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En 2022, dans « Soleil vert », on s’émerveille devant un simple bout de savon rose !

> 08 septembre 2023

En 2022, dans « Soleil vert », on s’émerveille devant un simple bout de savon rose !

Le film d’anticipation Soleil vert,1 sorti sur les écrans en 1973, nous entraîne à New-York, en une lointaine année (pour l’époque !)… 2022 !

Pour le réalisateur du film, Richard Fleischer, qui s’est d’ailleurs inspiré du roman éponyme d’Harry Harrison, 2022 est une année comme les autres - comme il y en a depuis un certain temps - pour les Américains. La ville de New-York est saturée de population. Les gens s’entassent dans les cages d’escalier des immeubles populaires. Les églises ne sont plus des lieux de culte, mais des lieux d’hébergement, où les plus démunis s’empilent dans une redoutable promiscuité. Un sac de couchage à même les dalles. Des lits rustiques superposés !

La police tente de mettre bon ordre dans une situation parfaitement chaotique.

Un espace vital réduit, presque plus d’eau à disposition, une chaleur qui règne en maître toute l’année, une alimentation réduite à l’absorption de plaquettes (les fameux « soleils verts »), composées, nous dit-on, de plancton.

Les plus nantis, bien évidemment, s’en sortent un peu mieux. Leurs immeubles constituent des havres de paix dans un univers surchauffé, surpeuplé. Ces nantis peuvent encore faire venir de la campagne de vrais aliments, des tomates, du bœuf… Les salles de bain sont comme celles d’antan. Du robinet coule une eau transparente et abondante. Les cosmétiques sont là aussi.

On comprendra, dans ces conditions, que lorsque le détective Frank Thorn (alias Charlton Heston) vient enquêter sur la mort de l’un des dirigeants de l’entreprise agro-alimentaire qui fabrique les fameux « soleils verts » (il s’agit d’un certain William Simonson), la vue d’un simple savon rose, posé négligemment sur le rebord d’un lavabo, constitue un évènement marquant. William Simonson, en tant que chef d’entreprise, est, bien entendu, de la classe des privilégiés - du moins jusqu’à ce qu’il soit assassiné - ce qui explique la richesse de son appartement.

En 2022, pour Richard Fleischer, c’est le cauchemar permanent. L’euthanasie se pratique, au quotidien. Les émeutes sont le lot commun. La ville bétonnée ne laisse plus un seul pouce à la nature. L’eau est contingentée. Les cosmétiques constituent des produits d’ultra-luxe, réservés à la classe dirigeante.

En 2022, on y est... et même un peu plus ! La situation n’est pas aussi désespérée que prévue dans le film. Et pourtant, il y a des éléments qui font penser que…

A regarder, à méditer, tant que l’on a encore du savon rose à disposition pour nous réjouir les sens !

Bibliographie

1 https://fr.wikipedia.org/wiki/Soleil_vert

 

 

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