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Des cosmétiques pour adoucir les monstres…

> 25 novembre 2023

Des cosmétiques pour adoucir les monstres…

Avec Mes très chers monstres, Anne Fulda nous offre une galerie de portraits des célébrités qu’elle a eu l’occasion d’interviewer.1 Ces « monstres » appartiennent à des mondes différents : celui de la finance, du showbiz ou bien encore de la politique. Leur point commun : ils occupent le devant de la scène depuis des décennies… on les aime ou on les déteste… généralement pas de demi-mesure !

De belles actrices

Brigitte Bardot, tout d’abord, avec ses « cheveux encore châtain », à 15 ans… Belle et rebelle ! « Elle ne semble pas […] avoir été embarrassée par sa beauté. Elle semble même surprise qu’on l’interroge sur le sujet, elle qui n’a pas voulu recourir à la chirurgie esthétique. »

Charlotte Rampling est belle, elle aussi. « Différente ». « Par sa beauté, persistante, envahissante et ses choix de carrière, exigeants, risqué, transgressifs parfois. Une sorte d’hygiène de la comédienne. » Petit clin d’œil à « Amélie Nothomb qu’elle a croisée et appréciée. »

Sur un tournage, une autre belle, Isabelle Huppert « se remaquille toute seule, miroir en main, demande qu’on lui remette une mèche dans son chignon. »

Des grands patrons

Christophe de Margerie, président de Total, surnommé « Big Moustache », « à cause de ses énormes bacchantes à la pointe relevée qui lui donnaient des faux airs de Major Thompson » « n’était pas un patron comme les autres ».

Différent… très différent, Sébastien Bazin, le PDG du groupe Accor : « un teint hâlé toute l’année ». Bronzage naturel ou recours compulsif à un autobronzant ? Mystère ! Même chose pour Jean-Marie Messier, « l’ancien président de Vivendi Universal » et sa « mine hâlée ».

Des vedettes de la mode

Karl Lagerfeld, interrogeant sa maman sur l’homosexualité, reçut la réponse suivante : « l’homosexualité, c’est comme une couleur de cheveux. Ce n’est pas un sujet. On n’en parle pas ».

Avec Sonia Rykiel, il est encore question de couleur de cheveux. Quand elle était enfant, « on passait de l’eau oxygénée sur la tête […] pour essayer d’atténuer sa couleur flamboyante ». Devenue adulte, cela n’empêcha pas la « dame rousse » d’édifier « un véritable empire de la mode ».

Avec Christian Louboutin, on descend vers les pieds. On apprend qu’il eut l’idée de la fameuse semelle rouge pour ses souliers (il ne parle jamais de chaussures !) en voyant sa secrétaire se maquiller. « Il s’empare du vernis de son assistante, qui se fait les ongles, pour badigeonner en rouge la semelle du soulier. Et voilà… »

Valentino, c’est autre chose… c’est comme de Margerie et Bazin… « Un teint hâlé toute l’année ». Celui qui, contrairement à beaucoup de ses créations, a « osé conseiller à la reine Elisabeth d’Angleterre de porter du noir » parce que « cela irait bien avec votre peau ».

Un chanteur à minettes

Bruel et son huile d’olive. Est-ce là l’un de « ses secrets de jouvence ». « Il assure qu’il n’y a rien de « traficoté » chez lui. Et comme pour étayer ses propos, baisse la tête pour montrer sa chevelure brune à peine parsemée de quelques cheveux blancs ».

L’amiral des Grosses têtes

Olivier de Kersauson apprécie aussi bien Maître Gims que « Jacques Brel qu’il vit chanter un jour » et de qui il dit « C’était bouleversant, on avait l’impression de voir un mec se vider comme on appuie sur un tube de dentifrice. »

Un célèbre avocat

Le Français lambda retiendra de Robert Badinter, son rôle dans l’abolition de la peine de mort… nous y voyons aussi, pour notre part, l’avocat de la firme Givaudan, qui réussit à faire amnistier son client dans l’Affaire du talc Morhange… Deux fragrances ont marqué son enfance : « l’âcre odeur qui émanait des fourrures sauvages quand il rendait visite à son père, dans son atelier entrepôt du faubourg Poissonnière, mais aussi celle du chocolat chaud que sa grand-mère Idiss l’emmenait prendre […] dans un salon de thé parisien […], La Marquise de Sévigné. » Cette grand-mère qui « sentait bon l’eau de Cologne » !

Un célèbre académicien

C’est Jean d’O, bien sûr… celui « qui plaisait tant aux baronnes poudrées qu’aux minettes branchées »… On peut dire de lui que « la patine des ans lui allait bien au teint » !

Une ancienne journaliste de Charlie Hebdo

Une rebelle forcément ! Zineb El Rhazoui, dès l’adolescence, a fait le choix de son camp : ce sera « décolleté et vernis noir aux ongles », pour « jouer la provocation face à son professeur barbu. »

Un célèbre philosophe d’opérette, « un philosophe en caleçons »

Bernard-Henri Lévy, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a « cette étrange manière de se racler la gorge, à intervalles réguliers. » Il est fort probable que ce tic soit dû à un « abus de substances illicites ». En effet, il « a frôlé les abîmes en prenant des amphétamines à haute dose »… Il faut ajouter, même si cela n’excuse rien, qu’il avait de qui tenir puisque « sa mère était une grande droguée », au demeurant « extrêmement jolie, ravissante ».

Un célèbre philosophe de gauche

Sa gauche à lui, elle est « surtout sentimentale ». C’est « celle de Pierre Billaux, le coiffeur pour hommes de Chambois ».

Une célèbre chroniqueuse de chez Ruquier

Christine Angot offre un « visage nu, comme frotté au savon. »

Un autre philosophe, académicien de surcroit

Quand il s’énerve, Alain Finkielkraut a « la mèche en bataille, les mains qui brassent l’air, la mine tourmentée et le regard fixe »

Un top chefs ou un chef au top

Hugo Desnoyer a l’amour des bovins chevillée au corps. Lors de l’abattage, c’est lui qui est à l’initiative d’un fond de « musique classique » et des « douches tièdes, aussi. » pour diminuer le stress des bêtes.

Un célèbre médecin de plateaux télé

Quand « Frédéric Saldman sourit », « il dévoile ses dents du bonheur » ! Et il y a de quoi !!!

Mes très chers monstres, en bref

Elle les aime ses (!) monstres, Anne Fulda… elle les évoque souvent de manière assez cocasse, toujours d’une façon emplie d’admiration qu’elle fait partager à son lecteur.

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration d'Anne Fulda.

Bibliographie

1 Fulda A., Mes très chers monstres, Litos Ed., 2023, 367 pages

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