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Le petit savon d’une chaîne hôtelière, la star d’un roman d’espionnage !

> 13 octobre 2022

Le petit savon d’une chaîne hôtelière, la star d’un roman d’espionnage !

Tout commence à Levallois-Perret en France à l’institut de cryogénie (y sont mis au point des ventilateurs ultra-puissants) et tout finit à Cap Canaveral, en Floride.1 Un chaud et froid ou un froid et chaud de compétition pour le jeune agent secret, sorti de l’imagination d’un certain Lieutenant X. Langelot, le jeune agent du Service national d'information fonctionnelle (SNIF), est sur la piste d’un drôle d’individu qui transporte dans ses bagages un ventilateur destiné à refroidir la cabine d’une fusée à destination de Mars. Si le ventilateur est trafiqué, le cosmonaute périra dans d’atroces souffrances et la fusée explosera en plein vol... Pas de panique... Langelot est là qui va œuvrer dans l’ombre afin de venir au secours de nos amis américains !

Un départ précipité et une eau de Cologne de grande classe !

Quand une nouvelle aventure s’amorce, pas question de faire poids mort. Pistant un certain M. Bully de l’institut de cryogénie, Langelot se retrouve, sans crier gare, à l’aéroport. Charge à ses collègues de lui livrer « un passeport » plus vrai que nature, « un billet et une brosse à dents ». Et du coup... une petite enquête rapide menée sur ce M. Bully s’avère fructueuse. Pas plus Bully que vous et moi, ce brave homme qui se nomme en réalité Wallace G. Sharman...

C’est le lieutenant Charles qui est délégué sur place pour apporter à Langelot tout son nécessaire de toilette. Et Langelot de repartir avec un nouveau passeport (il s’appellera durant cette mission Pierre-Louis Crépon) et une valise bien remplie. « Cette mallette contient une brosse à dents, un rasoir dont tu n’as que faire, une paire de pantoufles pour les heures creuses et des instructions [...] », des vêtements et une « eau de Cologne de grande classe » ! Au sujet du « tube dentifrice » fourni, il est bon de préciser que le tube est déjà « entamé » et qu’il a été choisi avec amour par les supérieurs hiérarchiques de Langelot qui ont fait attention à choisir sa « marque préférée ».

Une rencontre providentielle et un journaliste un peu bavard

Dans un bar, Langelot croise un journaliste sympathique, David P. Graham, venu pour couvrir un évènement planétaire, le prochain vol dans l’espace de Frank Hordon... un cosmonaute qui vient tout juste de convoler en justes noces.

Un climatiseur saboté et un complet marron

Dans cette histoire, il y a un affreux méchant (Wallace Sherman) en « complet marron », bien décidé à couler la firme de climatiseurs Foster (en sabotant ce climatiseur on provoque la mort du cosmonaute et l’anéantissement du voyage dans l’espace).

Une jeune secrétaire et son rouge à lèvres audacieux

La jeune secrétaire de la firme Foster qui introduit Langelot auprès de son PDG est une charmante « jeune femme aux cheveux blonds platinés, aux sourcils épilés », vêtue d’un tailleur impeccable. Son nom : Debbie Pink ! Une jeune femme qui semble très « artificielle » avec sa « bouche exagérément maquillée ».

Une riche héritière et une bonne couche de cirage noir

Ah, au fait. Le PDG de la firme Foster est mort il y a quelques mois, laissant derrière lui une jeune actionnaire de moins de 21 ans... sa fille, Jean (à prononcer comme suit : « Djine » !). Une jeune fille prise dans une sorte de toile d’araignée ; une jeune fille prisonnière de l’affreux Sharman. Heureusement pour elle, Langelot est là qui veille au grain et arrive à faire sortir Jean de sa maison-prison. Un peu de « cirage noir » sur les bras et le visage, une « perruque à cheveux lisses » du plus beau noir... et Jean se métamorphose en Fanny, la petite bonne noire.

Une fois sortie de ce guêpier, Jean n’a plus qu’à retirer sa perruque et à se « débarbouiller ». « Jean ressortit des toilettes, lavée, blonde à nouveau et portant un petit tailleur rose bonbon. »

Une drôle de baignoire qui ne fonctionne pas comme les autres

Il est possible d’être hébergé chez la tante de Jean. Langelot y découvre une drôle de baignoire, « où l’eau s’élevait à partir du fond au lieu de ruisseler à partir du haut ». Un « bain frais » et ça repart !

et de drôles de drugstores

qui font « pharmacie à un bout » et « fontaine de soda » à l’autre !

et de drôles de passeport

Et un escroc de dire : « Les passeports, mon petit gars, ça se maquille. »

et de drôles d’hôtels

disposant de salles de bain très étranges. Dans sa salle de bain, Langelot s’interroge. Il entend des pas... Les ennemis approchent. « Valait-il mieux s’embusquer dans la baignoire et utiliser le rideau de douche comme un filet de gladiateur » ou foncer tête baissée hors de la chambre ? Ni l’une ni l’autre des solutions. C’est l’armoire à pharmacie, qui, avec sa fente permettant de jeter les « lames de rasoir usagées », va sauver le célèbre agent secret. Rappelons que dans ce type d’hôtel les armoires à pharmacie de deux chambres contigües se font face. Imaginons qu’un brave type soit en train de se regarder dans la glace... il est alors possible de lui faire passer une sorte de SOS ! Pour se faire, Langelot arrache « le papier qui recouvre la savonnette fournie par l’hôtel » et écrit dessus en hâte : « Help » ! Si le petit papier vous est arraché des mains par un grand costaud, c’est gagné. Effectivement, le message une fois lu voilà une sorte d’hercule en pyjama et « grosses lunettes de soleil » qui déboule dans la mêlée, qui écrabouille les méchants et sauve la situation.

Et un commanditaire à l’allure gélatineuse

Celui qui tire les ficelles, un certain Sidney, est surnommé « La gélatine » ! C’est lui qui a décidé de faire exploser la capsule en direction de Mars.

Langelot et les cosmonautes, en bref

Rafraichissant, assurément cet opus consacré à un gang bien décidé à couler une firme de climatiseurs. Tout va très vite. On apprend que le bel hercule en pyjama et lunettes noires est le cosmonaute qui a failli grillé dans sa capsule. On apprend que tout va rentrer dans l’ordre bien gentiment... Dans ce Langelot, les secrétaires sexy s’épilent les sourcils, les jeunes filles de bonne famille se maquillent pour échapper à leur destin et les agents secrets se brossent les dents consciencieusement, chaque soir ! Avec le lieutenant X, même le petit savon emblématique des chaînes hôtelières joue un rôle de premier ordre, c’est vous dire la passion du lieutenant X pour les cosmétiques !

Bibliographie

1 Lieutenant X, Langelot et les cosmonautes, Bibliothèque verte, Hachette, 186 pages

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