Nos regards
Une simple histoire de coups de soleil chez une rousse flamboyante !

> 23 juillet 2018

Une simple histoire de coups de soleil chez une rousse flamboyante ! Cécile, Raymond, Elsa et Anne sont réunis dans « une grande villa blanche, ravissante. » pour l’été. Autant les prévenir tout de suite, l’animation de l’été, un jeu de chaises musicales, va exclure l’un d’eux d’une vie basée essentiellement sur le farniente.

Raymond, la quarantaine triomphante, enchaîne aventure sur aventure avec la bénédiction de sa fille Cécile, une jeune fille de 17 ans, qui découvre auprès de ce père-copain une vie de plaisirs faciles. Les conquêtes successives laissent le champ libre à Cécile qui règne sur le cœur paternel de manière exclusive.

Le soleil est omniprésent dans ce roman. Il « déplisse » la peau de Cécile des « marques de drap ». Raymond et Cécile sont véritablement tanorexiques. Chaque jour, direction la plage ou un bois de pins voisin de la villa pour des séances de bronzage XXL. Progressivement, ils prennent « une couleur saine et dorée ». Notons au passage que ce roman rédigé dans les années 1950 fait écho à l’idée alors en vigueur que le soleil est un bon médecin (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/sous-le-soleil-exactement-l-heliotherapie-209/).

Avec un bon tube de crème solaire 50+, avec un bon pot d’autobronzant, point de roman... Nous nous expliquons !

Elsa, une « grande fille rousse, mi-créature, mi-mondaine » « rougit et pèle dans d’affreuses souffrances ». Comme tout sujet de phototype I (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/qu-est-ce-que-le-phototype-685/) Elsa « brûle toujours et ne bronze jamais ». Elle ne supporte pas le Soleil (elle est dans un « état lamentable ») et doit donc se protéger avec un produit solaire d’indice élevé. Inutile de s’enduire d’huile, celle-ci n’est pas efficace. Son « visage cramoisi par les coups de soleil » entre en compétition avec la sublime Anne, une femme élégante, délicate, intelligente au « visage soigné et net ». Anne et sa « taille mince, ses jambes parfaites » a plus d’un atout dans son jeu. « Elle n’avait contre elle que de très légères flétrissures ». Le cœur de Cécile penche pourtant du côté d’Elsa, en qui elle reconnaît bien une étoile filante peu dangereuse. Elle invective son père qui, de jour en jour, marque une préférence marquée pour Anne. « Tu amènes une fille rousse à la mer sous un soleil qu’elle ne supporte pas et quand elle est toute pelée, tu l’abandonnes. C’est trop facile ! ». Journées éprouvantes à la plage, soirées douloureuses en boîtes de nuit, Elsa se décompose. Son « rimmel » fond (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/le-mascara-entre-savon-et-emulsion-son-coeur-balance-124/), sa poudre s’élimine de son visage laissant apparaître un masque pitoyable.

Lorsqu’Elsa quitte la villa du Soleil, elle va se refaire une santé auprès de Juan. Hydratation et pose d’un autobronzant sont venus, à notre avis, à bout de son teint vermillon. « Elle était enfin hâlée, d’un hâle clair et régulier, très soignée, éclatante de jeunesse. » « Toute dorée et rousse », la belle Elsa peut faire cascader la vertu au son de son « rire extraordinaire ».

Ajoutons enfin que le « parfum familier d’eau de Cologne, de chaleur, de tabac » qui imprègne la peau de Raymond est un parfum photo-sensibilisant (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/l-eau-de-cologne-d-ici-ou-d-ailleurs-175/) (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/soleil-et-parfums-ne-font-pas-bon-menage-288/). Gare aux taches pigmentaires qui vont fleurir bientôt sur la peau de ce play-boy !

« Bonjour tristesse » (F. Sagan, Julliard, 1971, 180 pages) est un roman d’été qui se dévore en une journée, bien protégé des rayons du soleil, à Juan-les-Pins ou ailleurs... Tenons compte des déboires de la pauvre Elsa et pensons à protéger notre peau des effets délétères du rayonnement ultra-violet.

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