Nos regards
L’iode, un ingrédient présent dans les cosmétiques à son insu, de son plein gré !

> 21 novembre 2017

L’iode, un ingrédient présent dans les cosmétiques à son insu, de son plein gré ! L’iode et l’amaigrissement (terme à usage médical) ou l’amincissement (terme à usage cosmétique) entretiennent des rapports étroits et complexes depuis de nombreuses années (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/iode-et-amaigrissement-ou-amincissement-une-histoire-complexe-147/). Si pendant des siècles, les goûts se sont portés vers des femmes bien en chair et corsetées (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/conseils-medicaux-et-esthetiques-a-la-sevigne-369/), le XXe siècle est l’occasion d’une véritable révolution, sous l’impulsion de Mademoiselle Chanel qui décide de laisser toute liberté au corps féminin (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/-a-bas-le-corset-vive-la-creme-amincissante-281/). La crème amincissante et le supplice des menus allégés remplacent désormais la torture du corset.

La mise sur le marché en 1982 du médicament anti-cellulitique Percutaféine© dicte sa loi à l’industrie cosmétique. Un bon cosmétique amincissant se doit désormais de renfermer un minimum de 5% de caféine (tout comme le gel mis au point par les laboratoires Pierre Fabre) (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/la-cafeine-comment-ca-marche-69/). On lui associera des extraits végétaux favorisant la microcirculation pour agir sur la composante vasculaire de la peau d’orange et des algues riches en iode, dans la mesure où cet élément est indispensable à la synthèse des hormones thyroïdiennes (ou iodothyronines), hormones favorisant le phénomène de lipolyse.

Les algues possèdent la capacité de concentrer l’iode à partir de l’eau de mer. Selon les espèces, la teneur en iode de l’extrait sec varie. Cette teneur est, par exemple, de 13 mg/kg pour Ulva pertusa, de 154 mg/kg pour Codium fragile, de 353 mg/kg pour Gracilaria confervoides et peut atteindre 3040 mg/kg chez Laminaria japonica. Cette dernière peut même renfermer, dans certains cas, jusqu’à 0,9% de son poids sec en iode (C. Couteau, L. Coiffard, La formulation cosmétique à l’usage des professionnels et des amateurs, Le Moniteur, 2014, 246 pages).

On connaît tous la formule des Guignols de l’info attribuée à Richard Virenque, soupçonné de dopage. Des dopants administrés « à l’insu » d’un sportif cela paraît difficile et ce d’autant plus qu’il s’agit d’injections ; Richard Virenque tente de se défendre comme il peut, en soulignant que seul un moustique peut le piquer à son insu ! (https://www.youtube.com/watch?v=MN-tQp4MVO0).

Pour notre part, nous trouvons que cette formule convient parfaitement au cas de l’iode que l’on peut retrouver dans les cosmétiques, apporté là par des ingrédients comme les algues à l’insu de l’industriel qui connaît la réglementation par cœur et sait parfaitement que l’iode émarge au numéro d’ordre 213 de l’Annexe II (Liste des substances interdites dans les produits cosmétiques) du Règlement (CE) N° 1223/2009, mais de son plein grès puisqu’il n’hésite pas, dans un certain nombre de cas, à baser son argumentaire marketing sur la richesse en iode des actifs choisis !

L’actif cosmétique Fuco’slim bio de la société Aromazone, par exemple, est un extrait de Fucus vesiculosus. « Sa carte d’identité » présente ses constituants actifs à savoir « l’iode qui favorise l’élimination des graisses, les polysaccharides et oligoéléments hydratants et reminéralisants et les sels minéraux et fucoïdanes qui stimulent la micro-circulation sanguine. » (https://www.aroma-zone.com/info/fiche-technique/actif-cosmetique-fucoslim-aroma-zone)

La marque Thalion propose, quant à elle, un rituel « plongée atlantique revitalisante ». Ce rituel « débute par un gommage aux paillettes d’algues, pour oxygéner et recharger le corps en minéraux. Vient ensuite l’enveloppement qui plonge le corps dans une bulle régénérante et iodée, avant de se laisser bercer par un modelage revitalisant d’une heure. » (http://www.thalion.com/fr/soins/rituels-thalisens/decouvrir-les-rituels)

La société Algotherm vante, à son tour, dans son alguier, les « vertus cachées de Laminaria digitata » : "Très riche en iode, elle favorise l'amincissement et possède des propriétés antiseptiques. Elle est aussi capable de former un film végétal, véritable agent protecteur et réparateur pour la peau."(https://www.algotherm.fr/fr/alguier)

Les essentielles de Christine, « boutique d'ingrédients cosmétiques issus des végétaux et du travail d'abeilles heureuses et bien soignées » qui « ne vend pas aux professionnels » (on s’en doutait un peu !) célèbrent également les vertus de l’iode marin dans les cosmétiques. « Extrait de laminaires : les autres constituants sont le calcium, le potassium, l'iode, le mannitol, ainsi que les matières grasses, les protéines, les glucides et les vitamines E, C, B12, B6, B3, B, A et Zn, F, Cr, Co, Mn, I, Na, Fe , P, Mg, K, Ca » (http://www.lesessentiellesdecristine.com/fr/extraits-de-plantes/298-extrait-d-immortelle.html).

Parler d’une richesse en iode pour des ingrédients qui en sont composés au maximum de 1% est sans doute excessif… Vanter les mérites d’un ingrédient interdit dans le domaine cosmétique l’est tout autant.

Considéré par certaines sociétés cosmétiques comme un actif amincissant utilisable de plein droit, nous le considérons, pour notre part, plus exactement comme une impureté, une trace dont on se passerait bien !

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