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Une histoire de blonde décolorée !

> 27 mai 2023

Une histoire de blonde décolorée !

C’est l’histoire de deux couples… Un écrivain à succès (Jeffrey Curtain) et une actrice en passe de trouver le succès (Roxanne Milbank), l’ami de Jeffrey, Harry Cromwell et sa femme, Kitty. Pendant que les uns nagent dans le bonheur, les autres se déchirent à plaisir et finissent même par divorcer.1 Et puis, il y a une fêlure et le camp des gens heureux bascule dans celui des gens malheureux. Pas facile de trouver le bonheur au pays de Fitzgerald !

Mrs Kitty Cromwell, la vie en rose

Une femme jugée « superficielle », par Jeffrey. Une femme, qui vit dans une maison « d’un rose suranné, rose bonbon », « vulgaire et odieux ». La « quintessence de la rositude » est atteinte dans la chambre de la maîtresse de maison.

Une femme, drapée dans un peignoir « rose et noir », aux cheveux blonds, « d’un jaune que Roxanne imaginait ravivé toutes les semaines par un soupçon d’eau oxygénée au moment du rinçage. »

Mrs Cromwell est sale… La teinte de son peignoir évolue du noir (en bas, il est couvert de poussières), au rose. La nuque de Mrs Cromwell est « crasseuse » ! Sa penderie héberge, toutefois, tout un lot de vêtements « propres », « impeccables » !

Le fils de Mrs Cromwell, George, est sale. Il est aussi « crasseux » que sa mère et mériterait un bon débarbouillage. C’est son père, Harry, qui se charge, le plus souvent de lui faire prendre « son bain » !

Mrs Roxanne Milbank, la vie en gris

Une jeune femme adorable, parfaite maîtresse de maison, qui aime fabriquer des gâteaux… et qui les ratent !

Une femme, dont le destin bascule le jour où un petit caillot de sang se coince dans le cerveau de Jeffrey, le transformant en légume. Désormais, Roxanne sera tout pour lui. Une épouse, une amie, une infirmière, qui s’occupe, chaque matin, de sa toilette. « Tous les matins, elle le rasait et le baignait, le faisait passer elle-même de son lit à son fauteuil et inversement. » Et cela, avec un total dévouement, pendant 11 ans.

La lie du bonheur, en bref

Chez Francis Scott Fitzgerald, il faut boire son verre le plus vite possible, en évitant d’aller jusqu’au fond, là où se dépose la lie. Le bonheur se paye toujours au prix fort. Pas vraiment le thème classique d’une histoire de blonde ! Pas étonnant… on est chez Fitzgerald !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour.

Bibliographie

1 Fitzgerald F.S., La lie du bonheur in L’étrange histoire de Benjamin Button, Gallimard, 2022, 101 pages

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