Nos regards
Un amour d’enfant qui mérite quand même un bon savonnage !

> 06 août 2020

Un amour d’enfant qui mérite quand même un bon savonnage !

Léontine et Victor de Gerville sont d’une faiblesse coupable à l’égard de leur fille Gisèle qui, à 10 ans, se comporte comme un vrai petit diable.1 Tout le monde les met en garde contre une méthode éducative déplorable. Rien n’y fait... Les bêtises de Gisèle sont excusées, ses impertinences ne sont pas relevées. On aimerait lui savonner la bouche pour n’en faire sortir que de bonnes paroles, bien propres, bien nettes. Malheureusement, les parents, envoûtés par cet « amour d’enfant », ne voient pas le danger d’une éducation qui n’offre aucun garde-fou.

La comtesse sort ses pains de savon à l’occasion de ce nouveau roman. Elle s’applique à faire nettoyer les robes et les mains des petites filles. Peu d’évanouissements traités simplement à l’eau fraîche, pas de vinaigre ni d’alcali, à l’horizon. Pas de sinapismes, de potions, de baumes, de saignées... Nos protagonistes sont en parfaite bonne santé, si l’on exclut une pathologie un peu particulière, une faiblesse maladive vis-à-vis des caprices d’enfant !

Du savon pour nettoyer les vêtements

La bonne de Gisèle passe son temps à « savonner » les vêtements de sa jeune maîtresse (« La bonne savonnait dans un cabinet à côté [...] ») et ceux de sa poupée (la bonne réalise « un savonnage pour sa poupée »).

Du savon pour nettoyer les menottes des enfants

Gisèle n’est pas la seule à faire des bêtises ; lorsque sa cousine Isabelle décide de laver à grande eau sa petite chaise en velours bleu, les mains de la petite fille en prennent un coup. « Tu vas aller bien vite mettre une autre robe et te savonner les mains. »

De faux cheveux un peu ridicules

M. Tocambel, vieil ami de la famille, fait l’objet de moqueries de la part de Gisèle, qui souhaite ainsi blesser celui qui, plein de bon sens, dénonce la manière dont elle est éduquée par Léontine et Victor. Sa perruque est malmenée par Gisèle ! Quelle détestable enfant !

De vrais cheveux franchement ridicules

Lorsque Gisèle est invitée pour une petite fête chez ses cousins, Georges et Isabelle, voilà qu’elle se met en tête de se faire coiffer par un coiffeur, comme une grande personne. Léontine résiste à cette idée saugrenue. Victor, en revanche, cède, une fois de plus... Le coiffeur est convoqué (« Joseph, allez vite chez un coiffeur, un bon coiffeur, le meilleur du quartier [...] »). Celui-ci accourt effectivement et voyant le genre de clientèle qui l’a fait venir, il réalise une coiffure extravagante, avec une énorme couronne de « roses blanches, de muguets et de lilas », prolongée d’une traîne de rubans. L’ensemble est franchement ridicule et déclenche des tonnerres de rires.

Comment transformer une aimable petite fille en véritable monstre ? La bonne grand-mère qu’est la comtesse de Ségur nous en donne la recette ici. Pas d’infusion, de décoction, de gouttes nécessaires. Une faiblesse maladive suffit !

Bibliographie

1 Comtesse de Ségur, Quel amour d’enfant, Hachette, bibliothèque rose, 1980, 256 pages

 

Retour aux regards