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Et pourquoi pas un maquillage blanc de blanc ?

> 29 mai 2021

Et pourquoi pas un maquillage blanc de blanc ?

Un homme qui tombe du haut d’une falaise, un jour brumeux, un jeune golfeur, fils de pasteur, qui passait fortuitement par là.1 Voilà comment débute le roman Pourquoi pas Evans ? d’Agatha Christie. Très romantique, la romancière associe ici un pauvre bougre sans le sou, Robert (dit Bobby) Jones, fils du Révérend Thomas Jones et une jeune Lady argentée, prénommée Frances ou Frankie, par les intimes. Bobby a trouvé la photographie d’une belle jeune fille dans la poche du mort... de quoi lui donner envie d’en savoir plus. Il a également rencontré sur les lieux du crime un homme mystérieux, Roger Bassington-ffrench. A creuser...

Au sujet du mort

Le mort est identifié comme étant Alex Pritchard. L’enquête officielle conclut à une mort accidentelle, due au brouillard. La personne qui vient reconnaître le corps est une certaine Mme Cayman, une « matrone à l’air insolent, au maquillage outré et à la chevelure teinte ». Des cheveux rouges... Rien de ressemblant avec le « visage auréolé de fins cheveux » de la photographie. En réalité, le mort se nomme Alan Carstairs. « Un beau type d’homme, grand, vigoureux, le visage bronzé, des yeux bleus pleins d’intelligence. » Ami intime du millionnaire John Savage décédé il y a peu (il se serait suicidé au chloral), Alan a quitté les grands espaces, pour revenir en Angleterre mener sa petite enquête. Le testament de son ami (il lègue une grande partie de sa fortune à une mystérieuse Mme Templeton) pose, en effet, question.

Au sujet de Bobby

Bobby, un ex de la marine, qui ne sait pas trop vers quel métier se tourner, va décider de mener l’enquête et de rendre justice à celui qui est venu mourir à quelques pas de sa balle de golf. Dangereuse idée. Huit grains de morphine, mêlés à sa bière, vont mener le jeune homme tout droit à l’hôpital. Sa résistance est telle qu’il mériterait bien un article dans La Lancette (nom francisé du célèbre journal The Lancet) et dans le J.M.B. (Journal Médical Britannique). Désormais, il n’y a plus de doute, la mort du mystérieux inconnu n’était pas accidentelle. Bobby doit continuer ses recherches. Déguisé en chauffeur, une fausse moustache collée sur la peau, Bobby se met au service de Frankie, une amie pleine de ressources (et pas que financières).

Au sujet de Frankie

Lady Frances est une charmante jeune fille, qui appartient à une famille fortunée de la région de Marchbolt. Puisque tout porte à croire que les Bassington-ffrench trempent dans cette affaire, Frankie n’hésite pas une seconde ; se tartinant le visage de « blanc » pour simuler une pâleur liée à un choc, elle fonce en voiture dans le mur du parc de Merroway (« Je me suis mis beaucoup de blanc, expliqua Frankie, afin d’être prête pour l’accident). Prise de contact brutale mais nécessaire pour qui veut mener une enquête au plus près des témoins. Henry et Sylvia Bassington-ffrench se révèlent être des hôtes charmants - même s’il est clair qu’Henry s’adonne à la morphine de façon inconsidérée. Roger Bassington-ffrench est, quant à lui, plein de séduction. Frankie n’est pas loin de craquer !

Et puis, Moira Nicholson

Dans le sillage des Bassington-ffrench, il y a aussi le Dr Nicholson (très inquiétant !) et sa femme Moira (tiens, c’est bizarre, c’est l’originale de la photographie trouvée dans la poche du mort). 

Pourquoi pas Evans ? en bref

Comme bien souvent dans ses romans, Agatha Christie joue ici les marieuses. Bobby et Frankie résoudront ensemble l’énigme du mystérieux mort de Marchbolt et continueront, ensemble, main dans la main, l’aventure du quotidien. Point de cosmétiques pour Frankie qui est belle au naturel, plus besoin de se grimer pour simuler une pâleur liée à un accident. Tout est bien qui finit bien, sauf pour l’assassin, un drôle de personnage qui use de maquillage et d’artifices pour échapper à la justice.

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour.

Bibliographie

1 Christie A., Pourquoi pas Evans ? Librairie des Champs-Elysées, 246 pages

 

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