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Huile solaire et coups de soleil (prévisibles) pour enquête hawaïenne !

> 26 novembre 2020

Huile solaire et coups de soleil (prévisibles) pour enquête hawaïenne !

Alice Roy est une jeune fille pas comme les autres. Elle prend l’hélicoptère comme nous le bus et résout les mystères les plus opaques en moins de deux. Son père, James Roy, un éminent avoué, fait souvent appel à ses talents, afin de réaliser des enquêtes au profit de ses clients. C’est donc ainsi qu’Alice se retrouve un jour devant M. Kamuela Sakamaki, un Polynésien, à la « peau légèrement bronzée » et aux « grands yeux de velours ».1 M. Sakamaki vient de perdre son grand-père, Nikkio. Celui-ci lui a laissé en héritage une superbe propriété (Kaluakua) à Honolulu et un petit morceau de papier, sur lequel sont tracés des signes polynésiens. Dans ces conditions, quoi de plus naturel que de se rendre, en masse (Alice, sa gouvernante dévouée Sarah, ses amies Marion et Bess, ainsi que leurs chevaliers-servants, Ned, Daniel et Bob), à Kaluakua, afin de suivre une piste qui mènera, peut-être, à un trésor. Une route semée d’embuches, car un certain Jim O’Brien, qui se fait parfois appeler Tim O’Malley ou Michael O’Connor, est bien décidé à arriver au but le premier.

Des colliers de fleurs à l’arrivée et des fleurs à gogo

Comme le veut la tradition, les jeunes filles qui débarquent à Hawaï reçoivent des colliers de fleurs. Des « roses pâles », pour Alice, des « anthuriums nains » pour Marion et des « orchidées et oeillets » pour Bess. Très sympathique, sauf si le collier, le « lei », est garni de pointes empoisonnées. Là ça change tout ! Et ce n’est pas le « parfum sucré » qui se dégage des fleurs qui va adoucir la chose. Des « poincianas royaux », des fleurs de « plumeria », des arbres au nom exotique (lécythide), « des boucles d’oreilles en forme de fleurs de gingembre », une « épée d’argent » dont les feuilles sont couvertes de poils ressemblant à des épées permettant à la plante d’éviter une « trop grande déperdition d’eau », des « chemises Aloha de couleurs vives », aux motifs végétaux, des jumeaux botaniste et zoologiste, au « teint hâlé » et à l’œil pétillant, toute cette enquête trépidante se fait dans un environnement luxuriant et généreusement parfumé.

Une loupe pour traquer les indices

Arrivée dans la maison de M. Sakamaki, Alice sort sa loupe et cherche des indices. A part « quelques petits morceaux de peau et de poils ou de cheveux », la récolte est maigre.

De l’huile solaire pour résister au « soleil tropical »

Dans cet environnement très ensoleillé, le mieux c’est certainement de se mettre à l’ombre ; Sarah l’a bien compris. « Sarah déclara qu’elle allait s’asseoir à l’ombre [...] ». En revanche, pour Alice et ses amies, pas question de fuir le soleil. La plage leur tend les bras. De l’huile solaire sur tout le corps et on y va (« Les trois amies finissaient de se passer de l’huile solaire sur le corps quand Ned, Bob et Daniel firent leur apparition. »).

Des doubles - savons pour une équipe de « double » malfaiteurs

Les « Double Scorps » constituent une équipe de malfaiteurs redoutable qui s’est installée à Kaluakua, mettant à profit une expédition d’Alice dans une région volcanique. Ces individus, sans foi ni loi, se comportent comme des voyous, saccageant tout sur leur passage. Le régisseur, un nommé Kiyabu, est à bout de nerfs. Les « Double Scorps » « se livrent à des plaisanteries stupides. Ils réclament des doubles cafés, des doubles biftecks. L’un deux a même exigé des doubles morceaux de savon pour la salle de bain. Et chaque fois que l’un d’eux prononce une sottise de ce genre, ils éclatent tous d’un gros rire vulgaire. » De quoi donner de « doubles » crises de nerf à tout le personnel de la villa !

Alice aux îles Hawaï, en bref

Sans surprise, Alice réussira à découvrir le trésor caché par le grand-père de M. Kamuela Sakamaki. En revanche, nous ne serions pas étonnées d’apprendre que la jolie blonde, au teint clair, soit revenue de ses vacances tropicales avec de bons de coups de soleil sur la peau. En 1959, date de parution de cet opus, les huiles solaires ne sont pas d’une grande efficacité. Certaines sont même carrément dénuées de toute efficacité. C’est le cas, par exemple, des formules proposées par Marcelle Auclair, une journaliste spécialiste « des questions féminines ». De l’huile de paraffine, de la vaseline, un peu de teinture de safran (pour donner l’illusion d’une huile) ou bien de l’huile de palme, de l’huile de paraffine, de l’huile de noyaux ... Voilà les recettes proposées dans un dictionnaire de la beauté2 de l’époque, qui a bien (ou plutôt mal !) vieilli. A la décharge de l’auteur, il faut dire que l’on en n’est encore qu’aux balbutiements de l’histoire de cette catégorie de cosmétiques protecteurs et qu’il faudra encore attendre quelques années pour voir commercialiser des mélanges filtrants réellement performants.

Bibliographie

1 Quine C. Alice aux îles Hawaï, Bibliothèque verte, Hachette, Paris, 1977, 182 pages.

2 Auclair M. La beauté de A à Z - Dictionnaire de beauté et de santé - S.E.P.E, Paris, 1949, 393 pages

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