Nos regards
Bouquet de dahlias, de résédas et d’ortie pour pimenter des vacances en Normandie !

> 25 juin 2020

Bouquet de dahlias, de résédas et d’ortie pour pimenter des vacances en Normandie !

L’été, en Normandie, chez Mme de Fleurville, la météo est au beau fixe lorsque tout le monde est réuni.1 Camille et Madeleine de Fleurville, Marguerite de Rosbourg, Jacques de Traypi, Jean et Léon de Rugès se retrouvent, comme tous les ans dans la belle propriété de leur hôtesse et partagent leur journée entre étude et loisirs (construction de cabanes, balades, parties de cache-cache en forêt, visites à la ferme ou au moulin...). L’arrivée du commandant de Rosbourg, capitaine du bateau naufragé, la « Sibylle », accompagné de son fils adoptif, Paul de Réan, cousin de Sophie, provoque une vague d’animation. Tous les soirs, Paul et M. de Rosbourg régalent leur entourage du récit de leurs aventures.

Peu de bobos ou de maladies graves durant cet épisode de vacances... La comtesse se fait, pourtant, vétérinaire en nous indiquant un moyen simple d’éradiquer les puces chez un chien. Elle se met également au chevet de Paul et de M. de Rosbourg, leur soufflant les moyens de faire tomber une fièvre ou de contrer les effets d’une chute.

De la poudre d’aloès contre les puces et beaucoup de malice

Afin de libérer Milord des puces qui l’encombrent, M. de Traypi fait préparer un « bain d’aloès ». Le malheureux chien de chasse, plongé dans un « baquet plein d’une eau tiède et rougeâtre », n’est guère à la fête. C’est pourtant ce qu’il lui faut s’il veut arrêter de souffrir des piqûres de puces. Selon la comtesse, « l’eau mêlée de poudre d’aloès » tue les puces « tout de suite ». Il faut pour cela respecter la posologie suivante : « un petit paquet de 5 grammes dans chaque litre d’eau ». Les enfants du domaine, plein de malice, profiteront de la séance « hygiène du chien » pour barboter, s’éclabousser, frotter Médor à qui mieux mieux.

Du vinaigre contre les évanouissements et beaucoup d’amour

Durant ces vacances mémorables, Mme Lecomte retrouve son mari disparu en mer ; l’émotion est trop forte et un évanouissement en découle. Le vinaigre est alors sorti du buffet ; il est placé sous les narines de la pauvre femme, puis appliqué sur ses tempes et ses lèvres. Le visage, quant à lui, est humecté d’eau fraîche.

De l’eau salée contre une morsure de serpent et beaucoup de dévouement

Durant la période passée chez les « sauvages », M. de Rosbourg et Paul ont, en effet, réussi à atteindre une île peuplée d’indigènes pacifiques, Paul va se dévouer à deux reprises pour celui qu’il considère comme son père. Lorsque M. de Rosbourg est mordu par un serpent au niveau de la jambe, Paul se précipite sur lui et se met à sucer la zone atteinte. « Paul avait entendu dire aux sauvages que sucer une piqûre de serpent était un remède certain, mais que celui qui suçait s’exposait à mourir lui-même.» Il n’hésite pourtant pas un seul instant et pratique ce qui lui semble être le plus pertinent étant donné la situation. Il aide ensuite M. de Rosbourg à se diriger vers la plage afin qu’il puisse tremper sa jambe dans l’eau de mer. Une application d’herbes médicinales permettra une guérison totale, en seulement 3 jours. Pour la bouche et la langue enflées de Paul, des herbes à mâcher et un coquillage à ingérer seront utiles pour faire face à l’inflammation produite par le venin.

Des vésicatoires contre une forte fièvre et beaucoup de patience

Second épisode durant lequel Paul se comporte comme une mère : une fièvre typhoïde qui laisse M. de Rosbourg alité durant 72 jours. Afin de traiter la fièvre qui embarrasse le cerveau du commandant, Paul se met à la recherche d’une plante « vésicatoire » qui fait venir « irritation » et « cloques » sur la peau. La plante en question, appliquée au niveau des pieds et des mollets, permet de dégager la tête du malade. Comme un habile médecin, Paul qui n’est pourtant encore qu’un enfant, surveille l’évolution de la fièvre, au fil des jours et en fonction de celle-ci a recours ou non à la plante aux vertus thérapeutiques. Il utilise, également, au niveau des lésions cutanées du « gras de poisson frais ». Enfin, pour rafraîchir son patient, il alterne les boissons à type de lait de coco et d’eau citronnée.

Une saignée contre un choc à la tête et beaucoup de tendresse

Bien que le plus souvent pacifiques, les sauvages de la comtesse de Ségur peuvent avoir des coups de sang. Des luttes entre tribus ennemies ont alors lieu... Paul se souvient en particulier d’une bataille rangée durant laquelle il fut jeté violemment au sol. Saigné « avec la pointe d’un couteau » par son père, Paul mit très longtemps avant de guérir.

Une poignée d’orties sur le corps et beaucoup de méchanceté

Au cours d’une promenade dans les alentours, Léon et Paul sont alertés par des cris de douleur, ceux d’un pauvre innocent fouetté à coups de verge et de poignées d’orties... A 2 contre 12, Paul se bat comme un lion, aidé en cela par Léon, un jeune garçon qui souffrait pourtant jusqu’alors de poltronnerie chronique.

De la buanderie au grand salon, en passant par le potager et la chambre des enfants, la comtesse de Ségur nous décrit avec minutie tous les détails de la vie en colonie... de vacances, à la mode « Fleurville ». Il y a toujours des fleurs dans les vases, de beaux fruits dans les compotiers ; le ciel est souvent bleu, mais il y passe quand même parfois des nuages lorsque tel ou tel enfant se laisse aller à ses penchants mauvais. Les dahlias, les branches de résédas, les lys parfumés se mêlent parfois aux orties pour pimenter les journées.

Bibliographie

1 Comtesse de Ségur, Les vacances, Bibliothèque rose, 1979

Retour aux regards