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De la poudre de riz… pour le nez qui brille !

> 23 mars 2023

De la poudre de riz… pour le nez qui brille !

Alice dans l’île au trésor… voilà le programme concocté, pour la jeune détective, par Caroline Quine, en 1942 !1 Mais… ne nous y trompons pas, avant de pouvoir voguer sur des flots tranquilles, il va falloir mouiller la chemise et commencer par élucider le mystère d’un pavillon de musique hanté. Rocky House, la maison d’un inventeur fou, qui a truffé son habitation de cachettes plus étranges les unes que les autres, va constituer, pour Alice, un beau terrain de jeu, avant que le vent du large ne se mette à souffler dans ses longues mèches blondes. Terre à l’horizon ! Trésor… à l’horizon !

Des histoires qui brillent par leur originalité et s’entremêlent à plaisir

Avec brio, Caroline Quine mêle plusieurs histoires au sein d’un même récit. Dans le cas présent, Alice va ainsi devoir assister Ellen Smith, une jeune fille dont les parents connaissent un revers de fortune. Afin de pouvoir continuer à prendre des leçons de chant, Ellen est condamnée à donner des cours de piano. Et justement, Mme Chatham de Rocky House souhaite initier sa fille Trixie au piano… La maison serait hantée, dit-on ! On comprend, dans ces conditions, qu’Ellen vienne demander conseil à Alice, avant d’accepter une place qui peut d’avérer… dangereuse ! D’autant que Trixie est une enfant capricieuse, difficile à dompter !

Et justement, lorsqu’Alice s’installe au piano du pavillon de musique, voici l’instrument qui reste muet, alors que tout semble parfaitement fonctionner et qu’une tête horrible se manifeste de manière intempestive ! De quoi avoir des sueurs froides !

Mission 1 : chasser les mauvais esprits de Rocky House ; Mission 2 : Aider Ellen à retrouver une moitié de parchemin afin de reconstituer la carte géographique menant à un trésor enfoui dans une île déserte ! Le grand-père d’Ellen, Charles Tomlin, père de Robert Tomlin (le père d’Ellen - le nom de Smith lui vient de ses parents adoptifs) et de son jumeau (John Adrian), a péri en mer, à bord de son navire L’albatros, lors d’une tempête, laissant en héritage, à chacun de ses fils, la moitié d’une carte. Charge à eux d’unir leurs forces pour retrouver le trésor enfoui ! Embarqués sur deux chaloupes différentes, les jumeaux sont séparés et ne se retrouveront jamais ! Jamais : un mot qui ne fait pas partie du vocabulaire d’Alice, qui se penche immédiatement sur le problème, espérant pouvoir recoller les morceaux du passé.

Et comme par hasard, Mme Chatham n’est autre que la veuve de John Adrian ! On avance… à pas de géant ! Oui, mais le hic… c’est qu’Alice n’est pas la seule sur la piste de la carte au trésor. Carte volée, enlèvement… Que de péripéties à venir !

Un poudrier pour ne pas briller… qui fait les frais de l’aventure

Trimballer une demi carte au trésor dans un sac n’est pas de tout repos. Alice s’en rend rapidement compte, lorsqu’elle constate qu’elle est suivie par un individu fort louche. Ni une, ni deux, elle s’engouffre dans un grand magasin.

Et de raconter à Ned, son fidèle chevalier-servant, l’histoire du sac vidé de son contenu… « Là, j’ai vidé mon sac de tous les objets de valeur qu’il contenait et j’ai fourré ceux-ci dans une poche de ma robe. Je n’ai perdu au total qu’un mouchoir, mon poudrier, de la petite monnaie et un carnet. » La précieuse carte a, bien sûr, été ôtée du sac in extremis !

C’est bien joli cette histoire de mystification, mais le sac d’Alice n’en reste pas moins volé ! Et adieu le joli poudrier qui ne la quittait jamais ! Avant d’aller au bal à l’université d’Emerson avec Ned, Alice doit donc « racheter un poudrier », car elle en aura « besoin, ce soir, au bal » !

Galant, Ned s’insurge contre cette nécessité absolue de se poudrer le nez : « Oh, plaisanta Ned gentiment. Tu es toujours jolie… même lorsque ton bout du nez brille ! J’espère que tu me réserveras beaucoup de danses. »

Jolie, même avec le nez qui brille, même pas en rêve, mon cher Ned. Alice court les magasins et achète fissa « un nouveau sac », « un poudrier » et une « pochette » !

Une reine du bal qui brille par sa beauté et non du bout du nez

Lors du bal d’Emerson, c’est Alice qui est élue « reine du bal » ! Assise sur « un trône d’honneur », elle doit désormais présider la soirée, « une superbe couronne en carton doré » sur la tête ! Soirée éprouvante s’il en est… Alice étant enlevée par surprise en plein milieu d’une pantomime. Heureusement, elle a plus d’un tour dans son sac… plus d’un tour et toujours son poudrier !

Des amies qui brillent par leur fidélité

Bess et Marion sont, bien sûr, embarquées dans l’aventure. Lors d’un pique-nique champêtre, les ennemis d’Alice, toujours en quête d’un mauvais coup, vident le réservoir à essence de son cabriolet. Il ne reste plus qu’à aller à la station-service la plus proche… soit 2 kilomètres ! Bess en frémit : « Est-ce qu’il va nous falloir marcher jusque-là ? demanda-t-elle, anxieusement. » « De quoi te plains-tu ? plaisanta Marion. Ce sera excellent pour ta ligne. Tu ne fais pas assez de sport ! » Et encore et toujours, des taquineries en direction de cette chère Bess, un tantinet trop enveloppée à son goût !

Et une douche froide pour calmer tout le monde

Lorsque les deux morceaux de carte sont retrouvés, il ne reste plus qu’à cingler vers « Palm Island », l’île au trésor. James Roy, en quête d’un bateau capable de loger toute la petite troupe composée de Mme Chatham, de Trixie, de Bess, de Marion, d’Alice, de Ned, de Daniel et de Bob… déchante très vite. Pas facile du tout ! « M. Roy, cependant, doucha un peu la joyeuse exaltation de sa fille. »

Et une croisière réussie…

James Roy réussit enfin à trouver un bateau et un équipage. Et ce sont les adieux… « Profite bien de cette croisière et tâche de nous rapporter le trésor ! » « Je rapporterai en tout cas un teint bronzé, répondit Alice en riant. »

… enfin plus ou moins

Une fois sur le bateau, Alice se rend compte que l’un des marins s’amuse à changer de cap à tout bout de champ. Aurait-il été payé pour retarder l’expédition ? Très clairement oui… Alice en a confirmation, en trouvant, dans les affaires de ce marin - un certain Snorky - une drôle de poudre blanche qui, une fois mélangée aux aliments, cloue le capitaine au fond de son lit. Pour éviter que la mésaventure ne se reproduise, Alice, pleine d’idées remplace la fameuse poudre par « du bicarbonate de soude », pour une digestion… allégée ! (« […] ce qui n’empêcha pas Ned, au repas de midi, de reconnaître le goût du bicarbonate dans ce qu’il mangeait »).

Alice dans l’île au trésor, en bref

Un coffre rempli de pièces d’or à se partager. Voilà l’avenir d’Ellen assuré ! Alice, une fois de plus, s’est montrée plus efficace que ses adversaires. Ceux-ci seront mis hors d’état de nuire… Une belle aventure pour Melle Roy, une jeune fille bien de son temps qui ne quitte son poudrier que dans les cas de force majeure !

Bibliographie

1 Quine C., Alice dans l’île au trésor, Bibliothèque verte N°291, Hachette, 1966, 252 pages

 

 

 

 

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