’appliquer sur ses plaies du vin et de l’huile, « le baume du Samaritain de l’Evangile ». Celui-ci s’avère rapidement efficace.

Un général soignant

Lorsque Jacques Dérigny tombe évanoui en retrouvant ses enfants, le bon général use de moyens radicaux pour le faire revenir à lui : « des claques dans les mains à lui briser les doigts », de la « fumée de tabac à suffoquer un ours », de « l’eau sur la tête à noyer un enfant »... Le général, devenu médecin, manque tout de même de bienveillance à l’égard de son patient. Devant l’échec de ces tentatives, le curé prend la relève et fait coucher le pauvre homme bien à plat. Il lui fait ensuite bassiner le front et les temps avec du vinaigre ; une tasse de café vient réconforter enfin le brave père, revenu à la vie.

Après toutes ces péripéties, place au bonheur, place aux mariages, celui de Moutier et d’Elfy ; celui de Jacques Dérigny et de Mme Blidot. Des noces assorties de repas pantagruéliques, sources d’indigestions : un convive qui manque de mourir et le notaire qui « fut 3 jours hors d’état de faire le moindre acte. » Pas de remède à cela, sinon une diète sévère afin de retrouver un bel appétit !

Bibliographie

1 Comtesse de Ségur, L'auberge de l'ange gardien, Hachette Ed., 1980, 253 pages

 

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