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Un fond de teint ocre qui fait parler, c’est chez Georges Bayard

> 06 janvier 2022

Un fond de teint ocre qui fait parler, c’est chez Georges Bayard

Chez Georges Bayard, il est possible de croiser de jeunes détectives âgés d’une quinzaine d’années. Il y a Michel et ses amis ; il y a également Cécile et ses amies. Le lecteur fait connaissance avec le sympathique trio lors d’une aventure, Cécile et la panthère noire,1 qui commence dans les studios d’Antenne 2, à Paris et qui s’achève dans les studios de la R.A.I., à Florence. Entre les deux, une aventure estivale (on est en plein mois de juillet) bien ficelée qui ravira les amateurs de peluches, de microfilms, de voyages et... de cosmétiques.

Le trio en question

Cécile Auclerc est une jeune fille blonde, aux yeux bleus, avec un gentil petit nez à la retroussette. Elle porte ses cheveux longs, avec une frange au niveau du front. Juliette Arnaud, quant à elle, présente de nombreuses taches de rousseur au niveau du visage ; ses cheveux bouclés sont d’une « étonnante couleur de cuivre sombre ». Laure Fortin, enfin, « ronde de partout », crêpe ses cheveux bruns, d’une manière fort peu naturelle. Toujours un paquet de bonbons à la main, Laure est la gourmande de l’étape, qui fait sourire ses camarades et le lecteur du fait d’un appétit insatiable. Les 3 demoiselles totalisent 45 ans en s’y mettant toutes.

Une émission de télévision où la poudre coule à flots

Cécile, Juliette et Laure ont participé à un concours et raflé la première place. Conséquence : un voyage de deux semaines à Florence à prévoir. Afin de récupérer leur lot, les trois jeunes filles sont convoquées au studio « Uranus » d’Antenne 2. Avant d’entrer sur le plateau, étape maquillage ! Le studio de maquillage est aménagé en « salon de coiffure et de soins esthétiques ». Trois jeunes esthéticiennes, vêtues de « blouses bleues », sont là à attendre le client. Première étape : protection des vêtements, à l’aide d’un peignoir. Deuxième étape : dégagement du visage en retenant les cheveux à l’aide de bandeaux. Ces « précautions » semblent bien extraordinaires à nos jeunes novices qui découvrent l’envers du décor. Entre les mains de ces esthéticiennes aguerries, nos trois copines ont plus l’air de « victimes » que de stars en puissance. A l’aide de « houppes à poudre ocre de la largeur d’une assiette », les professionnelles de la beauté se mettent à l’attaque des frais visages. Etrange se dit Juliette, qui s’interroge sur la nécessité d’une telle aspersion poudreuse. Les maquilleuses la rassurent : elle et ses amies ne font pas exception. Tout le monde y passe. Des hommes politiques à la chanteuse à la mode, en passant par le journaliste, tous doivent passer par la case « maquillage », afin de ne pas arborer une « tête de cadavre », sous l’effet des projecteurs. Une fois, la poudre généreusement prodiguée, il ne reste plus qu’à brosser cheveux, cils et sourcils. Et puis, à se contempler et à rire un bon coup. Pas très confortable, cette épaisse couche de poudre, qui plâtre l’épiderme. Les trois demoiselles ont « l’étrange sensation de porter un masque parfumé ». « Pour Cécile, c’est d’autant plus cocasse que ni sa mère ni sa grand-mère ne se maquillait. » Voilà, prêtes pour le grand saut, prêtes pour l’interview. Mais avant cela, un conseil : « N’oubliez pas de revenir nous voir après l’émission, conseilla l’une des esthéticiennes. On vous démaquillera. » Conseil utile, lorsque l’on sait que le maquillage de studio n’a rien à voir avec le maquillage de ville !

Une émission de télévision où le présentateur est « poudré d’ocre »

Le présentateur chargé de remettre les prix du grand concours « L’auteur cet inconnu » est « poudré d’ocre », comme le reste des personnes présentes sur le plateau. Animateur, membres du jury, lauréats, tout le monde arbore une jolie teinte caramel... pas vraiment naturelle. Et le moment ultime de la remise des prix arrive. Pour accompagner les 3 copines à Florence, la chaîne a engagé un chaperon, une jeune fille sportive, au « teint hâlé », aux cheveux bruns et courts et aux yeux clairs. Melle Sophie Lambert est chargée de veiller sur la fine équipe.

Un voyage en métro où la poudre est de trop

Une fois l’enregistrement terminé, tous chez Mme Herminie Baron, la grand-mère de Cécile. Pour y arriver, un petit tour en métro... et un franc succès dans la rame qui les emmène. Les passagers sont, selon le cas, étonnés, ironiques, réprobateurs, amusés... Des gens se retournent, chuchotent entre eux. Les 3 jeunes filles ont oublié de retourner voir leurs amies esthéticiennes. Pas de démaquillage donc et des allures de statue au teint parfaitement uniforme. Cécile qui comprend la première ce qui se passe, sort un mouchoir de sa poche et s’en frotte le visage. « Nous avons oublié de nous démaquiller, dit-elle. C’est notre fond de teint qui étonne les gens ! » Heureusement, chez Herminie, il y a tout ce qu’il faut pour un débarbouillage en règle (« Nous nous laverons la figure chez Herminie, conclut Cécile »). Débarbouillage coriace, si l’on en croit les « traces de fond de teint » qui s’obstinent à rester coincées « autour des narines de Laure ». Pas facile de retrouver son vrai visage, après une telle séance de maquillage.

Et un sac de voyage qui apparait et disparait

Tous les lauréats du concours ont reçu le même sac de voyage avec le logo d’Antenne 2. Il s’ensuit un quiproquo avec échange de sacs. Et la précieuse peluche fétiche de Cécile (une panthère noire) de disparaitre, puis de réapparaitre !

Et une chaleur écrasante

Des douches par pitié... A peine arrivées sur le sol italien, voilà la correspondante de Juliette, Margherita, qui accapare les trois amies. La douche tant espérée attendra !

Et un faux-commissaire qui sue sang et eau

L’homme qui se présente comme le commissaire Poussini d’Interpol est un homme corpulent, qui transpire abondamment. Le déodorant, connaît pas ! L’anti-transpirant, connaît pas ! Le col de sa chemise, ses aisselles sont marqués de « traces sombres » de transpiration. Ce commissaire tombe brutalement sur le dos de nos 3 touristes, leur indiquant qu’un vol de microfilm a été effectué et que celui-ci est vraisemblablement dans leurs bagages. Attention à ce commissaire louche qui, en réalité, n’appartient pas à la police mais, est, en revanche, à la tête d’une organisation de malfaiteurs.

Un épilogue qui passe par la case studio de télévision

Fin de l’aventure... Comme on s’en doute Cécile retrouve la trace du précieux microfilm portant toutes les indications pour la mise au point d’une « pile photo-solaire » « révolutionnaire ». Un petit passage dans un studio de la R.A.I. ; une séance maquillage entre des mains expertes et l’histoire s’achève avec une fin de séjour à Firenze, « piano, pianissimo ». Au programme, flâneries et glaces à l’italienne.

Cécile et la panthère noire, en bref

Dans ce roman d’espionnage, il y a des méchants qui ont l’air méchant et des gentils vraiment gentils (un super portier, un fameux cordonnier, une femme de chambre perspicace). Le microfilm se cache, bien sûr, dans la panthère noire de Cécile... Une enquête rondement menée, au cours de laquelle Cécile découvre les joies du maquillage et le bonheur de voyager avec une équipe soudée.

Bibliographie

1 Bayard G., Cécile et la panthère, Bibliothèque verte, Hachette jeunesse, 1992, 190 pages

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