Nos regards
Galerie de portraits pour une plongée dans l’univers glauque des services secrets

> 30 mai 2021

Galerie de portraits pour une plongée dans l’univers glauque des services secrets

John Le Carré nous transporte en pleine guerre froide et nous voilà embarqués dans un duel haletant entre les services secrets de sa Majesté et ceux de l'Union soviétique qui manipulent un agent britannique pour anéantir la crédibilité de certains membres de la hiérarchie des services secrets est-allemands dans le but de sauver un agent double sur le point d'être démasqué.

Au fil des pages de L’espion qui venait du froid,1 on croise le chef, dirigeant d’un service secret allemand, « Hans Dieter Mundt, quarante-deux ans, né à Leipzig. […] le visage dur, inexpressif, les cheveux blond filasse. » Plutôt très antipathique ! « L’homme de Mundt », c’est Fiedler, « un homme mince, net, jeune d’allure, au visage lisse. Cheveux bruns, des yeux marron très brillants. Intelligent et féroce ». Donc très très antipathique !

Il y a le héros, Alec Leamas, « un homme de petite taille, avec des cheveux gris fer coupés en brosse et une carrure de nageur professionnel. Il était très fort, cela se discernait à sa nuque, à ses épaules, et à ses mains aux doigts épais et courts. » Un carbonique en somme aurait dit n’importe quel homéopathe.2 Pour compléter ce portrait, on ajoutera que Leamas « avait un visage ouvert, les traits fermement dessinés, la bouche volontaire, avec de petits yeux ; Irlandais, disait-on. » Plutôt sympathique, cet espion britannique ! Dommage, il ne va lui arriver que des déboires… Débarqué de son service, il « chercha d’abord un emploi dans le commerce. » Et il se retrouve dans « Une compagnie de fabricants de colle » ! Pas pour lui manifestement ce job… « Il y resta une semaine, jusqu’à ce que la puanteur de l’huile en putréfaction eût complètement imprégné ses vêtements et ses cheveux. » Seule solution : « ses meilleurs complets » « à la poubelle » et le rasage de son crâne ! Pourtant, on a affaire à un espion, pas une femmelette ! Un poste de bibliothécaire conviendra peut-être mieux… déjà pour l’odeur… Occasion de rencontrer (et de tomber amoureux !) de Liz Gold. Des odeurs peu agréables (c’est le moins que l’on puisse dire !), il en respirera d’autres… Lors d’un court passage en prison, il lui faudra affronter « l’odeur de l’uniforme de bagnard, la puanteur des désinfectants » et le reste… 

Employée dans une bibliothèque et membre du parti communiste britannique, Liz Gold « était grande et un peu gauche, avec un buste allongé et de belles jambes ». « La structure de son visage, avec ses traits bien dessinés mais un peu lourds, correspondait à celle de son corps. » Une phosphorique aurait pu conclure un homéopathe.² « Elle devait avoir vingt-deux ou vingt-trois ans, un peu le type Juif. » Aux petits soins pour Leamas (une vraie mère !), rien ne la rebutera… pas même quand elle le trouvera « trempé de sueur […] ses cheveux courts […] humides et gras. »

On croise aussi un dénommé Ashe, « grand, avec des cheveux châtains légèrement bouclés […]. Un peu affecté. Un peu tante » de l’avis de Leamas. Ashe pouvait être « accompagné d’un homme court et replet, aux longs cheveux grisonnants ». Un autre carbonique !

En vrac, on rencontre « L’inspecteur du Service de Contrôle […], un petit jeune […] qui avait une petite moustache rousse », Peters, dont le « visage au teint blafard était creusé de rides profondes », « seuls les cheveux raides et gris pourraient blanchir mais le visage resterait le même », « un homme assez jeune, brun, […]. Il avait les cheveux en broussaille, le teint grisâtre et le visage aminci d’un ascète », le « Camarade Karden », à l’« allure inoffensive, un peu rustaude et les cheveux blanc »… et puis « une jeune fille », rencontrée sur une plage… « Le vent du large […] jouait dans ses longs cheveux noirs » et une gardienne de prison « très corpulente. Ses cheveux ternes étaient noués en chignon sur sa nuque épaisse. Elle avait un visage lourd, à la chair flasque et blême. »

Ce qu’il adviendra d’Alec et Liz, on ne vous en dira rien… lisez L’espion qui venait du froid… Ah si, juste… on peut dire qu’ils rejoignent le cercle des amants maudits !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour !

Bibliographie

1 Le Carré J. L’espion qui venait du froid. Folio policier, 2020

2 Marino F. Biotypology II: modern concepts. Br Homeopath J. 1999;88(4):178-83.

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