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Eloge de la moustache par un moustachu de première !

> 26 juillet 2020

Eloge de la moustache par un moustachu de première !

Pour faire l’éloge de la moustache, quoi de plus naturel que de se tourner vers un moustachu de belle prestance... Ce moustachu se nomme Guy de Maupassant.1 Il a décidé, par un bel été de 1883, de se glisser dans le corset d’une jeune épouse qui a encouragé son mari à raser, temporairement, sa moustache afin de pouvoir jouer les soubrettes de façon plus réaliste. Enfin, quand on dit bel été, c’est plutôt un été pourri, un été « affreux », tellement il est pluvieux, un été qui oblige les châtelains à se tenir bien au chaud dans leur vaste salon, un été où il fait bon jouer la comédie.

Une fois la moustache rasée, le bel époux n’est plus un homme. Entre poivre et piment, Jeanne de Solles hésite. La moustache est, à son avis, l’épice qui agrémente sa vie de couple. Elle n’hésite pas à transformer une citation du célèbre Jules Méline, fervent défenseur du monde agricole, afin de nous faire entrapercevoir tout ce que la moustache représente pour elle. Si pour lui, « Il n’y a pas de patriotisme sans agriculture. », pour Jeanne, « Il n’y a pas d’amour sans moustache. » « Une lèvre sans moustaches est nue comme un corps sans vêtements [...] »

Ces moustaches prennent mille formes... « Retournées, frisées, coquettes » ou bien « pointues, aigües comme des aiguilles », « menaçantes », « énormes, tombantes, effroyables », elles constituent des signaux sibyllins pour les uns, parfaitement intelligibles, pour les autres. Jeanne semble experte en la matière et lit dans les poils de moustache, comme certains prédisent l’avenir dans le marc de café. Jeanne reconnaît à merveille le moustachu « doux », le « violent », le « croquemitaine » ou bien encore le timide, empli de douceur.

Bien française, elle orne la lèvre de nos soldats depuis que la France est Gaule. « Elle est hâbleuse, galante et brave » et ne doit pas se confondre avec la barbe qui masque le visage, transforme la physionomie et forme un écran aux sentiments, aussi opaque qu’un nuage de fumée.

Jeanne de Solles, alias Guy de Maupassant, ne manque pas de lyrisme lorsqu’il s’agit de défendre cet attribut typiquement masculin. Cette fière moustache qui permet de reconnaître, sur le champ de bataille, le soldat français du soldat allemand, fait monter les larmes aux yeux de l’auteur. Comme quoi, moustache ne rime pas qu’avec potache !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son éloge graphique de la moustache !

Bibliographie

1 Maupassant G. La moustache in Récits de guerre et de défaite, France loisirs, 1994, 329 pages

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