> 19 août 2021
A l’hôpital Les charmilles, Marianne, une jeune fille brune, aux cheveux noirs, bien « lissés sous la coiffe minuscule des élèves », est en passe d’obtenir son diplôme.1 Tout irait pour le mieux, s’il n’y avait une toupie de première, une certaine Emma, jalouse comme une tigresse. Le jeune interne Claude Maël, un grand jeune homme, qui ressemble à un Viking au teint hâlé et aux dents blanches, s’intéresse de près à Marianne. Les deux Bretons ont bien des points communs. Pour discréditer Marianne aux yeux de l’infirmière en chef, Emma manigance toute une affaire, avec la complicité de Gertrude. Il s’agit d’écarter Emma de la salle de stérilisation et de la retenir suffisamment longtemps à l’extérieur afin que tout un lot de compresses soit brûlé. La ruse fonctionne à merveille. Emma, accusée à tort de négligence, s’enfuit de l’hôpital, sans un sou en poche, bien décidée à cacher son chagrin, au plus profond du pays breton, à Pléven, chez Yann, un grand-oncle de 82 ans, à la fois pêcheur et rebouteux.
Tout petit, Claude a décidé de devenir médecin. Et pour commencer, il s’est exercé sur ses camarades de jeu, en leur fabriquant des « tisanes avec l’eau du ruisseau et des feuilles de menthe écrasées »... De quoi tomber vraiment malade !
Pour pouvoir s’acheter un billet de train, Marianne se voit dans l’obligation de vendre son beau corsage du dimanche à la serveuse du café où elle est entrée se reposer. La serveuse, « les yeux cernés sous une couche de fard », se laisse séduire par ce « chemisier des grands jours » ; un chemisier contre une place dans le train. Affaire conclue !
Yann est un rebouteux, qui remet les os en place, gratuitement, et concocte des tisanes de toutes sortes (à base de tilleul entre autres et de « feuilles de sa pharmacopée »). Il prépare également des pommades ; celles-là, il les vend, car il est « obligé d’acheter la graisse » pour les « fabriquer ». Nous sommes en plein dans l’exercice illégal à la fois de la médecine et de la pharmacie !
Yann dort dans un « lit clos » ; la paillasse qui lui sert de matelas est composée de varech, recouvert d’un drap d’une grande propreté. « Oncle Yann faisait lui-même sa lessive, avec de la cendre de goémon qui blanchit bien mieux que le savon », selon ses dires.
Invitée à prendre un verre chez une habitante du village, Marianne constate avec stupeur que le nourrisson, qui dort dans son berceau, a le visage « couvert de croûtes ». Son diagnostic : impétigo. Nettoyage, antisepsie... Marianne a la solution au problème dermatologique ; sauf que la jeune mère est persuadée que ces croûtes sont le signe d’une belle santé ; surtout ne pas chercher à s’en débarrasser ! Il faudra toute la persuasion d’un médecin et toute l’efficacité d’une « espèce de pommade » pour rendre au nourrisson sa peau lisse, « comme un beau fruit ».
De retour au pays, Marianne retrouve son amie d’enfance, Joëlle... Celle-ci n’est plus la jolie fillette d’autrefois ; elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. La tuberculose est la cause de cette transformation. Marianne, bien décidée à veiller sur Joëlle, commence par lui imposer la prise de sa température. L’alcool « naturel » demandé à Joëlle remplit un verre où est placé le thermomètre...
Contre la toux, Yann propose des tisanes et des bains de pieds très chauds. La malade, venue le consulter, s’insurge : « Un bain de pieds ! Tu veux me faire mourir ? ». Mais, « on ne meurt pas de prendre un bain de pieds » !
Comme par hasard, le bon docteur Maël atterrit dans le village de Pléven, en remplacement du médecin du village, terrassé par une crise cardiaque. La vérité se fera jour petit à petit.
Dans le village de son enfance, Marianne sent qu’elle peut être très utile... « Montrer aux mères à mieux soigner leurs enfants, leur enseigner les rudiments de l’hygiène, leur enlever cette terreur de l’hôpital qui est la cause de tant maux... » Pour cela, il faut finir ses études et réintégrer l’hôpital des Charmilles ! Ce sera chose faite... Marianne reviendra dans son village aider les villageois à rester en pleine forme... On lui confierait bien, au passage, une petite valise pleine de cosmétiques pour hydrater, protéger, nettoyer, prendre soin.
1 Pairault S., La revanche de Marianne. Bibliothèque verte, Hachette Ed.
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