Nos regards
Des cubes bains pétillants et… thérapeutiques (oh !)

> 11 août 2017

Des cubes bains pétillants et… thérapeutiques (oh !) Le savon est obtenu par saponification d’un corps gras par une base forte (voir https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/le-savon-quesaco-72/). Il est produit et utilisé depuis l’Antiquité à des fins d’hygiène.

Au XIXe siècle, le savon possède une triple casquette, à la fois produit ménager (on lave le sol et le linge avec), cosmétique (il permet de nettoyer visage et corps) et médicament !

C’est le Dr Ignaz Philip Semmelweis (1818 - 1865) qui a mis en évidence l’importance du lavage des mains des médecins dans la prévention de la fièvre puerpérale, cause, à son époque, de nombreux décès. Il constate, toutefois, qu’un simple lavage à l’eau et au savon, s’il est nécessaire, n’est pas suffisant et qu’il faut lui adjoindre un antiseptique, tel que la chlorine.

La comtesse de Ségur (1799 - 1874), nous propose, quant à elle, dans « La santé des enfants » paru en 1856, 3 applications principales pour le savon : les convulsions (« mettez-lui le plus tôt possible les pieds dans un bain d’eau de savon […]), les croûtes au visage (« La tête de l’enfant, de même que tout le corps, doit être lavée à grande eau et savonnée tous les jours. C’est un préjugé de bonne femme, de craindre l’humidité à la tête et le savon pour la peau ») et les brûlures (« Si l’enfant se fait une brûlure, soit par l’eau bouillante, soit par le feu, râpez immédiatement du savon blanc dans un peu d’eau, mêlez bien jusqu’à ce que le savon soit fondu et qu’il fasse une pâte de l’épaisseur du cérat ; appliquez un paquet de ce savon sur la brûlure ; maintenez-le avec une bande de linge ; au bout de cinq minutes la douleur disparaitra »).

Le célèbre dermatologue Paul Gerson Unna (1850 – 1929), ne se contente pas, lui non plus, de souffler des bulles de savon ; il élève ce produit au rang d’excipient. L’ichtyol, l’acide salicylique, le soufre ou encore le résorcinol sont incorporés dans un savon pour en faire une forme galénique originale.

Depuis, le savon se cantonne au domaine des cosmétiques pour la simple et bonne raison que sa fonction unique est de nettoyer la peau, une fonction on ne peut plus cosmétique. Comme nous l’avons déjà indiqué dans le Regard « Au fait, c’est quoi un cosmétique ? » (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/au-fait-c-est-quoi-un-cosmetique-172/), ce dernier ne peut ni guérir ni prévenir une pathologie.

Pourtant, on trouve, sur le marché, un certain nombre de savons qui ne savent pas trop où donner du « statut ». Cosmétiques ou médicaments, ces savons hésitent et leurs argumentaires sont loin d’être clairs.

Jane produit des produits bien étonnants. Présentés comme des savons, leur composition laisse, cependant, penser qu’il s’agit de poudres effervescentes compressées.

L’association d’un acide (acide citrique) et d’une base (bicarbonate de sodium) permet de produire, en présence d’eau, un dégagement gazeux ou phénomène d’effervescence...

Les allégations des cubes « détox, courbatures, sommeil, anti-stress, hiver et rhume » (http://www.climsom.com/fra/pack-6-cubes-effervescent-bain-jane.php?codeoffer=Pack6CubesJane#tabs) ne correspondent pas du tout à des allégations cosmétiques. Détoxifier l’organisme, traiter des courbatures, favoriser le sommeil, calmer le stress, combattre un rhume ne relèvent absolument pas du rôle du cosmétologue mais bien plutôt de celui du pharmacien et du médecin. Ce n’est pas parce que les comprimés effervescents sont des formes galéniques faciles à utiliser et agréables d’emploi, qu’il faut croire que tout ce qui produit des bulles est un médicament...

Tout comme les bulles de savon, les bulles des galets effervescents et les bulles de champagne génèrent de beaux moments de joie. Pourtant ni le savon, ni les galets effervescents, ni le champagne ne sont des médicaments ! Qu’on se le dise !

Retour aux regards