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Duralex sed lex… on ne peut ni donner ni vendre des recettes-maison !

> 04 avril 2023

Duralex sed lex… on ne peut ni donner ni vendre des recettes-maison !

Avant d’en venir à cette loi très dure qui nous dit que pour donner ou vendre un cosmétique il faut faire patte blanche et se déclarer comme « personne responsable », nous allons évoquer la marque cosmétique Anaé qui commercialise ses références dans des verres Duralex (vous voyez le rapport !) et qui vend également des ingrédients destinés au fait-maison (là encore, vous voyez le rapport avec le titre du regard !).

Les verres Duralex, des verres connus de tous pour des cosmétiques connus de peu de gens

Les verres Duralex, présents sur les tables des cantines scolaires depuis des générations (ils ont fait jaser plus d’un enfant qui, en soulevant son verre, y voyait un chiffre ou un nombre permettant d’agrémenter les conversations autour d’un poisson pané ou d’un hachis parmentier),1 contiennent désormais autre chose que de l’eau, depuis que la marque de cosmétiques Anaé a décidé de transformer ce contenant alimentaire en contenant cosmétique.2 Une fois le fond du verre atteint, il est toujours possible de plaisanter sur l’âge qui nous est attribué, mais il est également possible de déplacer le contenant de la salle de bains vers la cuisine.

Les cosmétiques solides Anaé, des sortes de recettes-maison conditionnées dans des verres Duralex

En matière de cosmétiques solides, Anaé nous propose des produits d’hygiène bucco-dentaire à la composition simplissime, très différente de celle de la plupart des pâtes dentifrices du commerce. L’absence de sels fluorés, contraire aux recommandations de l’UFSBD,3 nous fait tirer la sonnette d’alarme quant au bien-fondé de ce type de formule en matière de prévention de la carie dentaire. Anaé nous propose également un baume sportif (« Ma formule minimaliste est composée d’ingrédients relipidants bio qui nourrissent la peau en profondeur et de menthol aux propriétés décongestionnantes pour délasser les muscles avant et/ou après un effort physique. »),4 censé « délasser les muscles », ce qui ne correspond à aucune des fonctions légales attribuées au cosmétique (par définition, on appelle produit cosmétique, « toute substance ou tout mélange destiné à être mis en contact avec les parties superficielles du corps humain (épiderme, systèmes pileux et capillaire, ongles, lèvres et organes génitaux externes) ou avec les dents et les muqueuses buccales en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d'en modifier l'aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles »).5

Les cosmétiques-maison Anaé

Au sujet des recettes, le site de la marque précise : « Faire soi-même ou DIY (Do It Yourself) comme disent nos voisins, c’est à la fois savoir ce qu’il y a dans les produits que l’on fabrique et s’éloigner du marketing bien rôdé des grandes marques. C’est aussi le plaisir simple de réaliser ses propres recettes, de les partager et de maîtriser leurs coûts dès lors que l’on suit quelques conseils bien avisés et que l’on se consacre à l’essentiel. » Afin d’éviter toute confusion, il est certainement utile de rappeler que lorsque l’on fabrique ses cosmétiques-maison, il n’est nullement légal de les « partager », c’est-à-dire de les vendre ou même de les offrir… Certaines esthéticiennes se posent parfois la question de savoir si leur production personnelle peut voyager de la cuisine à l’institut… la réponse est très clairement non.

En effet, le Règlement (CE) N°1223/2009 qui garantit la sécurité d’emploi du cosmétique par le consommateur est très clair à ce sujet. Si l’on souhaite fabriquer et commercialiser ou offrir des produits cosmétiques, il faut respecter un certain nombre d’exigences et en particulier rédiger un volumineux document, le DIP (Dossier Information produit). Il faut aussi être en capacité de contrôler les matières premières reçues et de vérifier la qualité du produit fini. Bref, beaucoup de choses qu’il est impossible de réaliser en tant que particulier.

Anaé, en bref

En bref, vous l’aurez compris, nous ne risquons pas de retourner un verre Duralex dans notre salle de bain. Si le contenant est séduisant, le contenu, en revanche, ne l’est sûrement pas.

Bibliographie

1 https://www.tf1info.fr/vie-pro/duralex-la-signification-des-numeros-au-fond-des-verres-de-cantine-2075871.html

2 https://www.relations-publiques.pro/272258/anae-presente-sa-nouvelle-gamme-de-cosmetiques-solides-zero-dechet-conditionnees-dans-des-verres-reutilisables-duralex.html

3 https://www.ufsbd.fr/espace-pro/prevenir/fluor/

4 https://www.anae.info/baume-sportif-camelin-menthol/

5 https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:02009R1223-20221217&from=FR

Composition

Le dentifrice fraîcheur : Calcium Carbonate, Glycerin**, Aqua, Camelina Sativa Seed Oil*, Sodium Cocoyl Glutamate, Aroma*, Xanthan Gum, Sodium Chloride, Limonene.

Le baume sportif à l’huile de cameline bretonne et menthol : Helianthus Annuus (Sunflower) Seed Oil, Rhus Succedanea Fruit Cera (Rhus Succedanea Fruit Wax), Camelina Sativa Seed Oil*, Menthol*, Copernicia Cerifera Wax*, Tocopherol.

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