> 18 avril 2022
Utilisée autrefois en médecine traditionnelle pour traiter les contusions, les fractures et les blessures,1 la petite marguerite, plus connue sous le nom de pâquerette, permettait de réaliser des préparations topiques, capables de faire « fondre les tumeurs scrofuleuses », en association avec l’armoise, ou bien des préparations destinées à la voie générale (une simple solution de jus de pâquerette pilée), destinées à traiter les plaies localisées au niveau de la tête et/ou de la poitrine.2 Cicatrisant des parties hautes du corps humain, poussant au ras du sol (d’où l’expression au ras des pâquerettes), cette petite fleur de la famille des Astéracées (anciennement Composées) est peu utilisée dans le domaine cosmétique à l’heure actuelle. Toujours belle (Bellis perennis) selon les latinistes, elle devrait, si l’on en croit son nom, contenir des trésors d’actifs cosmétiques. Qu’en est-il vraiment ?
Bellis perennis, pour l’inventaire européen
A l’inventaire européen, l’extrait de fleur de pâquerette (nom INCI : bellis perennis extract) émarge dans la catégorie des « conditionneurs cutanés ».3 Autant dire que l’on ne sait pas trop... quoi en dire. Cette catégorie fourre-tout, qui traduit le fait que l’extrait possède une affinité pour la kératine, ne nous révèle pas grand chose.
Bellis perennis, un effet protecteur vis-à-vis des UVA mis en évidence in vitro
Une étude brésilienne parue en août 2021 classe la jolie petite pâquerette (la Daisy des Anglais) dans la catégorie des plantes exploitables dans le domaine de la protection solaire. Les tests réalisés in vitro concernent l’effet protecteur d’un extrait de pâquerette utilisé à la dose de 1 %. Ne nous voilons pas la face, les cultures de kératinocytes (HaCaT cell line) soumises à un rayonnement UVA pendant une période de 24 heures ne sont guère à la fête. La viabilité cellulaire en berne... les radicaux libres en hausse ! Rien ne va plus ! Traitons maintenant nos petits kératinocytes par un extrait de pâquerette... tout change. Baisse du taux de radicaux libres, augmentation de la teneur en substances anti-oxydantes... Tous les indicateurs semblent être au vert, au point de faire rêver certains chercheurs. Effeuiller la pâquerette dans un produit de protection solaire baptisé cosméceutique... une idée qui fait son chemin sur le nouveau continent.4 Pour notre part, il nous semble prématuré de crier victoire à partir des résultats d’une seule étude.
Bellis perennis, un effet cicatrisant démontré sur modèle animal
L’extrait de pâquerette est connu depuis une dizaine d’année comme étant un agent cicatrisant sur modèle animal. Les rats ayant subi une excision traitée par une pommade hydrophile renfermant cet extrait (une application par jour pendant 30 jours) cicatrisent mieux que l’échantillon de rats témoins traités avec l’excipient seul.5 Là encore, d’autres études seraient les bienvenues afin de confirmer la chose.
La pâquerette, en bref
Une plante peu exploitée dans le domaine cosmétique. Retrouvée dans les produits Kneipp6 et Gifrer,7 la petite pâquerette se fait discrète dans les cosmétiques du commerce. Présentée comme un actif éclaircissant par la marque Condensé, la pâquerette émarge en tête de liste d’un sérum teint parfait.8 Le macérat huileux, réalisé à la maison est, nous dit-on, le top en matière de raffermissement du buste.9 Pour nous, pas de quartier, la pâquerette sera passée par le filtre d’un fournisseur d’ingrédients cosmétiques, avant de venir se baigner dans notre crème de jour, notre sérum de nuit, notre mousse nettoyante...
Bibliographie
1 Karakaş FP, Karakaş A, Boran Ç, Türker AU, Yalçin FN, Bilensoy E. The evaluation of topical administration of Bellis perennis fraction on circular excision wound healing in Wistar albino rats. Pharm Biol. 2012 Aug;50(8):1031-7
2 https://www.persee.fr/doc/linly_0366-1326_1946_num_15_8_8288
3 https://ec.europa.eu/growth/tools-databases/cosing/index.cfm?fuseaction=search.details_v2&id=87255
4 Souza de Carvalho VM, Covre JL, Correia-Silva RD, Lice I, Corrêa MP, Leopoldino AM, Gil CD. Bellis perennis extract mitigates UVA-induced keratinocyte damage: Photoprotective and immunomodulatory effects. J Photochem Photobiol B. 2021 Aug;221:112247
5 Karakaş FP, Karakaş A, Boran Ç, Türker AU, Yalçin FN, Bilensoy E. The evaluation of topical administration of Bellis perennis fraction on circular excision wound healing in Wistar albino rats. Pharm Biol. 2012 Aug;50(8):1031-7
6 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/la-rosee-source-de-beaute-199/
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