> 05 janvier 2020
En ce 5 janvier 2020, on fête l’Epiphanie pour faire mémoire d’un Dieu, petit enfant, qui se donne à voir, dans sa grande vulnérabilité, aux puissants de ce monde.1 Dans son livre des merveilles, Marco Polo nous fait découvrir Gaspard, Balthazar et Melchior, prosternés devant l’Enfant Jésus. Ils ne sont pas venus les mains vides, bien évidemment. S’Il accepte l’or, se sont-ils dit, cet enfant sera roi, s’Il accepte l’encens, ont-ils pensé, cet enfant est vraiment Dieu, s’Il accepte la myrrhe, ont-ils affirmé, cet enfant sera médecin. L’enfant de treize jours ayant accepté les trois cadeaux, ils en conclurent que le nouveau-né qui leur souriait était « vrai dieu, vrai roi et vrai médecin. »2
La myrrhe est une « gomme-résine qui découle d’un arbre », « nommé Balsamodendron myrrha » pour certains et « Commiphora abyssinica », pour d’autres.3
La myrrhe exsude de l’écorce de l’arbre ; on la recueille tout particulièrement en janvier, « lorsque les boutons paraissent après les premières pluies, et en mars, quand les graines sont mûres ». Cette gomme–résine se présente sous forme de « masses irrégulièrement arrondies de grosseurs variables ». Les plus grosses ont la taille d’un œuf. A partir de cette résine, on peut obtenir par distillation une huile essentielle.4
Les propriétés thérapeutiques de l’encens et de la myrrhe sont connues, approximativement, depuis le troisième millénaire avant Jésus-Christ. Ces deux matières premières sont utilisées aussi bien pour la réalisation de parfum que d’onguents et autres baumes destinés à la momification des défunts. Le papyrus d’Eber (1500 ans avant notre ère) ne manque pas de répertorier la myrrhe comme un principe actif utile dans le cas du traitement des plaies cutanées. Les Sumériens exploitent, quant à eux, les propriétés antiseptiques de ces deux matières premières. La myrrhe, en particulier, est destinée à aseptiser la cavité buccale, ainsi que le tractus digestif (et ceci à des fins vermifuges).5 Le médecin persan Avicenne, bien des siècles plus tard, recommande l’application de préparations topiques à base de myhrre, d’ail ou de moutarde afin de calmer les maux de tête.6
Parfum, ingrédient nécessaire à la conservation des corps, agent cicatrisant (on dit que les soldats grecs ne seraient jamais partis en campagne sans leur provision de cataplasme de myrrhe afin de panser leur blessure),7 agent antiseptique ou bien encore antimigraineux… la myrrhe est présentée comme ayant de nombreuses vertus.
Au XVIIIe siècle, elle est incorporée dans un élixir mis au point par Joseph Garrus. Cet élixir obtenu par macération d'aloès, de safran, de myrrhe, de clou de girofle, de cannelle et de muscade dans de l'alcool, puis distillation et addition de vanille, d’eau de fleur d'oranger et de sucre est utilisé à la manière d’une panacée.8
Les Evangiles, quant à eux, évoquent la myrrhe au moment de l’Epiphanie et lors de l’embaumement du corps du Christ.9
Bibliographie
1 https://croire.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Epiphanie/Qu-est-ce-que-l-Epiphanie
3 Dorvault F. L’Officine, 23e édition, Vigot, 1995, Paris, 2089 pages
4 Piesse S., Histoire des parfums, Paris, Baillière, 1890, 371 pages
5 Milica Ljaljević Grbić, Nikola Unković, Ivica Dimkić, Peđa Janaćković, Jelena Vukojević, Frankincense and myrrh essential oils and burn incense fume against micro-inhabitants of sacral ambients. Wisdom of the ancients?, Journal of Ethnopharmacology, 219, 2018, Pages 1-14
6 Ali Gorji, Maryam Khaleghi Ghadiri, History of headache in medieval Persian medicine, The Lancet Neurology, 1, 8, 2002, Pages 510-515
7 Hanus LO, Rezanka T, Dembitsky VM, Moussaieff A, Biomed Pap Med, Myrrh--Commiphora chemistry, 2005, 149, 1, Pages 3-27
9 https://eglise.catholique.fr/glossaire/myrrhe/
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