Nos regards
Un barbier aux multiples talents, c’est Figaro évidemment !

> 26 janvier 2020

Un barbier aux multiples talents, c’est Figaro évidemment !

Figaro est un barbier aux multiples talents.1 Il sait aussi bien parler à l’oreille des chevaux - il a, effectivement, débuté sa carrière comme garçon apothicaire dans les haras d’Andalousie (« Je vendais souvent aux hommes de bonnes médecines de cheval... »), que manier plumes ou rasoirs avec dextérité («  [...] fatigué d’écrire, ennuyé de moi, dégoûté des autres, abîmé de dettes et léger d’argent : à la fin convaincu que l’utile revenu du rasoir est préférable aux vains honneurs de la plume [...] ») dans sa boutique « peinte en bleu, vitrage en plomb, trois palettes en l’air ». Sa devise « Par l’intelligence et la main » montre à quel point la conversation de Figaro doit être édifiante.

Après avoir pas mal roulé sa bosse, notre barbier, qui raffole de faire « la barbe à tout le monde », atterrit dans la belle ville de Séville. Il s’y trouve confronté à un curieux triangle amoureux, composé d’un barbon (Bartholo), médecin de son état, d’une jeune orpheline répondant au doux nom de Rosine (« la plus jolie petite mignonne, douce, tendre, accorte et fraîche, agaçant l’appétit, pied furtif, taille adroite, élancée, bras dodus, bouche rosée, et des mains ! des joues, des dents ! des yeux !... ») et d’un mystérieux galant qui se cache sous le nom de Lindor. Ce dernier est en réalité le comte Almaviva, un grand seigneur qui se déplace incognito afin d’être aimé pour lui-même et non pour ses écus.

Figaro est au cœur de l’intrique, puisqu’il réside chez le docteur Bartholo, ce vieux monsieur bien décidé à épouser sa pupille Rosine ; il est, tour à tour, son barbier, son chirurgien, son apothicaire... et donne à qui mieux mieux des coups « de rasoir, de lancette ou de piston ». Pour pouvoir arriver à ses fins, et dégager la place, il distribue narcotique et sternutatoire aux domestiques qui aident Bartholo à veiller à la bonne tenue morale de la fraîche Rosine. Figaro purge, saigne, drogue autant qu’il rase !

Il y a chez Beaumarchais de l’humour pas vraiment drôle (le comte appelle le docteur « Barbe à l’eau » au lieu de Bartholo), des messes basses en veux-tu en voilà, des évanouissements opportuns (« L’usage des odeurs... produit ces affections spasmodiques. »), une fin qui ravit les âmes romantiques.

Figaro est le spécialiste du rasoir. Sûr, il nous a bien rasé.

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour ce barbier qui donne envie d'aller se faire raser la tête !

Bibliographie

1 de Beaumarchais P.A. Le barbier de Séville ou La précaution inutile, Gallimard, 2017, 202 pages

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