> 17 février 2017
En cuisine, le hasard fait souvent bien les choses. C’est tout du moins ce que laisse croire un certain nombre d’histoires culinaires savoureuses.
En pays nantais, tout le monde connait l’histoire de Clémence Lefeuvre et de sa sauce qui aurait mal (ou trop bien, c'est selon les points de vue...) tourné. Le beurre blanc vit ainsi le jour. Une maladresse des sœurs Tatin conduisit à une tarte, à l’allure peu orthodoxe, l’erreur d’un confiseur à un bonbon qui porte bien son nom - la bêtise -, l’échec lors de la réalisation d’un granola à un classique du petit-déjeuner américain, les corn-flakes... Les exemples, pas tous bien vérifiables, abondent.
Dans le domaine cosmétique, en revanche, il est rare de se vanter d’avoir mis au point un cosmétique en laissant faire le pur hasard. Les marques, de manière générale, évoquent plutôt que leurs produits sont le fruit, longtemps mûri, d’une recherche scientifique poussée et rationnelle. Les cosmétiques sont, bien souvent, présentés comme le résultat de « l’aboutissement de 10 ans de recherches », bardés de x brevets ou d’autres expressions similaires.
L’autobronzant est l’exception qui confirme la règle. C’est bien par hasard que l’on a découvert sa capacité à teinter la peau. L’actif en question, la dihydroxyacétone (DHA), est utilisée dans les années 1920 comme substitut du glucose chez les diabétiques. Dans les années 1950, on constate que la peau des enfants auxquels on a administré ce médicament et qui s’en sont un peu barbouillés la face prend une teinte orangée. De l'observation de cet effet indésirable, va naître une catégorie de cosmétiques dans l’air du temps. La DHA stoppe alors sa carrière médicale et entame une carrière cosmétique, sous les sunlights.
Après des siècles passés à rechercher la meilleure solution pour conserver et/ou obtenir un teint pâle, les goûts ont changé, diamétralement changé. C’est désormais une peau hâlée, tannée par le soleil qui est convoitée. Le bronzage ne convient, cependant, pas à tout le monde. La solution pour être bronzé toute l’année sans subir les désagréments des expositions ultra-violettes consiste désormais à utiliser un autobronzant, autrement dit un cosmétique contenant un actif (la DHA) qui, en réagissant avec les acides aminés présents à la surface cutanée, permet la formation de complexes colorés. Cette réaction, qui dépend du pH cutané et de la composition en acides aminés présents au niveau épidermique, est très personnelle. On peut donc considérer l’autobronzant comme un fond de teint qui est généré in situ au moment où il entre en contact avec la peau.
A chacun sa couleur donc ! D’un point de vue toxicologique, la DHA fait preuve d’une totale innocuité.